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«Aucun État ne devrait priver ses citoyens du droit de débattre d’une loi qui les touche profondément. C’est pourquoi il est plus que jamais nécessaire d’entamer un dialogue sur la loi sur le blasphème et ses répercussions négatives sur les minorités religieuses au Pakistan», a déclaré I.A. Rehman, militant de la première heure des droits de la personne et directeur de la Commission des droits de l’homme du Pakistan, à l’occasion d’une manifestation organisée en marge de la session du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies à Genève (Suisse).

I.A Rehman, directeur de la Commission des droits de l’homme du Pakistan (photo COE).

«Si nous ne sommes pas capables de débattre de la loi sur le blasphème et de ses conséquences sur les gens, en particulier sur les non-musulmans, c’est un énorme inconvénient pour notre société», a ajouté M. Rehman.

L’événement était organisé par la Commission des Églises pour les affaires internationales (CEAI) du Conseil œcuménique des Églises (COE) le 18 septembre, dans le cadre de son débat public sur le thème «Utilisation abusive de la loi sur le blasphème et minorités religieuses au Pakistan».

La réunion de la CEAI se déroule actuellement en marge de la 21e session du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies à Genève.

«Quand l’État et la Constitution établissent une préférence fondée sur la religion, ils contreviennent aux droits de leurs citoyens. La loi sur le blasphème fait partie d’un ensemble de lois formant tout un système de discrimination à l’encontre des minorités religieuses au Pakistan», a déclaré Peter Jacob, directeur de la Commission de justice et paix de l’Église catholique romaine au Pakistan.

«Les discriminations que nous trouvons dans la Constitution et les politiques de l’État génèrent de l’extrémisme et de l’intolérance générale au sein de la société», a-t-il ajouté. Peter Jacob a fait remarquer que la société civile au Pakistan est parvenue à un consensus sur l’utilisation abusive de la loi sur le blasphème et c’est la raison pour laquelle il convient d’envisager une abrogation de la loi.

Moulana Uzair Albazi, de l’Université Muhammad Musa Albazi de Lahore, a quant à lui insisté sur l’importance du rôle des responsables religieux pour aider à réfréner l’utilisation abusive de la loi sur le blasphème. «Les représentants de toutes les religions devraient avoir la possibilité de passer au crible les procédures des affaires de blasphème afin de veiller à ce que ces lois ne soient pas utilisées pour traiter de façon inéquitable certaines personnes», a-t-il affirmé.

«Le Pakistan appartient à chacun de ses citoyens, qu’ils soient musulmans, chrétiens, hindous ou d’une autre religion. Les lois ne devraient pas être utilisées abusivement pour violer les droits des gens», a ajouté Moulana Uzair Albazi.

Le pasteur Kjell Magne Bondevik, président de la CEAI et ancien Premier ministre de la Norvège, a déclaré que «la communauté internationale doit faire plus attention à enrayer la tendance croissante à l’intolérance religieuse et à l’utilisation abusive de la loi sur le blasphème au Pakistan.»

Il a par ailleurs ajouté qu’il s’était personnellement entretenu avec le Premier ministre du Pakistan au nom de la CEAI l’an dernier afin de lui faire part de ses préoccupations concernant les violations toujours plus nombreuses des droits des minorités religieuses au Pakistan.

La loi sur le blasphème a été amendée dans le Code pénal du Pakistan dans les années 1980 par le pouvoir militaire dirigé par le général Zia-ul-Haq. Depuis, la loi sur le blasphème ne cesse d’être dénoncée comme vague, entraînant des peines de mort et des actes de violence collective.

Le débat public international a pour objet de mettre au point des stratégies de campagne au niveau mondial afin d’empêcher toute utilisation abusive de la loi sur le blasphème au Pakistan.

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