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La situation en Grèce est plus qu’une crise économique qui ne concernerait que ce pays, ont affirmé les représentants du gouvernement et des Églises de Grèce qui rencontraient à Athènes une délégation de responsables œcuméniques d’Europe et d’Afrique le lundi 19 novembre.  

Le secrétaire général du COE, Olav Fykse Tveit rencontre le ministre adjoint des Affaires étrangères de Grèce, Constantinos Tsiaras à Athènes (photo COE).

La situation difficile dans laquelle se trouve actuellement la Grèce n’est qu’un aspect d’une crise plus générale en Europe et dans le reste du monde: non seulement cette crise fait peser la menace d’une catastrophe économique, mais elle reflète aussi l’émergence d’une dégradation morale et spirituelle qui va jusqu’au cœur de l’Union européenne et du système économique actuel.

La Grèce est confrontée à un grave problème, a affirmé le ministre adjoint des Affaires étrangères de Grèce Konstantinos Tsiaras, qui s’adressait lundi dernier à une délégation œcuménique composée des secrétaires généraux du Conseil œcuménique des Églises (COE) et de la Conférence des Églises européennes (KEK) et de huit autres responsables ecclésiastiques.

Même si la Grèce est au centre du problème, a déclaré M. Tsiaras, «la Grèce n’est pas tout le problème.»

La question dépasse largement le cadre de la Grèce, a indiqué le ministre, en ajoutant que «la Grèce fait actuellement tous ses efforts pour éviter d’arriver à une situation qui pourrait être pire que celle que nous vivons maintenant.»

«Nous n’allons pas laisser l’économie s’effondrer, a-t-il dit, mais l’Union européenne doit manifester sa solidarité en tant que valeur fondant son existence.»

Konstantinos Tsiaras s’exprimait en ces termes au début de la visite de solidarité de deux jours effectuée par la délégation œcuménique à la tête de laquelle se trouvaient le secrétaire général du COE, le pasteur Olav Fykse Tveit, et le secrétaire général de la KEK, le pasteur Guy Liagre. Au programme de la visite figurait également une audience accordée par l’archevêque Ieronymos II d’Athènes et de toute la Grèce.

Le primat s’est référé au caractère plus large de la crise, et il a mentionné le sentiment d’amertume croissant des Grecs qui ne souffrent pas seulement des difficultés économiques, mais aussi de l’image négative qu’on donne d’eux dans les médias. «Cela ne facilite pas les choses», a-t-il noté.

«Les Grecs ne sont ni les voleurs, ni les fraudeurs, ni les paresseux qu’on représente dans les médias européens, a-t-il poursuivi. Les Grecs sont des femmes et des hommes qui travaillent dur, dans le respect des principes de l’amour, de l’honneur et de l’hospitalité, et la conscience de leur dignité.»

Constatant l’écart croissant qui se creuse entre les camps sur la base de perceptions différentes des événements, il a rappelé qu’«il faut deux pierres pour presser la farine.»

«Il ne s’agit pas seulement d’une crise grecque, mais d’une crise des relations», a ajouté l’archevêque, en insistant sur la responsabilité que chacun doit assumer. «En ces moments difficiles, l’Église est appelée à élever les âmes et à les fortifier.»

Expressions de solidarité pour la Grèce

«Un temps de crise est un temps pour la solidarité, l’unité et l’amour, et non pour la division», a rappelé le pasteur Tveit à Konstantinos Tsiaras, et il a insisté sur le même point dans la discussion avec l’archevêque Ieronymos: «Aucune crise n’est seulement une crise, elle est aussi une chance.»

Si le problème de la Grèce était de nature purement économique, il pourrait être résolu avec le temps. Toutefois, les divergences croissantes entre les deux principaux acteurs dans cette situation de crise – la Grèce et l’Allemagne – suscitent des tensions et des malentendus  et mettent en danger les bases mêmes de l’Union européenne, tout en poussant l’Église à retrouver son rôle.

«Nous souffrons véritablement avec nos amis», a dit l’évêque Heinrich Bedford-Strohm, de l’Église évangélique luthérienne de Bavière. «Nous sommes tous une seule Europe.» En même temps, il a reconnu qu’il existe une image négative des Grecs au sein de la société allemande, et même du gouvernement.

«Je plaide pour l’humilité du côté allemand», a dit l’évêque Bedford-Strohm à l’archevêque, en signalant que lors des récentes célébrations de la Journée de l’unité allemande commémorant la réunification du pays, on avait reconnu que l’Allemagne, en son temps, avait bénéficié de la compassion du monde «en recevant, après la Deuxième guerre mondiale, une liberté qu’elle n’avait ni méritée ni gagnée.»

«Je distingue toutefois une évolution dans la réflexion des milieux politiques allemands, a-t-il ajouté. Votre message commence à être entendu.»

Selon l’évêque Bedford-Strohm, les responsables de l’Union européenne devraient revenir aux valeurs essentielles de l’Union, et il a invité le COE et la KEK à intervenir en ce sens. Les deux organisations «devraient s’adresser au Parlement européen d’une voix forte pour affirmer que l’Union n’est pas en accord avec ses principes fondateurs.»

Plus tard dans la journée, la délégation a pu constater directement à quel point la situation est devenue complexe en Grèce.

Devant une soupe populaire au centre d’Athènes, gérée par l’Église de Grèce, l’Église anglicane et plusieurs Églises pentecôtistes d’immigrants africains, la queue d’un millier de personnes qui attendaient de la nourriture comprenait des Afghans, des Syriens et des Nord-Africains, mais aussi, signe caractéristique des récents événements, un tiers de Grecs.

D’une certaine manière, la Grèce est devenue le point d’entrée des migrants qui frappent à la porte de l’Europe, en quête d’une vie meilleure, de la sécurité loin des conflits, ou de l’asile politique. À travers la Grèce, ils espèrent atteindre le reste de l’Europe. Mais, dans de nombreux cas, ils ne vont pas plus loin que la Grèce.

«Je plaide pour la poursuite du dialogue, de manière que nous puissions mieux comprendre la situation dans laquelle nous vivons», a conclu le pasteur Liagre à la fin de la journée, en exprimant l’espoir de voir l’Eglise proposer une nouvelle approche de la crise.

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