“Oui” à l’évangélisation, mais “non” au prosélytisme! Voilà, en une phrase, le résumé d’un rapport de 16 000 mots, titré «Évangélisation, prosélytisme et témoignage commun», rendu public l’été dernier à la suite d’une série de rencontres œcuméniques entre catholiques et pentecôtistes. Un document très important dans lequel les participants des deux confessions rappellent le devoir de tout chrétien de témoigner de l’Évangile et souhaitent que leurs efforts réduisent les tensions qui marquent trop souvent les relations entre les deux groupes.
À cause de la grande diversité inhérente au mouvement pentecôtiste, les participants de cette confession ont fait remarquer qu’ils étaient incapables d’exprimer une position officielle sur différents sujets. Ils croient toutefois avoir traduit une vision des choses «qui fait consensus chez la majorité des pentecôtistes du monde».
«Il n’y a qu’un Seul Nom par lequel nous puissions être sauvés», affirment en choeur catholiques et pentecôtistes, reconnaissant cependant que leurs Églises «ont des opinions divergentes sur l’existence et/ou la signification d’éléments salvifiques que l’on trouve dans les religions non-chrétiennes».
Points d’entente
Parmi les thèmes abordés, mentionnons les fondements bibliques et systématiques de l’évangélisation; la relation entre évangélisation et culture; et une réflexion sur les perceptions catholique et pentecôtiste de l’évangélisation et de la justice sociale.
Il existe un contraste étonnant entre la quantité impressionnante d’enseignements et de recherches catholiques sur ce dernier point et le nombre relativement limité de documents pentecôtistes à ce sujet. Ce qui ne traduit pas, note le rapport, un désintérêt pour les questions sociales parmi les pentecôtistes.
Les deux confessions s’entendent: «La Parole de Dieu est la fondement à la fois de l’évangélisation et de la justice sociale». Et le nouveau document indique: «Nous sommes d’accord sur les points suivants:
—Évangélisation et amour du prochain sont intrinsèquement liés et cet amour entraîne un travail concret en vue de la justice sociale;
—Tout en nous engageant dans l’évangélisation, il nous faut accorder une attention particulière au bien-être social de notre voisin;
—Pentecôtistes, aussi bien que catholiques, doivent résister au “réductionisme”, à l’anthropocentrisme et à la politisation du Christ et de l’Évangile; ainsi qu’à la privatisation du Royaume et à l’individualisation de la société.»
Prosélytisme
Dans leurs échanges sur le prosélytisme, les deux Églises en sont venues à la constatation que certains de leurs fidèles «ont clairement établi qu’ils refusent tout contact entre catholiques et pentecôtistes». D’autres ne veulent même pas aborder la question du prosélytisme…
«Nous avons donc décidé que l’urgence de la situation et l’actuelle nécessité de proclamer l’Évangile de façon crédible exigeaient que nous lancions cette discussion, affirme le rapport. Nous désirons la pure prédication de l’Évangile. Voilà en quoi consiste l’évangélisation. Au lieu d’entrer en conflit, ne pouvons-nous pas converser ensemble, prier ensemble, tenter de coopérer ensemble?»
Après avoir défini le mot “prosélytisme”, le document suggère quelques exemples d’actions immorales considérées comme du prosélytisme plutôt que de l’évangélisation.
Il cite, entre autres, toutes les formes «de présentation erronée volontaire des croyances et des pratiques des autres confessions chrétiennes», ainsi que tout usage de la force, de la coercition, de la flatterie et de la manipulation, y compris l’exagération ou la distorsion des promesses bibliques, dans le but d’amener d’autres personnes à se joindre à une Église.
Un témoignage authentique de l’Évangile «porte la marque de l’amour chrétien, précise le rapport. Il ne cherche jamais à parvenir à ses propres fins égoïstes en critiquant ou en dénigrant de quelque façon que ce soit une autre communauté chrétienne… On doit nettement distinguer entre prosélytisme et présentation légitime de l’Évangile, faite de façon persuasive.»
Lorsque des évangélisateurs témoignent de leur foi devant d’autres chrétiens, ils ne devraient pas «leur suggérer de changer d’affiliation chrétienne, ni les y encourager».
Enfin, nuance le document, «nous reconnaissons que si un chrétien, après avoir entendu une présentation légitime de l’Évangile, choisit librement de se joindre à une commuanuté chrétienne différente, on ne devrait pas conclure automatiquement qu’un tel transfert résulte du prosélytisme» (source: Le NIC, édition du 15 novembre 1998).