Comme on a pu le constater dans l’article précédent, l’interprétation littérale du deuxième récit de la création de la Genèse fait problème en regard des connaissances acquises par l’humanité dans les derniers siècles. Face aux données de la paléontologie, l’historicité[1] de la “chute” d’un premier couple humain devrait à tout le moins être mise entre parenthèses, fut-ce provisoirement.
Mais que l’on comprenne bien ! Il ne s’agit pas ici de remettre en cause le dogme du péché originel. Plutôt, la représentation, dans l’imaginaire du peuple de Dieu, de la mise en scène biblique sur laquelle cette doctrine est fondée.
Complémentarité religieuse et scientifique
Nous n’avons rien à craindre de la confrontation entre les énoncés de la foi et les connaissances scientifiques. Effectuée dans le bon esprit, cette vérification ne peut que générer des fruits positifs, tant pour la vie spirituelle que pour les avancés de la connaissance rationnelle.
D’une part, l’élimination des conflits apparents prédispose, par la négative, à l’accueil du véritable message que l’Esprit Saint a inspiré au scribe pour l’humanité de tous les temps. La Bible vise la croissance spirituelle des humains et non à expliquer scientifiquement la création. D’autre part, le Créateur a confié à l’humanité la mission de découvrir et de harnacher les lois de la nature par les sciences positives lorsqu’il a ordonné : « Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre et soumettez-là » (Gn 1, 28).
Ce face à face de la foi et de la raison ramène l’une et l’autre à son niveau propre de légitimité et permet ainsi de discriminer entre vérité religieuse et vérité scientifique. Des domaines aux antipodes qui ne se recoupent pas tout en étant mutuellement porteurs de vérités.
Dans l’introduction à la présente démarche, j’ai fait état de la position de l’Église à ce propos. Le Magistère enseigne qu’il ne peut y avoir de conflits réels entre ces deux voies de recherche de la vérité[2], si chaque domaine s’en tient à sa compétence propre et respecte celle de l’autre.
Suivant leurs modalités propres, religion et science sont des éléments constitutifs de la culture… Loin de s’opposer, elles se distinguent dans une complémentarité qu’illustre la foi vécue de tant de scientifiques croyants. Les dernières décennies ont vu s’instaurer un nouveau dialogue entre les scientifiques et les religions. Ce dialogue a souvent permis de clarifier des positions mal comprises en raison de la confusion entre les méthodes et les champs de recherche spécifiques de la religion et de la science » (Jean-Paul II, discours aux participants du symposium de l’Académie pontificale des sciences et du Conseil pontifical pour la culture, 4 octobre 1991).
Des distinctions capitales
Quels sont donc ces « champs de recherche spécifiques de la religion et de la science » ?
La vérité religieuse concerne le volet subjectif du RÉEL, cette dimension vitale invisible – indétectable par les sciences – de l’intériorité humaine. Tandis que la vérité scientifique résulte de l’observation de la matière dont est constitué le monde visible et tangible. Appliqués à la structure humaine, ces postulats permettent de discerner que la religion est pour l’âme (intérieure) ce que la science est pour le corps (extérieur). Ou, pour le dire en images bibliques, « l’haleine de vie » est à la religion ce que « la glaise » est à la science.
Précisons ici que le corps et l’âme ne doivent pas être traités en bout de ligne comme des entités séparées mais comme des composantes complémentaires de l’unité de la personne. Nous retrouvons ici la dualité positive évoquée au début de notre relecture biblique. Cette complémentarité s’étend à toutes les sphères du RÉEL et devrait consciemment fonder l’approche cognitive de l’esprit humain, à défaut de quoi l’amalgame des antipodes risquera d’engendrer l’erreur et la confusion.
Le présent sujet mis en discussion autour du concept d’historicité n’échappe pas à cette dualité. L’aphorisme suivant peut en rendre compte : le COMMENCEMENT est à la science ce que l’ORIGINE est à la religion.
Le concept de l’Histoire – dans le sens large du terme – réfère au cheminement spatio-temporel de l’humanité sur la planète Terre. Un tel parcours a nécessairement eu une poussée initiale par laquelle notre espèce s’est démarquée des autres espèces du règne animal en adoptant les caractères exclusifs à l’humanité. Ce déploiement de l’humanité dans l’AXE HORIZONTAL d’adaptation au volet matériel de la réalité est objet d’enquête scientifique. En fouillant rétroactivement jusque dans les replis géologiques de la croute terrestre, le regard scientifique permet d’identifier les étapes de ce parcours à partir du commencement, fut-il évanescent.
Tandis que le concept d’origine fait écho au volet spirituel de l’humanité. L’origine ne coïncide pas avec le commencement mais évoque la provenance. Les humains à toutes les époques posent la question de l’origine. Ils veulent savoir d’où vient l’être qu’ils sont et, du même souffle, découvrir leur raison d’être. Il ne leur suffit pas de savoir que leur corps provient de leurs parents mais leur personne, leur conscience, leur existence, leur vie, leur âme, d’où vient-elle et où va-t-elle, demandent-ils ?
Chercher l’origine, c’est nécessairement emprunter l’AXE VERTICAL du dépassement et de la transcendance. Mené jusqu’au bout, le questionnement parvient au constat que l’on ne s’est pas donné à soi-même l’ÊTRE. On l’a reçu dans un corps mortel sans l’avoir décidé. L’être que JE SUIS est un don gratuit de Celui qui est Tout l’Être et a le pouvoir de le partager sans se réduire Lui-même à la finitude. Ainsi, le rapport entre l’être fini et l’Être infini, c’est l’affaire exclusive de la religion.
Une comparaison mythique
Dans le cas qui nous occupe, ces définitions permettent de comprendre, d’une part, que les sciences n’ont aucune compétence pour se prononcer sur l’existence ou non d’un “péché originel” au commencement de l’humanité, ou encore, de conclure à l’existence ou non d’un Créateur de l’univers. D’autre part, en recevant le récit biblique comme un fait divers de l’Histoire plutôt qu’en référence à l’origine, le croyant outrepasse le domaine propre de la religion et empiète sur la compétence spécifique de la recherche scientifique.
Ces prétentions font courir le risque de passer à côté de la réelle et profonde signification tant de l’Histoire que du mythe de la Genèse. De part et d’autre, on a mal compris ce qui en est véritablement en confondant commencement et origine.
Il semble assez douteux, d’ailleurs, que l’auteur du scénario biblique ait eu l’intention de rapporter l’événement journalistique du début de l’humanité par la création subite, directement par Dieu, d’un premier couple à l’âge adulte, nommé Adam et Ève. Car son récit ne donne pas de nom propre au couple. Il utilise les termes génériques d’homme et de femme. Le nom d’Adam apparaît pour la première fois en tant que géniteur au verset 25 du chapitre 4 et au premier verset du chapitre 5, alors que le corps du récit de la chute se déroule aux chapitres 2 et 3. Quant à sa “moitié”, ce n’est qu’après l’expulsion d’Éden que « l’homme appela sa femme Ève, parce qu’elle fut la mère de tous les vivants » (Gn 3, 20). On peut supposer que l’auteur a voulu indiquer, par cette précision en apparence anodine, le vrai début “historique” de l’humanité, reléguant ainsi la narration précédente à une origine intemporelle !
Ces détails, sans aucun doute délibérés, révèlent l’intention d’évoquer la création de l’humanité en général – l’humanité passée, présente et à venir – et non des personnages qui auraient vécu au commencement de la préhistoire. En ciselant son récit, tout indique que le scribe réagissait plutôt aux croyances de cultures environnantes pour en colmater les failles, corriger leurs erreurs et proclamer ainsi, sous une imagerie populaire, les grandes lignes d’une foi basée sur la révélation divine plutôt que sur des spéculations pilotées par l’imagination.
Nous avons déjà fait le rapprochement entre le scénario biblique et le mythe de l’Androgyne[3]. À l’Empyrée des dieux de la fable grecque, l’auteur substitue un seul Dieu, Créateur de l’univers visible et invisible. « Au temps où Yahvé Dieu fit la terre et le ciel », écrit-il en introduction de sa narration. De plus, il soutient que le Tout-puissant a voulu expressément une humanité sexuée, non pour punir la démesure de l’orgueil comme dans le mythe grec mais pour la complémentarité et l’égale dignité des sexes. Car, dit Dieu, « il n’est pas bon que l’homme soit seul. Il faut que je lui fasse une aide qui lui soit assortie ».
Dans le récit biblique, la “chirurgie” créant les sexes n’a pas été cruelle comme dans le mythe grec car Dieu a fait « tomber une torpeur sur l’homme qui s’endormit. Il prit une de ses côtes [ou mieux, un côté] et referma la chair à sa place ». La précaution de l’anesthésie révèle la bonté d’un Dieu qui ne veut pas faire souffrir sa créature. Contrairement à Jupiter, il ne veut pas l’affaiblir et la rendre vulnérable pour l’empêcher de rivaliser avec les dieux. Au contraire, il vise à lui assurer les conditions optimales pour qu’elle parvienne à son plein épanouissement en assumant sa mission terrestre.
Tandis que le dieu suprême de la fable grecque peut être tenu responsable de la souffrance humaine du fait de la cruelle division infligée à la créature originelle en représailles pour son acte d’orgueil, le scribe inspiré de la Genèse blanchit Dieu de toute réaction punitive. Après la faute du couple, le Créateur continue à démontrer de la bienveillance pour ses créatures, plus victimes que coupables, pourrait-on dire. « Yahvé Dieu fit à l’homme et à sa femme des tuniques de peau et les en vêtit » (Gn 3, 21). Le scribe soutient que Dieu a fabriqué les premières « tuniques » pour indiquer que le vêtement est attribué à la nature humaine par la sollicitude divine. Non pour réduire le désordre des convoitises sexuelles, ce qui était assuré par les pagnes (cf. Gn 3, 7), mais pour la protection du corps humain contre les adversités inhérentes à la matérialité de la nature terrestre.
Le grand coupable
Une humanité des deux sexes, donc, faite d’une même chair vivante, formée à partir des contingences matérielles pour le corps et du souffle divin pour l’âme. Il y a là une vérité profonde, une révélation qui présage du combat que la nature humaine devra livrer dans l’espace et le temps. Le combat entre la chair et l’esprit, entre la construction extérieure de l’habitat humain et la croissance intérieure de l’esprit. Un combat qu’elle ne parviendra pas toujours à emporter, fascinée qu’elle est par la beauté du monde[4] et finalement trompée par l’Adversaire de Dieu.
« Qu’as-tu fait là ? », demande Dieu à la femme, à la suite du mauvais aiguillage de la conscience. « C’est le serpent qui m’a séduite, et j’ai mangé », se repent-elle. En faisant miroiter un destin terrestre égal aux dieux, « le plus rusé des animaux des champs que Yahvé Dieu avait faits » est parvenu à initialiser en l’humanité une conscience coupable d’infatuation et d’autosuffisance.
Le Seigneur, pourtant, n’accable pas la femme qui s’est laissé séduire. Il se tourne plutôt vers le serpent pour le maudire à jamais. « Alors Yahvé Dieu dit au serpent : “Parce que tu as fait cela, maudit sois-tu entre tous les bestiaux et toutes les bêtes sauvages » (Gn 3, 14). L’animal mythique est ainsi désigné comme le grand coupable de la création entière. Dieu le rabaisse dans son orgueil luciférien en prophétisant qu’il sera éternellement vaincu par cette même féminité qu’il est parvenu à piéger. « Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ton lignage et le sien. Il t’écrasera la tête » (Gn 3, 15).
De plus, le Créateur impose une limite au pouvoir surérogatoire que son Ennemi s’est ainsi acquis sur le monde terrestre. Son influence sur le parcours évolutif de l’humanité ne pourra pas dépasser le troisième étage, soit le monde de la conscience réfléchie, de la Maison de la vie[5]. « Tu marcheras sur ton ventre et tu mangeras de la terre tous les jours de ta vie » (v. 14). Le Créateur interdit à son Ennemi de se dresser verticalement pour tenter d’envahir l’étage au-dessus, soit le « monde de la conscience unifiée », vers lequel il destine l’humanité. Lorsque l’humanité sera parvenue à cette étape du projet créateur, l’Adversaire de Dieu et du genre humain sera vaincu, comme le révèle le chapitre 20 de l’Apocalypse[6], le dernier livre de la Bible qui est une clef d’interprétation du premier.
Les conséquences
Quant au discours divin faisant suite au choix de l’extraversion de la conscience comme base du développement humain, il ne vise pas à infliger des punitions aux contrevenants. Il décrit plutôt les effets de la faute contre lesquels l’humanité devra lutter pour échapper à l’asservissement du MONDE humain spécifique, désormais contrôlé par le serpent comme un pantin par les ficelles des convoitises : l’exercice du pouvoir tyrannique, le cumul abusif de la richesse, les plaisirs désordonnés.
À la gent féminine, le Créateur prévient qu’elle subira un accroissement des douleurs de l’enfantement en conséquence de l’extraversion de la conscience. Il l’avertit encore que « ta convoitise te poussera vers ton mari et lui dominera sur toi » (Gn 3, 16). En d’autres mots, le rapport d’égalité et de complémentarité voulu par le Créateur a été compromis, de sorte que le sexe dit “faible” devra lutter contre la tendance de la gent masculine à exploiter, physiquement, socialement et moralement, la vulnérabilité féminine.
Pour le sexe dit “fort”, les effets de la faute sont décrits dans trois longs versets comparativement à l’unique verset pour la femme, ce qui pourrait indiquer une plus grande responsabilité dans la faute originelle. « Parce que tu as écouté la voix de ta femme… » Il est reproché à l’homme d’avoir écouté la voix de sa “moitié” – c’est-à-dire « l’os de mes os et la chair de ma chair », le côté extérieur de lui-même, – plutôt que la voix intérieure de Dieu. « …maudit soit le sol à cause de toi. » La matière (le « sol ») est maudite parce qu’elle ne peut pas produire d’elle-même le fruit de « l’arbre de vie » que l’humanité pouvait consommer à l’ORIGINE, c’est-à-dire dans l’intention divine. Ce fruit, c’est l’immortalité que seul un Dieu immortel peut donner[7]. Le sol est maudit parce que tout ce que tu y construiras pour ta survie corporelle est provisoire et ne pourra pas te donner l’épanouissement spirituel que réclame ta nature. En érigeant la Tour de Babel à l’extérieur de toi au détriment de ta croissance intérieure, tu t’égareras dans les dédales sans issus de la matière.
À force de peine tu en tireras subsistance tous les jours de ta vie. Il produira pour toi épines et chardon et tu mangeras l’herbe des champs. À la sueur de ton visage tu mangeras ton pain jusqu’à ce que tu retournes au sol puisque tu en fus tiré..
Paraphrasons dans l’Esprit-Saint : Ô humanité, le fardeau du labeur que j’accomplis pour que tu existes, toi que j’aime plus que Moi-même, ce fardeau que j’aurais voulu t’épargner, tu le porteras parce que tu as choisi de te construire un MOI extérieur alors que tu aurais pu t’appuyer sur Moi, ton Créateur, et faire confiance à la Source intérieure de ton existence pour fonder ta croissance et ton développement. Tu avais le choix entre les deux arbres de ton Éden. Tu aurais pu choisir « l’arbre de vie » qui procure l’immortalité. À la place, tu as opté pour « l’arbre de la connaissance » qui procure la conscience de ta vulnérabilité et de la mort qui en découle. Maintenant, tu le sais. « Tu es glaise et tu retourneras à la glaise » (Gn 3, 17-19).
Voilà comment les yeux de l’humanité se sont ouverts sur le côté physique et matériel de la structure temporelle de l’ÊTRE. Cette condition mortelle existait dans l’état d’innocence, mais l’humanité n’en était pas consciente. C’est la faute qui en a donné conscience : « Alors leurs yeux à tous deux s’ouvrirent et ils connurent qu’ils étaient nus » (Gn 3, 7) et démunis, pouvons-nous ajouter, pour affronter les adversités dues à la matérialité, en chute entropique vers les ténèbres glaciales du non-être.
À suivre: L’incarnation
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Notes
[1] Je rappelle que le concept de l’Histoire, appliqué aux premiers humains, est utilisé dans le sens très large de personnes ayant réellement vécu sur la Terre à une époque indéterminée de la préhistoire.
[2] « La vérité ne peut pas contredire la vérité ». (Léon XIII, Lettre encyclique Providentissimus Deus)… « Il ne peut y avoir de conflit fondamental entre la raison qui, en conformité avec sa propre nature qui vient de Dieu, est axée sur la vérité et est ordonnée à la connaissance de la vérité, et une foi, qui réfère à cette même source divine de toutes les vérités. La foi confirme en fait les droits spécifiques de la raison naturelle » (Jean-Paul II, discours du 5 novembre 1980).
[3] Rappelons que cette créature originelle avait quatre bras et quatre jambes et qu’elle était d’une agilité extraordinaire. Si bien qu’elle a prétendu s’élever jusqu’au ciel pour combattre les dieux. Toute l’Empirée s’en trouvait inquiétée. Pour réduire la menace sans devoir détruire complètement la créature par la foudre divine comme il avait fait pour les Titans, Jupiter la coupa en deux sur toute sa longueur. Puis, il mandata Apollon, le dieu de la beauté, pour qu’il recouse les chairs et retourne les têtes des deux moitiés afin que le visage soit du côté de la coupure en rappel de la punition divine. Les organes sexuels, à l’origine tournés vers l’extérieur, subirent une même volte-face de sorte qu’en s’unissant l’un à l’autre dans le sens de la coupure, les deux moitiés se fondent en un seul être, recomposant ainsi l’antique androgyne, pour guérir la nature humaine, blessée par la divinité en représailles contre l’ambition de rivaliser avec les dieux.
[4] « La femme vit que l’arbre était bon à manger et séduisant à voir et qu’il était, cet arbre, désirable pour acquérir le discernement » (Gn 3, 6).
[5] Voir la deuxième illustration graphique du 24e article à https://www.ac3m.org/?p=11248.
[6] « Puis je vis un Ange descendre du ciel, ayant en main la clef de l’Abîme, ainsi qu’une énorme chaîne. Il maîtrisa le Dragon, l’antique Serpent – c’est le Diable, Satan – et l’enchaîna pour mille années. Il le jeta dans l’Abîme, tira sur lui les verrous, apposa des scellés, afin qu’il cesse de fourvoyer les nations… (Ap 20, 1+).
[7] « Puis Yahvé Dieu dit : “Voilà que l’homme est devenu comme l’un de nous, pour connaître le bien et le mal ! Qu’il n’étende pas maintenant la main, ne cueille aussi l’arbre de vie, n’en mange et ne vive pour toujours” » (Gn 3, 22).