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De mauvaises pratiques gouvernementales et la terrible misère au Zimbabwe poussent beaucoup de gens à s’exiler à l’étranger, tandis que les dirigeants politiques tentent de les persuader de rentrer au pays pour participer aux élections, nous apprend un rapport que de l’aide à l’Église en Détresse (AED).

Pénurie de personnel qualifié

Selon les informations dont dispose l’AED, la politique répressive aurait engendré une émigration continue hors du Zimbabwe dont il résulte une forte pénurie de personnel qualifié, surtout des médecins et des infirmières. Le rapport de l’organisation ecclésiastique, dont les auteurs doivent rester anonymes pour des raisons de sécurité, décrit que « beaucoup de gens ne parviennent à survivre » que parce que leurs proches, vivant à l’étranger, leur envoient de l’argent.

Selon des estimations, la diaspora zimbabwéenne compterait jusqu’à 4 millions de personnes, poursuit ce rapport : «  C’est une injustice. C’est le résultat d’une mauvaise politique ne respectant pas l’intérêt général ; c’est le résultat de l’égoïsme, de la cupidité et de la soif d’hégémonie du parti au pouvoir et de l’élite des dirigeants, dont l’intolérance interdit aux gens de mettre leurs talents à profit et de faire évoluer le pays de la manière qu’ils considèrent comme étant bonne. »

« Voilà pourquoi, dans leur désespoir, ils s’en vont. Car même des gens qualifiés ne trouvent pas de travail, ou alors le travail qu’ils peuvent faire est très mal payé. Alors, ils s’en vont pour l’Australie, l’Angleterre, les États-Unis, le Canada, les pays anglophones du monde entier. »

Le rapport paraît à une période où Morgan Tsvangirai, Premier Ministre du Zimbabwe, veut organiser des rencontres politiques internationales pour encourager les membres de la diaspora à rentrer au pays et à participer l’année prochaine aux élections présidentielles. En mettant l’accent sur les conséquences de l’émigration et sur les prestations sociales, le rapport poursuit : « Nous souffrons d’une forte perte de personnel qualifié, surtout dans le domaine médical. »

Hostilité et vengeance

Le rapport souligne par ailleurs la contradiction entre les efforts entrepris pour encourager les Zimbabwéens exilés à rentrer au pays et l’attitude des personnalités politiques à l’égard de cette diaspora. « Certaines politiques affichent une attitude assez hostile à l’encontre des Zimbabwéens qui ont quitté leur pays, même si, indirectement, tout le pays profite de ces émigrations. Ils affichent envers eux une attitude assez hostile parce que nombre des exilés ont tendance à critiquer le gouvernement. Bien entendu, c’est pour cette raison qu’ils ont quitté le pays et ne veulent plus supporter d’être opprimés. »

Ce rapport a aussi pointé l’intolérance du gouvernement vis-à vis de la critique, même si, officiellement, le régime nie entreprendre des représailles violentes : « Toute tentative de critique du parti au pouvoir ou de ceux qui sont responsables de la misère économique de la population peut engendrer de graves représailles ou des actes de vengeance de la part du parti. Si vous lisez par exemple à haute voix une lettre pastorale à l’église, il se peut que le parti se venge et que des agressions brutales soient commises contre les prêtres ou contre des laïcs dans les régions rurales. Très souvent, le prêtre est absent et, les dimanches où aucune messe n’est lue, les gens célèbrent la Parole de Dieu selon leurs propres liturgies. Ainsi, des leaders laïcs peuvent aussi se retrouver dans la ligne de mire. »

Le rapport continue : « Au Zimbabwe même, les gens continuent de vivre dans la crainte et cela se ressent aussi dans l’Église. » Le rapport dépeint la réaction négative du gouvernement à la suite de la diffusion, en juin 2012, de la lettre pastorale des évêques catholiques du Zimbabwe, dans laquelle ceux-ci exprimaient leur espoir de voir les Zimbabwéens revenir d’exil, mais dans laquelle ils reconnaissaient aussi les nombreux problèmes qui les en dissuaderaient : « Le gouvernement n’a pas vraiment apprécié cette lettre, mais celle-ci n’a pas entraîné de mesures répressives. »

Par  John Pontifex, AED Royaume-Uni – Adaptation Robert Lalonde, AED Canada

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