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Sa vie, a déclaré Jean-Paul II, «inspire la détermination ferme de travailler de manière efficace pour libérer les personnes de l’oppression et de la violence». Sainte Joséphine Bakhita, a poursuivi le pape, «a fait l’expérience de la cruauté et de la brutalité avec lesquelles l’homme peut traiter ses semblables… Elle a connu beaucoup trop la souffrance et ce que c’est que d’être réduit à l’état de victime, des maux qui affligent toujours d’innombrables hommes et femmes dans sa patrie, dans toute l’Afrique et dans le monde».

Sainte Joséphine Bakhita.

Mais qui est cette personne extraordinaire dont le périple porte un message aussi crucial pour le monde d’aujourd’hui, particulièrement dans le contexte du trafic humain?

Elle est née en 1869 dans une famille de sept enfants d’un village soudanais du Darfour. En 1874, sa sœur aînée est enlevée sous ses yeux par des trafiquants d’esclaves. La famille ne la reverra jamais. Alors qu’elle avait à peine neuf ans, elle est victime à son tour de négriers qui lui infligent de mauvais traitements, la vendent et la revendent sur les marchés d’esclaves d’El Obeid et de Khartoum. Elle est tellement traumatisée qu’elle oublie sa langue, son village, et même son nom. Ses ravisseurs la surnomme alors Bakhita, ce qui veut dire «Fortunée».

Un jour, après une altercation avec sa femme, son maître, un commerçant turc, pour se défouler de sa frustration, la fait fouetter, ainsi qu’une autre esclave, par des soldats. Le fouet lui arrache un muscle et lui laisse une profonde plaie en plus de multiples lacérations.

La fille du patron, n’étant pas moins cruelle que son père, lui fait subir un rite barbare de scarification qui consiste à taillader quelque 144 si­gnes sur le corps et à y jeter du sel pour grossir les cicatrices. «Je crois que je ne suis pas morte par un miracle du Seigneur, qui me destinait à des choses meilleures», raconte-t-elle dans sa brève biographie rédigée à la demande de la Supérieure du couvent où elle entrera plus tard.

Avant de quitter la capitale soudanaise pour retourner en Turquie, son patron la vend au marché des esclaves. C’est la cinquième fois qu’elle est mise aux enchères. «Cette fois-ci j’ai eu de la chance parce que le nouveau patron était très bon et a commencé à m’apprécier: pas d’insultes, ni de punitions, ni fouet», raconte-elle. Son nouveau maître est membre du personnel du consulat italien. Et lorsqu’il est contraint de retourner dans son pays, Bakhita le supplie de l’amener avec sa famille.

À Venise, elle entre en contact avec les Filles de la Charité qui l’instruisent. «Les Sœurs firent mon instruction avec beaucoup de patience et me firent connaître ce Dieu que tout enfant je sentais dans mon cœur sans savoir qui Il était. Voyant le soleil, la lune et les étoiles, je me disais en moi-même: qui donc est le maître de ces belles choses? Et j’éprouvais une grande envie de Le voir, de Le connaître et de Lui rendre mes hommages».

Baptisée en 1890, elle se sent attirée par la vie religieuse et l’idéal de perfection chrétienne. En 1896, elle fait sa première profession religieuse. En 1902, elle est envoyée au couvent de Schio dans la province de Venise où pendant plus de 50 ans, elle s’occupe de la cuisine, de la lingerie et de la conciergerie. On l’appelle affectueusement “Petite Mère Noire” («Madre Moretta»). Elle est aimée de tous.

Après une longue et douloureuse maladie, et une pénible agonie hantée par ses souffrances d’esclave, elle s’éteint le 8 février 1947, en invoquant Notre Dame. Les gens accourent spontanément sur sa tombe, et de nombreuses grâces sont obtenues par son intercession.

Le 17 mai 1992, Joséphine Bakhita est proclamée bienheureuse, et le premier dimanche d’octobre 2000, Jean Paul II la canonise. Elle est la première sainte soudanaise.

Dans sa deuxième encyclique «Spe Salvi», Benoît XVI la cite en exemple: «Pour nous qui vivons depuis toujours avec le concept chrétien de Dieu et qui nous y sommes habitués, la possession de l’espérance, qui provient de la rencontre réelle avec ce Dieu, n’est presque plus perceptible. L‘exemple d’une sainte de notre temps peut en quelque manière nous aider à comprendre ce que signifie rencontrer ce Dieu, pour la première fois et réellement. Je pense à l’Africaine Joséphine Bakhita».

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