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Réfugiée en août dernier à Erbil en même temps que des milliers de chrétiens chassés de leurs villages par les djihadistes, la religieuse s’est confiée sur la nuit de son arrivée à Erbil, le 5 août 2014.

Le voyage du cardinal Sandri en Irak, à la rencontre des chrétiens d’Orient dont la vie est menacée par les exactions des islamistes, a mis en lumière le sort de ces dizaines de milliers d’Irakiens chassés de leurs terres.

Photo: Via St-Thomas Chaldean Parish

Photo: Via St-Thomas Chaldean Parish

Parmi les témoins de ce drame, Sœur Marie-Agnès Karatay, jeune religieuse française d’une famille d’origine turque. Elle est entrée il y a cinq ans chez les religieuses chaldéennes de la congrégation des Filles du Sacré-Cœur de Jésus. Aujourd’hui à Erbil, dans le Kurdistan irakien, elle travaille avec les déplacés chrétiens dans un camp situé à côté de son couvent.

Elle est arrivée en août dernier à Erbil en même temps que des milliers de chrétiens chassés de leurs villages par l’organisation de l’État islamique. Elle raconte au micro d’Antoine-Marie Izoard, le directeur de l’agence I.Media, la nuit de son arrivée à Erbil, le 5 août 2014

« Je n’étais au courant de rien, se rappelle la religieuse. De retour de France, à peine sortie de l’aéroport, quand je suis arrivée dans notre couvent, j’ai vu tous les réfugiés dans leurs voitures, avec les femmes qui tenaient leurs enfants dans les bras. Ils n’avaient aucun abri pour se protéger de la chaleur. J’ai eu du mal à m’endormir après avoir vu cela. C’était immense ! Comme une fourmilière… Personne n’oubliera cette nuit ici… »

Aujourd’hui, les réfugiés « essaient de se trouver un travail et nous avons réussi à intégrer le plus grand nombre des plus jeunes dans les écoles, explique Sœur Marie-Agnès, mais quelques uns sont restés sans études cette année. Pour certains, cela résulte d’un choix personnel : ils ont été tellement perturbés psychologiquement qu’ils n’ont pas réussi à s’y remettre ».

Il y a pas moins de 120 caravanes dans le camp qui jouxte le monastère, avec en moyenne sept personnes par famille. Les femmes restent chez elles pour faire la cuisine pendant que les enfants jouent dehors. En revanche, les hommes sont en grande partie absents. « Il y a des tensions parfois, mais grâce à Dieu, il y en a de moins en moins parce que le prêtre les a recadrés. » « Les hommes qui peuvent trouver un travail le font, assure la consacrée. L’un d’eux a installé près de l’église des tabourets avec des sucres et il propose des thés. Il ne gagne peut-être qu’un euro par verre, mais ça lui fait un petit travail. Un autre a réussi à réarranger un terrain près de l’église et en a fait un parking gardé et protégé. »

L’espoir de rentrer à Mossoul persiste

Quel espoir pour tous ces réfugiés ? « De retourner chez eux ! », répond sans hésiter la religieuse. « Certains disent que les chrétiens ne retourneront pas chez eux car ils sont traumatisés. Même si certains éprouvent un dégoût du pays après tout ce qui s’est passé et veulent fuir, la plupart, surtout les plus âgés, veulent retourner chez eux. Ils veulent mourir là où ils ont grandi et ils gardent espoir de rentrer. »

Le couvent de Mossoul, le seul que la communauté possédait, a été « détruit et explosé par les terroristes de Daesh ». D’un point de vue spirituel, « beaucoup se sont demandés où était Dieu ». « Il leur a fallu beaucoup de temps, mais petit à petit, ils se sont rendu compte que Dieu n’état pas la cause de tout cela » L’espoir revient peu à peu parmi les réfugiés et ils sont de plus en plus nombreux à retrouver le chemin de l’église, remarque avec soulagement Sœur Marie-Agnès.

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