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Depuis quelques jours, l’emblème français des JMJ ne fait plus l’unanimité. Et pour cause : l’étiquette indique « made in Bangladesh ».

Arthur Herlin

Ce n’est plus un secret : aux prochaines Journées mondiales de la jeunesse, les Français se reconnaîtront à leurs rayures bleues et blanches. C’est en effet la marinière qui a été choisie pour représenter la France à Cracovie. L’association diocésaine bretonne Silo a été chargée par l’Église de Rennes de centraliser l’ensemble des commandes des diocèses de France… ce qui représente la bagatelle de 20 000 pièces ! Mais il y a quelques jours, un « détail » est venu gâcher l’opération :  les marinières ont toutes été fabriquées au Bangladesh, connu pour ses conditions de travail déplorables.

28 mai 2016 : Quatrième rencontre nationale de préparation des Journées Mondiales de la Jeunesse 2016, JMJ 2016, à la paroisse Saint Honoré d'Eylau. Messe célébrée pour les pèlerins et les volontaires. Paris (75), France.  ©Olivier DONNARS/CIRIC

28 mai 2016 : Quatrième rencontre nationale de préparation des Journées Mondiales de la Jeunesse 2016, JMJ 2016, à la paroisse Saint Honoré d’Eylau. Messe célébrée pour les pèlerins et les volontaires. Paris (75), France. ©Olivier DONNARS/CIRIC

Soucieuse de proposer un prix raisonnable aux jeunes pèlerins (9,90 euros l’unité), Silo s’est tournée vers la société Home Diffusion. Cette dernière a ensuite passé commande à un industriel du Bangladesh. « Et puis, trouvez-moi une entreprise française capable de fabriquer 20 000 marinières ! », a alors fait valoir Régis Guy, le directeur de l’association bretonne dans les colonnes du quotidien régional Le Télégramme, provoquant immédiatement la réaction du PDG d’Armor Lux, Jean-Guy Le Floch. Dans le même journal, celui-ci affirmait alors que ses usines étaient capables de produire « 2 000 à 3 000 marinières par jour ». Les 20 000 marinières ne représenteraient donc que « cinq à huit jours de travail », ajoutait-il.

« Nostra culpa ! »

Recontacté quelques jours plus tard par Aleteia, le patron de la firme bretonne n’en démord pas : « Je ne peux pas laisser dire qu’il ne reste plus d’usine en France, ça n’est pas possible pour moi ! ». Selon lui, l’association Silo « aurait dû faire un appel d’offres avec des contraintes d’éthique, de prix et de provenance ». « Quand je vois le drapeau bleu-blanc-rouge là-dessus et le nom de la Bretagne ça me révolte », s’exclame-t-il.

Pressé par le manque de temps, le directeur de Silo s’est en effet simplement rendu en magasin pour faire son choix : « Leurs marinières sont à 50 euros dans le commerce, se défend Régis Guy. Si nous avions su qu’ils pouvaient nous les faire à 8 euros pièce, nous aurions été preneurs, nostra culpa ! », précisant tout de même que « la majorité de leur production s’effectue au Magreb ».

« On a tous fait des erreurs ! »

« Évidemment, en magasin les prix sont plus chers, rétorque le PDG français. Il fallait nous contacter pour connaître les prix destinés aux grossistes, qui sont nettement inférieurs. Et les prix sont bien entendu dégressifs quand il s’agit d’une commande de 20 000 pièces ! »

Bienveillant, le patron ne souhaite pas alimenter la polémique : « Il n’y pas de souci, ce sont sûrement des jeunes de bonnes volonté dont l’unique but est de permettre à un maximum de jeunes de se rendre en Pologne ; mais c’est aussi mon rôle de leur expliquer la vie : il n’y a pas que le mondialisme absolu. Il reste des valeurs. Il reste des usines », fait-il remarquer avant de conclure : « On a tous fait des erreurs dans notre jeunesse ».

Le tableau n’est pas complètement noir pour autant. Thomas Rivière, directeur de Home Diffusion, se porte en effet garant des conditions de productions des marnières : « Notre partenaire sur place s’occupe de certifier que les produits respectent trois conditions :  aucun enfant n’a travaillé à leur confection, aucun produit toxique n’a été utilisé et une partie des bénéfices servira à financer des actions humanitaires dans la région ». On ne demande qu’à le croire…

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