En réaction à une causerie de Mgr Bernard Fellay, tenue à New Hamburg en Ontario le 28 décembre dernier, la Conférence des évêques catholiques du Canada a tenu à préciser que les propos du prélat intégriste «vont à l’encontre de l’enseignement de l’Église». L’intervention de la CÉCC faisait suite «aux questions et préoccupations soulevées» dans les médias occidentaux et jusqu’au Vatican par les déclarations du Supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X à l’effet que «les Juifs sont les ennemis de l’Église».

Mgr Bernard Fellay supérieur de la Fraternité St Pie X (photo CNS/Paul Haring).

À l’appui de son discernement, la CÉCC cite le porte-parole du Saint-Siège, le père Federico Lombardi, qui a déclaré dans la foulée de l’intervention intempestive du prélat traditionaliste qu’«il est impossible de parler des Juifs comme des ennemis de l’Église ». Des extraits du document conciliaire Nostra Aetate sur la relation de l’Église avec les religions non chrétiennes ont également été mis à contribution du jugement épiscopal.L’Église, qui réprouve toutes les persécutions contre tous les hommes, quels qu’ils soient, ne pouvant oublier le patrimoine qu’elle a en commun avec les Juifs, et poussée, non pas par des motifs politiques, mais par la charité religieuse de l’Évangile, déplore les haines, les persécutions et les manifestations d’antisémitisme, qui, quels que soient leur époque et leurs auteurs, ont été dirigées contre les Juifs»

Et la CÉCC de conclure péremptoirement : «La Conférence des évêques catholiques du Canada dénonce toutes les formes d’antisémitisme et rejette les affirmations telles que celles qui ont pu être faites par le supérieur de la Fraternité St-Pie X, qui est un groupe schismatique et qui n’est pas en communion avec l’Église catholique.»

À Rome, il semblerait que les discussions visant la réconciliation entre le Saint-Siège et la Fraternité Saint Pie X soient au point mort. Mgr Fellay voit dans les groupes « qui sont hors de l’Église, qui, pendant des siècles ont été ennemis de l’Église », la cause de l’échec prévisible de la réintégration des intégristes à l’Église universelle. Ces groupes qui militent contre la réconciliation des traditionnalistes avec Rome, selon lui, ce sont les Juifs, les Franc-maçons et les modernistes.

Des éditions françaises de livres ani-sémites sont en vente dans la boutique du séminaire de la Fraternité St-Pie X en Suisse (photo CNS/Paul Haring).

Toutefois, dans un article publié le 29 novembre dernier dans l’Osservatore Romano, le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi a identifié le problème de fond des intégristes en soutenant qu’ils donnaient «une interprétation hérétique» de Vatican II. Mais le Supérieur général des disciples de Mgr Lefebvre persiste au contraire à estimer que «la situation n’est pas désespérée» et affirme avoir reçu du Saint-Siège d’autres échos lui faisant croire que la prise de position du Préfet ne correspond pas «à ce que pense le pape».