par Oliver Maksan, adaptation Robert Lalonde

Après des agressions perpétrées lors de funérailles chrétiennes dans la cathédrale Saint-Marc au Caire, des représentants de l’Église catholique en Égypte portent de graves accusations contre les autorités égyptiennes.

Les funérailles de 4 coptes orthodoxes tués lors des affrontements entre chrétiens et islamistes le 6 avril 2013 (photo AED/ACN).

Dans une interview accordée à l’œuvre internationale de bienfaisance catholique Aide à l’Église en Détresse (AED), le Père Rafik Greiche, responsable des médias de la Conférence épiscopale catholique égyptienne, a déclaré : « Lorsque de graves affrontements interconfessionnels ont éclaté le 6 avril à Khusus pendant lesquels quatre chrétiens ont trouvé la mort, des fondamentalistes islamistes ont menacé d’attaquer l’église de Khusus si des funérailles leur étaient célébrées. Ces cérémonies ont donc été transférées dans la cathédrale du Caire. En principe, la police aurait dû être prévenue. Pourquoi la police n’a-t-elle alors pas été en faction devant la cathédrale ? Elle n’est arrivée que deux heures plus tard, mais pour alors protéger les agresseurs. »

 De plus, le 7 avril, le siège du patriarche copte orthodoxe a été le théâtre d’exactions contre des chrétiens coptes qui avaient participé à Khusus, près du Caire, à l’enterrement de leurs coreligionnaires, tués la veille. Des inconnus avaient attaqués le cortège funèbre à coups de pierres et de cocktails Molotov, faisant deux morts et plus de 90 blessés.

Dans un entretien avec l’AED, l’évêque copte catholique d’Assiout, Mgr Kyrillos William Samaan, a condamné les agressions : « Personne n’aurait jamais pu imaginer que quelqu’un puisse attaquer un symbole aussi important pour tous les Égyptiens que celui de la cathédrale Saint-Marc au Caire. C’est choquant. Toutefois, nous ne connaissons pas le véritable objectif de ces agressions. »

Un rapprochement observé

Quelques heures après les attaques, le président égyptien Mohamed Morsi, membre des Frères musulmans, a exprimé, dans un entretien téléphonique, sa solidarité avec le patriarche copte orthodoxe, Sa Sainteté Tawadros II. À ce sujet, le Père Greiche pose la question suivante : « Qu’a donc fait le président pour protéger les chrétiens ? ». Selon lui, la solidarité et la sympathie des musulmans modérés sont encourageants : « Tous nos amis musulmans nous disent qu’ils ont honte de ces événements. Je me suis rendu dernièrement à l’université Al-Azhar, la principale institution sunnite. Des cheiks, avec lesquels nous sommes en contact, nous ont affirmé que ces agressions n’étaient pas compatibles avec l’islam. » Le Père Greiche poursuit : « Nous sommes en contact permanent avec les Églises protestante et orthodoxe. Nous trouvons beaucoup de points communs. C’est une véritable bénédiction. »

Selon les dires du Père Greiche, le rapprochement pouvant être observé entre les Églises copte orthodoxe et copte catholique depuis l’élection de Sa Sainteté Tawadros II, au début novembre 2012, comme nouveau patriarche copte orthodoxe serait éloquent : « L’ambiance entre coptes catholiques et orthodoxes a totalement changé. Tawadros est très ouvert d’esprit. Il a notamment participé à l’intronisation de Sa Béatitude Ibrahim Isaak Sidrak, le nouveau patriarche copte catholique. C’est du jamais-vu. Mais surtout, le Pape copte veut rendre visite au Pape romain. Quelque chose a vraiment changé à ce niveau. »