Recherche par date
avril 2024
D L M M J V S
 123456
78910111213
14151617181920
21222324252627
282930  
Archives

Dieu dit : « Que la lumière soit » et la lumière fut.
Dieu vit que la lumière était bonne, et Dieu sépara la lumière et les ténèbres.
Dieu appela la lumière « jour » et les ténèbres « nuit ».
Il y eut un soir et il y eut un matin (Gn 1, 3-5).

« Que la lumière soit ! » Oui, mais quelle lumière ? Dans l’univers visible, le phénomène de la lumière est nécessairement l’effet incandescent d’une combustion quelconque, que ce soit l’hydrogène du soleil ou le gaz des tubes fluorescents. Or, à l’origine, il n’existait encore aucun corps qui aurait pu produire un rayonnement lumineux. Comment la lumière a-t-elle pu jaillir avant qu’existe une source lumineuse ? Ne serait-il pas étrange que la première chose survenant dans la création soit une lumière sans support matériel et provenant de nulle part ?

S’agirait-il plutôt d’une lumière céleste, une lumière spirituelle ? Par exemple, une manifestation de la lumière divine ? Saint Jean ne dit-il pas que Dieu est lumière ? « Le Verbe était la lumière véritable » (Jn 1, 9).

La lumière de Dieu est éternelle. En Lui, tout est lumière. L’être humain qui se tient dans cette lumière est immergé comme le plongeur dans l’océan. Il est entouré de toutes parts par une splendeur qui ne défaille pas ! Cette lumière est incréée. Elle n’appartient pas à la terre. Elle « luit dans les ténèbres et les ténèbres de l’ont pas saisie » (Jn 1, 5). Elle ne produit pas d’ombre. Elle demeure pour toujours et partout au maximum de son intensité.

Ce qui n’est pas le cas pour la lumière créée. Elle se dégrade comme tout ce qui est terrestre. Son intensité dépend de la distance qui sépare l’objet éclairé de la source lumineuse. Ce qu’elle éclaire d’un côté produit une ombre de l’autre.

C’est donc bien de cette lumière-là dont il s’agit lorsque Dieu déclare : « Que la lumière soit ! ». Car le scribe ajoute, conséquemment à sa création, que « Dieu sépara la lumière et les ténèbres ».

Dieu n’a pas créé les « ténèbres ». Il n’a créé que la lumière et il « vit que la lumière était bonne ». Cette création toutefois a été l’occasion pour le néant de se manifester comme absence de ce qui est créé. Dieu n’a créé que du positif. Le négatif est survenu de lui-même comme un repliement vers le “vague-et-vide” antérieur à la création.

Lumière – ténèbres. Ce sont là des extrêmes, des irréductibles. Dieu n’a pas voulu une création en proie à la violence des combats à finir. Et c’est pourquoi il adoucit la virulence des absolus en appelant « la lumière “ jour” et les ténèbres“ nuit” » de telle manière qu’une alternance s’établisse et que le calme d’une trêve – une certaine paix qui ne fait toutefois pas l’économie des inévitables combats – s’étende sur les possibles.

« Il y eut un soir et il y eut un matin. » Dieu n’a pas eu non plus à créer le soir et le matin car ces phases spatiotemporelles découlent de la création de la lumière. En se propageant, la lumière physique ouvre l’espace et inaugure le temps. La lumière a besoin toujours plus d’espace pour se manifester jusqu’à l’épuisement de son énergie. Et pour parvenir au bout de sa course à l’assaut du néant, la lumière prend tout le temps que sa vitesse de 299 792 458 mètre par seconde autorise. En créant par sa Parole la lumière physique qu’il a déclarée bonne, Dieu a voulu aussi implicitement l’espace et le temps qu’elle conditionne.

Que dit l’astrophysique ?
Un constat qui nous introduit sur un autre terrain de recherche que celui de la Bible. Les sciences ont toutes les compétences requises pour décrypter ce qui relève de l’espace et du temps. Et elles affirment que tout a commencé, il y a 13,77 milliards d’années. Précisément !

History_of_the_Universe_fr.svg

Au temps zéro, expliquent les astrophysiciens, l’univers était concentré en un point d’une densité inconcevable et d’une chaleur extrême. Lors d’un événement inexpliqué – et sans doute inexplicable – qu’ils appellent dérisoirement le “big bang”, cet infime point s’est dilaté à une vitesse extrême, supérieure à celle de la lumière. La dilatation – qui s’est effectuée en myriades de milliardième de seconde (10-32s) – a été d’une ampleur proportionnellement plus grande que l’expansion de l’espace qui a suivi par la suite jusqu’à nos jours.

Durant cette “ère inflationnaire”, l’univers ne contenait pas encore de matière. Le plasma énergétique qui le constituait générait pourtant une panoplie de particules élémentaires. Pendant que se préparait ainsi la formation de la matière, l’univers était opaque. Il n’émettait pas de lumière parce que les photons (les particules de la lumière) aussitôt émis étaient absorbés par la soupe plasmique. Mais lorsque la température est tombée à 3000 degrés en conséquence de la redistribution de l’extrême chaleur initiale dans un espace en continuelle expansion, les électrons ont été réunis aux protons pour former les premiers atomes de matière, ce qui a eu pour effet de libérer les photons de leur prison plasmique.

Subitement, dans un brutal instant, l’univers est devenu transparent et visible. L’immense éclat de lumière qui s’en est suivi est encore détectable de nos jours par les radiotélescopes de pointe. Les scientifiques en parlent comme d’un “rayonnement fossile” ou “fond cosmique de micro-ondes” (en anglais Cosmic Microwave Background Radiation – CMBR) que certains esprits tout autant poétiques que scientifiques ont décrit comme «le pâle écho de la formation des mondes» ou «le cri de la naissance de l’univers».

Cette prodigieuse libération de lumière est présente partout actuellement sous la forme d’une micro-onde dont la température voisine le froid absolu, quelle que soit la direction du cosmos vers laquelle les instruments sont pointés. Si bien qu’en illustrant graphiquement les infimes variations de fréquences captées dans toutes les directions, le satellite Planck a pu produire une spectaculaire carte de l’univers dans sa prime jeunesse, qui fait voir l’instant précis où il est devenu visible, 380 000 années après le temps zéro (voir l’illustration ci-dessous).

Retour sur la Bible
En gardant bien présent à l’esprit ce sommaire survol scientifique, revenons au passage biblique : « Il y eut un soir et il y eut un matin ». Je me suis longuement interrogé à propos de cette phrase qui revient comme un leitmotiv en conclusion de chaque « jour » de la création. Ma question était : pourquoi le « soir » d’abord, puis le « matin » ? Entre les deux, c’est la nuit, n’est-ce pas ? Le premier jour ne devrait-il pas à l’inverse commencer le matin – particulièrement parce que c’est de la lumière dont il s’agit – et se terminer le soir ? À première vue, l’écrivain sacré aurait-il été responsable de ce qui semble une incohérence ? À moins que l’Esprit ait révélé un aspect mystérieux, une structure invisible des réalités créées ? Et bien, le même Esprit qui a inspiré l’auteur peut encore souffler au lecteur réceptif la réponse à ce questionnement !

Traditionnellement, nous interprétons la création comme un événement qui s’est produit au passé. Nous amalgamons le concept de création à celui du commencement de l’univers. En conséquence, nous croyons que l’Acte créateur a été donné et achevé au tout début du temps et de l’espace. Cette présomption ferait comparer l’univers à une machine que Dieu aurait initialisée et qui roule depuis sur ses propres forces. Au risque de caricaturer, on attribue ainsi au Créateur le crédit d’avoir donné à l’origine l’indispensable pichenette, l’élan qui a lancé l’univers sur un parcours qu’il poursuit depuis par lui-même.

L’interprétation approfondie du récit de la création réclame une sérieuse prise de distance par rapport à ces préjugés culturels et un rafraîchissement de notions théologiques fondamentales. Car la révélation témoigne que Dieu est unique, qu’il est parfait et éternel. Or, un Dieu unique, parfait et éternel crée à partir de son éternité par un Acte unique et parfait. Car si l’agir créateur avait besoin d’être continué, complété ou corrigé par un deuxième ou plusieurs autres actes, il manifesterait une imperfection incompatible avec la Substance divine.

Il s’ensuit que Dieu ne crée pas par une succession d’actes dans l’espace et le temps. L’unique Acte créateur transcende l’espace et le temps. Il englobe la totalité de l’Histoire universelle, incluant ce qui n’est pas encore parvenu à l’existence à l’heure actuelle et n’existera que dans le futur. De notre plateforme d’observation spatiotemporelle, il s’étale du commencement jusqu’à la fin conclusive des temps.

Or, lorsque nous sondons le cosmos avec nos instruments scientifiques, nous observons le passé de l’univers visible. Plus nous avançons dans notre quête de connaissances objectives, plus nous plongeons vers l’origine. Et tant que nous demeurons orientés dans cette direction, nous ne pouvons pas apercevoir l’Objet à venir vers lequel tend l’incomparable déploiement cosmique que nous avons sous les yeux.

Mais s’il y a un commencement, il y a aussi une conclusion. Car la cohérence universelle que nous observons au passé se poursuit aujourd’hui et demain dans une direction qui détermine sa raison d’être. Pour saisir cette mouvance, toutefois, il faut vivre une volte-face de la conscience et convertir notre regard de manière à transiter de la matérialité extérieure à la spiritualité intérieure, du visible à l’invisible, de la science à la religion. C’est à la faveur d’une telle prise de conscience que nous pouvons identifier l’“Objet” divin vers lequel tend l’univers au travers de notre humanité.

Il ne convient donc plus de croire que Dieu s’est borné à créer dans le lointain passé, au temps zéro de l’univers. Car c’est maintenant que l’Agir créateur est en Acte. Et cet Agir est orienté de manière à faire advenir le projet parfaitement accompli de la Volonté créatrice. C’est pourquoi, force nous est de constater, de notre point de vue dans l’espace et le temps, que la création n’est pas encore achevée. Elle est sur la route d’un accomplissement, et cet achèvement doit éventuellement passer par le perfectionnement de notre humanité. Si donc nous constatons de l’imperfection dans notre humanité actuelle, c’est en raison du travail d’enfantement de la création qui ne révélera sa perfection qu’en la conclusion éblouissante de l’Histoire universelle.

La création n’a pas eu lieu au passé. Elle est actuelle ! Cette actualisation porte de merveilleuses et surprenantes conséquences sur lesquelles nous aurons l’occasion de revenir plus avant dans notre recherche. Pour l’heure, le concept d’actualisation de la création peut nous être de grande utilité pour comprendre que si le “soir” précède le “jour” dans le récit biblique, c’est qu’en s’étalant dans l’espace et le temps, les réalités créées ont toutes besoins d’être préparées par une “nuit”. La création n’est pas instantanée. Elle prend du temps et de l’espace pour se faire. Il faut que les réalités créées soient mûries par un invisible travail de gestation pour apparaître au grand jour. C’est une incontournable condition de toutes les réalités créées de découler d’une longue et profonde préparation pour advenir. Et dans le cas de la lumière, il a fallu qu’elle survienne à la suite de la maturation de la matière dans l’invisibilité de la “nuit” de l’univers pour éclater visiblement le “matin” de l’an 380 000.

Rendons grâce au Créateur pour la lumière qu’il a établie comme fondement de l’univers visible ! Remercions-le aussi pour les sciences qui en donnent une connaissance approfondie et décodent l’admirable complexité de sa genèse !

Le chanoine catholique belge, Msgr Georges Lemaître (1894-1966) a été le premier astrophysicien à développer la théorie de « l’atome primitif », qui est à la base de la théorie du “big bang”. Il a prédit l’existence du rayonnement diffus du cosmos et l’a décrit poétiquement comme « le pâle reflet de la formation des mondes ». En 1948, le physicien suisse George Gamow démontrait à son tour, par des calculs mathématiques, l’existence théorique de ce rayonnement. Ce n’est qu’en 1964 que deux ingénieurs, Arno Penzias et Robert Wilson, “entendent” accidentellement le rayonnement fossile lors de la mise au point d’un puissant radiotélescope de Bell Telephone. L’image de ce rayonnement était ensuite cartographiée par les satellite WMAP (2003) et Planck (2015) où les grumeaux de différentes couleurs représentent de futures galaxies dans un état embryonnaire. Les premières étoiles apparaîtront 200 millions d’années plus tard.

Le chanoine catholique belge, Msgr Georges Lemaître (1894-1966) a été le premier astrophysicien à développer la théorie de «l’atome primitif», à la base du concept du “big bang”. Il a prédit l’existence du rayonnement diffus du cosmos et l’a décrit poétiquement comme « le pâle reflet de la formation des mondes ». En 1948, le physicien suisse George Gamow démontrait à son tour, par des calculs mathématiques, l’existence théorique de ce rayonnement. Ce n’est qu’en 1964 que deux ingénieurs, Arno Penzias et Robert Wilson, “entendent” accidentellement le rayonnement fossile lors de la mise au point d’un puissant radiotélescope de Bell Telephone. L’image de ce rayonnement était ensuite cartographiée par les satellite WMAP (2003) et Planck (2015) où les grumeaux de différentes couleurs représentent de futures galaxies. Les premières étoiles apparaîtront 200 millions d’années plus tard.

Cliquer sur le lien pour accéder à l’article suivant: Les jours de la création.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *