…dans plusieurs pays à majorité musulmane
La violence contre les chrétiens sévit ici et là dans le monde. En Asie en particulier où les communautés chrétiennes sont partout minoritaires, les actes d’hostilité se multiplient et plongent catholiques et protestants dans l’angoisse. Ils sont souvent déclenchés pour des riens ou même, des accusations non fondées.
Devant des milliers de pèlerins rassemblés le 10 janvier 2010 sur la Place St-Pierre pour la célébration traditionnelle de l’angélus du dimanche, le Saint-Père a vigoureusement dénoncé cet état de fait.
«La violence contre les chrétiens dans certains pays a provoqué l’indignation de beaucoup de gens», a-t-il déploré, soulignant que la gravité de récents événements est décuplée du fait qu’ils ont été perpétrés durant «les jours très sacrés» de la saison de Noël. Les leaders politiques et religieux, a-t-il averti, «ne doivent pas se dérober de leurs responsabilités» devant l’escalade des exactions perpétrés contre des citoyens. Et il précisait qu’«il ne peut y avoir de violence au nom de Dieu et on ne doit pas penser l’honorer en offensant la dignité et la liberté des autres».
Le pape n’a pas relevé de cas particuliers mais faisait clairement allusion, entre autres, à la fusillade de Nag Hammadi en Égypte. Sept personnes ont été tuées et des dizaines d’autres blessées lorsque trois hommes armés de mitraillettes sont passés en voiture devant une église copte et ont ouvert le feu sur les fidèles à la sortie d’une célébration, le 6 janvier. C’était la veille de Noël pour l’Église copte égyptienne.
À la suite de ce drame, le Ministère de l’intérieur du gouvernement égyptien a émis un communiqué dans lequel il explique et semble justifier l’horrible attentat par le présumé viol d’une jeune musulmane qui aurait été commis par un chrétien d’une autre localité en novembre.
La cause d’un jeune homme de 21 ans n’a pas encore été jugée à l’heure de la rédaction de cet article et pourrait s’avérer non fondée comme cela a déjà été le cas dans un autre pays à majorité musulmane où des attaques contre les chrétiens ont été déclenchées à la suite d’une accusation mensongère de viol.
La tuerie de Nag Hammadi a été précédée et suivie d’émeutes, d’incendies criminels et de banditisme perpétrés contre les commerces et résidences coptes de la ville ainsi que de représailles de même mouture de la part de groupes de jeunes chrétiens.
Le mot qui tue
D’autres actes de violence autour de la fête de Noël ont également été rapportés, cette fois en Irak. Deux églises catholiques ont été la cible d’attaques à la bombe par des islamistes à Mossoul, le 23 décembre.
La liste serait longue si je devais passer exhaustivement en revue le chapelet d’églises détruites et de crimes perpétrés contre la foi chrétienne au cours de 2009. Mais l’histoire qui dépasse le plus l’entendement a actuellement lieu en Malaisie, où six églises ont été brûlées par des hordes de musulmans radicaux. Le motif de cette flambée de violence: un jugement de la Cour de justice, émis le 31 décembre, autorisant l’utilisation du mot Allah par des non-musulmans.
À la suite d’un édit du Ministère de l’intérieur en 2007, il était interdit à des publications non-musulmanes d’utiliser ce terme pour désigner Dieu. Le gouvernement justifiait cette décision sous prétexte que l’utilisation du mot dans des publications chrétiennes pouvait créer de la confusion chez les musulmans et les attirer au christianisme.
L’archevêque de Kuala Lumpur, Mgr Murphy Pakiam, éditeur d’un hebdomadaire catholique, a contesté cette décision devant les tribunaux en février 2009. Selon l’agence catholique de nouvelles asiatiques (UCA News), le tribunal qui a annulé l’interdiction, finalement jugée «illégale», s’est appuyé entre autres sur l’article 11 de la constitution du pays protégeant la liberté religieuse.
«Cet article stipule que nous avons le droit de conduire nos propres affaires religieuses, et donc, l’utilisation d’Allah dans nos célébrations est notre droit», explique l’un des quatre avocats qui ont représenté le point de vue de l’Église catholique.
Le rédacteur de l’hebdomadaire catholique impliqué dans le procès, le père Lawrence Andrew, a pour sa part précisé que le mot Allah pour désigner Dieu a été utilisé dans la langue locale depuis 400 ans par les chrétiens de la région.
Immigrants battus
Dans son adresse après l’angélus, Benoît XVI a aussi condamné la violence dirigée contre les immigrants. Il a déploré la pauvreté de leurs conditions de vie et leur exploitation.
«La violence ne doit jamais être utilisée pour résoudre les difficultés», a-t-il enseigné. Dans la région de Calabre en Italie, la violence a éclaté le 7 janvier et des dizaines de personnes ont été blessées lorsque des résidents se sont attaqués à des immigrants avec des barres de fer et des armes à feu.
«Un immigrant est un être humain, a souligné le pape, qui est différent seulement à cause de son pays d’origine, sa culture et ses traditions. Mais il ou elle est une personne à respecter, quelqu’un qui a des droits et des devoirs.»
Et il ajoutait qu’au cœur du problème de la violence contre les immigrants et les minorités chrétiennes, il y a un manque de respect pour la personne humaine.
«Je vous demande de regarder la face des gens et de découvrir qu’ils ont une âme, une histoire et une vie; ils sont des personnes et Dieu les aime tout comme Il m’aime», a-t-il conclut, sous-entendant qu’Il aimait chaque personne en particulier.
*Article publié dans Le NIC, 28 février 2010.