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Petit à petit, le concept d’éco-justice prend pied dans la métropole de Lagos, au Nigeria. L’histoire de Njideka Onwunyi montre qu’une jeune femme peut à elle seule mobiliser une quantité de citoyens.

Njideka Onwunyi à la formation des Jeunes pour l’éco-justice à Durban (Afrique du Sud). © WCC/LWF/Wolfgang Noack

Quand Njideka Onwunyi parle des conséquences des inondations dans la ville de Lagos, les autres jeunes opinent du chef, conscients de la problématique. Ils ne connaissent tous que trop bien les réalités du cycle: les inondations qui surviennent régulièrement entraînent une contamination de l’eau, qui à son tour provoque des pénuries chroniques et extrêmes d’eau potable dans les quartiers les plus pauvres de Lagos.En fait, c’est l’ensemble du Nigeria qui a connu des inondations extrêmes ces dernières années, un phénomène que la plupart des experts attribue aux changements climatiques.

Njideka Onwunyi a décidé de commencer par sa propre ville. Tout d’abord, elle a incité les jeunes autour d’elle à parler de l’éco-justice. Ensuite, elle les a motivés à améliorer l’eau et l’assainissement, petit à petit, de manière que cette initiative devienne une force positive croissante dans la ville.

Après avoir participé en 2011 au programme des Jeunes pour l’éco-justice, organisé conjointement par le Conseil œcuménique des Églises et la Fédération luthérienne mondiale, la jeune femme était déterminée à ramener sa passion pour la Terre chez elle.

Le Nigeria, où vivent 120 millions de personnes, est confronté à des enjeux écologiques majeurs liés à la déforestation, l’urbanisation et la pollution. Le pays abrite aussi la plus grande zone humide et le troisième plus grand bassin hydrographique d’Afrique.

Njideka Onwunyi a fondé une organisation dénommée les Jeunes pour l’éco-justice Nigeria et elle a mis au point un programme d’éducation et de sensibilisation à l’éco-justice en trois temps.

Premièrement, elle a organisé un atelier de deux jours pour 30 jeunes fidèles des églises catholiques Notre-Dame-de-Fatima et Saint-Augustin, ainsi que de l’église anglicane Saint-Bartholomée. L’atelier a été présenté dans le cadre d’une «Semaine des jeunes» organisée sur le thème suivant: «S’épanouir pour sauver la Terre. Prends position!»

Outre les intervenants issus de la communauté religieuse figuraient aussi des représentants du service en charge de la gestion des déchets à l’État de Lagos, ainsi que de l’autorité de planification urbaine et régionale.

Dans un deuxième temps, Njideka Onwunyi a réalisé 30 exemplaires d’une brochure de huit pages intitulée «L’éco-justice – Notre rôle en tant que jeunes chrétiens dans la préservation de l’environnement». Cette publication présente des études de cas portant sur l’éco-justice au Nigeria, ainsi que des références théologiques.

La majeure partie du public de Njideka Onwunyi commençait tout juste à comprendre le concept d’éco-justice. C’est pourquoi elle a choisi d’axer son programme sur des cas concrets visibles à Lagos pour démontrer que l’éco-justice peut s’appliquer à la vie quotidienne au Nigeria.

«Je me suis concentrée essentiellement sur le climat et la justice de l’eau en me fondant sur mes connaissances et mon expérience de travail, puis j’ai poursuivi par des études de cas relatives aux changements climatiques, car ceux-ci nous affectent ici-même à Lagos par les inondations et les canicules», a-t-elle expliqué.

La jeune militante s’est félicitée de voir l’interaction que suscitent ses ateliers, notamment à travers les questions posées par les jeunes pour mieux comprendre le mouvement pour l’éco-justice. Ces jeunes étaient plus que disposés à parler des répercussions qu’ont les changements climatiques sur leur propre vie.

Les efforts de Njideka Onwunyi commencent seulement à porter leurs fruits. Plusieurs jeunes de Lagos se sont lancés dans des projets liés à l’eau et à l’assainissement qui permettront progressivement de réduire les causes fondamentales des pénuries d’eau dans les quartiers urbains.

Njideka Onwunyi continue de planifier des ateliers et de communiquer activement avec d’autres jeunes et elle considère encore aujourd’hui que sa formation dans le cadre du programme des Jeunes pour l’éco-justice fut pour elle une expérience capitale, source à la fois de compétences et d’inspiration. «Cette formation m’a permis d’appréhender plus globalement le concept de l’éco-justice, et ce qui m’a le plus plu, cela a été de voir que la communauté religieuse défend activement la cause de la justice», a-t-elle dit. «Cette expérience m’a motivée à poursuivre les efforts de retour chez moi.»

Dans la mise en œuvre de son projet, Njideka Onwunyi s’est heurtée de plein fouet à de sérieuses difficultés. «Certains jeunes étaient peu enthousiastes à l’idée de participer à la défense de l’éco-justice, invoquant l’absence d’avantages matériels», a raconté la jeune femme. «Les principales raisons en sont le fort taux de chômage (70%) parmi les jeunes et l’importante pauvreté qui règne dans le pays.»

Néanmoins, Njideka Onwunyi aide progressivement les autres jeunes à comprendre en quoi l’éco-justice s’applique à leur vie quotidienne. «Au final, les participantes et participants avaient très envie d’apprendre.»

Par Susan Kim,  journaliste indépendante basée à Laurel, dans le Maryland (États-Unis).

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