À propos des élections au Bangladesh

par Maria Lozano, AED International
Adaptation Robert Lalonde, AED Canada

Montréal, mardi 14 janvier, 2014 – Au Bangladesh, les élections législatives du dimanche 5 janvier dernier ont été remportées par le parti au pouvoir, la Ligue Awami. Ces élections ont été marquées par un faible taux de participation, le boycott des partis d’opposition, et des violences – malheureusement mortelles – de la part de certains des opposants pour contrecarrer les urnes.

Selon les dernières informations, au moins 21 personnes ont été tuées et plus de 300 blessées au cours des élections. 100 bureaux de vote ont subi des dommages et des attaques dans le cadre du boycott organisé par le principal parti d’opposition, le Parti Nationaliste du Bangladesh (BNP), et son allié le parti Jamaat-e-Islami, lequel a un caractère particulièrement fondamentaliste.

Des sources proches de la Fondation Aide à l’Église en Détresse ont relaté des tensions pendant les jours qui ont précédé les élections, coïncidant avec la célébration de Noël : « En raison de cette situation très mauvaise et difficile, la plupart des gens n’ont pas pu fêter Noël dans ma région. Dans la majeure partie du diocèse, il y a des villages éloignés dans lesquels le prêtre ne peut célébrer la messe qu’une ou deux fois par an. En raison du boycott, des fermetures de routes et des attaques terroristes, les prêtres et les catéchistes n’ont pas pu facilement se déplacer. Ils ne pouvaient même pas se déplacer dans leur propre ville ou dans des villages voisins. »

La source ajoute qu’en plus d’incendier des routes, de lancer des citernes d’essence sur des trains et d’arracher des lignes de chemin de fer, les partisans des partis d’opposition les plus fondamentalistes ont également commencé à attaquer les minorités religieuses du pays – hindoue et chrétienne : « Ils brûlent et pillent les maisons des minorités et frappent les gens,  parfois jusqu’à les tuer. Nous voyons tous les jours dans les journaux des photographies de nombreuses personnes tuées dans des conditions extrêmes. Nous vivons une situation terrible. »

 « Priez pour la sécurité des gens ordinaires »

La situation s’est encore aggravée après les élections : « Ce même 5 janvier, plusieurs maisons d’hindous ont été pillées puis incendiées dans un village près de chez nous. Le 7 janvier, un village chrétien a été incendié et beaucoup de gens ont été battus. Certains de nos parents sont parmi eux. S’il-vous-plait, priez pour la sécurité et la protection des gens ordinaires de notre pays, en particulier pour les minorités. »

Selon d’autres sources contactées par la Fondation Aide à l’Église en Détresse, la gravité de la situation n’est pas la même dans tout le pays. Globalement, beaucoup d’actes violents n’ont pas été explicitement dirigés contre des individus, mais ont eu lieu dans le contexte du boycott et de la grève, en protestation contre les élections nationales. Mais il est également vrai que ce sont les minorités religieuses du pays qui ont été attaquées, et que la minorité hindoue en a subi les conséquences les plus graves.

Un prêtre de Dacca raconte : « Il y a certains endroits où les gens ont beaucoup souffert, comme  dans un district de Dinajpur et deux districts du diocèse de Khulna. Dans la capitale et les autres provinces, le gouvernement a déployé l’armée, et les forces de sécurité ont été très vigilantes. La police a été envoyée dans toutes les églises pour les protéger, aussi bien dans les villes de Dhaka et Vero que dans les villages environnants. C’est ainsi que j’ai pu célébrer Noël dans un village situé à 30 kilomètres de la ville de Dhaka. Il y avait plus de 10 policiers stationnés à la porte de l’église du 23 décembre jusque dans la nuit de Noël. Tout était tranquille, mais personnellement, j’ai eu très peur de me déplacer avec ma moto ces jours-là. »