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Ces paysans pauvres d’Italie du Nord, qui présentent de nombreux points commun avec Louis et Zélie Martin, sont eux aussi un modèle de sainteté familiale.
ÉLISABETH DE BAUDOÜIN

Domenica Bedonni (1889-1971) était vive, extravertie, active et courageuse, comme Zélie Guérin. Comme elle, elle entretint une abondante correspondance avec ses proches, qui révèle la profondeur de son âme. Comme Louis Martin, Sergio Bernardini (1882-1966) était réservé et fit preuve d’une foi et d’un courage héroïques dans les épreuves : veuvage, morts de ses enfants, maladie mentale en fin de vie, comme le père de sainte Thérèse. Tous deux ont également pensé à la vie religieuse et se sont finalement engagés dans la voie du mariage avec l’ardent désir de s’y sanctifier. Ce à quoi ils se sont employés durant 52 ans de vie commune, eux aussi à travers le travail, l’attention aux pauvres et aux malheureux et l’éducation de leurs dix enfants, dont huit se sont consacrés à Dieu dans la vie religieuse. C’est pourquoi ils pourraient bien monter un jour ensemble sur les autels, comme les presque saints Louis et Zélie Martin. 

D’humbles paysans d’Italie du Nord

Les époux Bernardini (photo DR).

Les époux Bernardini (photo DR).

Pour commencer, le pape François vient de donner son feu vert (le 5 mai 2015) à la Congrégation pour la cause des saints, pour que soit promulgué le décret reconnaissant la vénérabilité de ces humbles paysans de la région de Modène, en Italie du Nord. « Des géants de la sainteté vécue dans les peines et les joies de la vie conjugale et familiale », n’hésite pas à affirmer le père François-Marie Léthel, ocd, spécialiste de la théologie des saints, à la veille de la seconde assemblée du synode sur la famille.

Huit enfants sur dix consacrés à Dieu dans la vie religieuse

Côté joie, figurent les dix enfants du couple : Igina, Agata, Maria Amalia, Raffaella, Augusta, Maria, Paola, Teresa Maria, Sebastiano et Germano. Deux des huit filles se sont mariées et sont devenues tertiaires franciscaines, comme leurs parents. Les six autres sont entrées dans la vie religieuse missionnaire. Les deux fils (toujours en vie) ont été ordonnés prêtres, chez les capucins. Germano est devenu archevêque d’Izmir, en Turquie, en 1983. Pauvres mais d’une générosité sans limite, ils adopteront en outre un séminariste nigérian, Félix Job, dont ils paieront les études à Rome, et qui deviendra évêque dans son pays. C’est lui qui a consacré archevêque son frère adoptif Germano et il a été président de la Conférence épiscopale nigériane.

Seigneur, faites-nous saints !

« Dieu nous a beaucoup bénis et nous ne le remercierons jamais assez », avait coutume de dire Domenica. Dans l’une des 600 lettres envoyées à ses enfants dispersés dans le monde, elle écrivit à son fils Sebastiano, après son ordination : « Je suis la maman la plus heureuse du monde, parce que je suis sûre que tu te souviendras tous les jours de moi dans la Sainte Messe ». Tous les enfants du couple ont eu des vies exemplaires, conformément au désir des parents, dont cette courte prière jalonnait les journées : « Seigneur, faites-nous saints ! » (« Fateci santi »). L’une des filles, Sœur Agata, est comme eux en voie de béatification. Ensemble, ils montrent que la sainteté en famille est possible.

Seul au monde à 30 ans

Côté peine, Sergio, surtout, ne fut pas épargné : marié une première fois en 1907, il perdit, en l’espace de seulement quatre ans, ses parents, son frère, sa femme Emilia et leurs trois enfants (dont le premier, 16 jours après la naissance, et une petite Igina, restée seule avec lui après la mort de sa femme). À l’âge de 30 ans, le pauvre homme se retrouvait ainsi seul au monde, écrasé de dettes contractées pour soigner les siens et payer les funérailles. Il partit alors pour « l’Amérique », où il trouva un travail dans une mine. À la suite d’un accident du travail et parce que, confia-t-il, son nouveau milieu de vie mettait sa foi en péril, il décida de rentrer en Italie. À aucun moment, il ne cessa de croire, d’espérer et d’aimer. À son retour, il rencontra Domenica, de sept ans sa cadette, femme à la foi profonde. Ils se marièrent le 19 mai 1914. Un vrai mariage de foi et d’amour.

Un modèle de sainteté familiale

bernardini2Les époux Bernardini ont associé la dure vie de travail des paysans de l’époque à une vie religieuse intense, fondée sur l’amour de Jésus Eucharistie et une grande dévotion à l’Esprit Saint et à la Vierge Marie. Chez eux, la journée commençait par la messe et se terminait par la récitation du rosaire en famille. Ces deux tertiaires franciscains surent insuffler à leur foyer un climat de simplicité, d’amour et de joie, dont les enfants ont donné par la suite de multiples exemples. Sur le chemin synodal dans lequel toute l’Église est engagée, ils rappellent que la sainteté de la famille prend sa source dans celle du couple, uni par le sacrement du mariage.

 

 

 

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