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…autour de l’Intelligent Design

Le sujet préoccupe de plus en plus les médias. Il suscite un débat houleux aux États-Unis, depuis les écoles publiques jusque devant les instances judiciaires à tous les niveaux du système américain. On en discute chez nous et en Europe. Mais généralement, ce n’est pas pour faire l’éloge de l’«Intelligent Design». Ni l’intelligence ni la science ne priment dans les présentations. Plutôt, les boulets rouges de gros canons qui braquent l’arme du darwinisme pour mettre Dieu à la porte de Sa création.

Selon l’hypothèse du naturaliste anglais, Charles Darwin, publiée en 1859 dans son livre «De l’origine des espèces», l’évolution biologique s’explique principalement par la sélection naturelle.

En français, on réfère parfois à ce nouveau concept par «dessein intelligent». Je n’aime pas cette traduction littérale. La langue de Molière ne rend pas toute la concision de l’anglais. Pour trouver une expression adéquate, il faut y mettre plus de mots. Quelque chose comme «la théorie du plan intelligent de l’évolution». Là, on comprend tout de suite de quoi il s’agit, n’est-ce pas?

On peut dès lors se demander pourquoi cette théorie a si mauvaise presse. Elle est souvent rejetée péremptoirement sans explication. On se contentera habituellement de la stigmatiser sans appel en la qualifiant de non scientifique, en l’associant au créationnisme, au fondamentalisme biblique, et même, «à l’électorat évangélique d’extrême droite de Bush».

Préjugés ecclésiastiques?

Même dans l’Église catholique, la mode n’est guère à l’encensement de la théorie. On aurait pu croire pourtant qu’elle arrive à point nommé dans notre contexte de christianisme noyé dans l’athéisme ambiant. On l’a plutôt critiqué vertement, sans vraiment examiner objectivement ses tenants et aboutissants, quand le cardinal autrichien, Christoph Schonborn, a eu le malheur récemment d’exprimer une opinion favorable. Et lorsque Benoît XVI a laissé échapper en novembre dernier, au cours d’une audience à laquelle participait ce même cardinal, les deux mots «projet intelligent» en parlant de la création, on s’est empressé en hauts lieux de rectifier l’impression qu’il a pu faire allusion et approuver implicitement l’I.D.

Le 27 mars dernier, encore, le directeur de l’Observatoire du Vatican, le père George Coyne, emboîtait le pas du conformisme malveillant en regard de la théorie. Lors d’une conférence prononcée à Washington, le jésuite la qualifiait de «concept absurde» du mouvement fondamentaliste américain qui vise, dénonce-t-il, à démontrer l’existence de Dieu par la science.

Le père George Coyne, directeur de l’Observatoire du Vatican, estime que la présentation de l’«Intelligent Design» comme alternative à l’évolution pose de «sérieux problèmes» qui minimisent tant les notions de Dieu que de la science (photo CNS/Nancy Wiechec).

«Ils utilisent la Bible comme science, comme une source de connaissance scientifique. C’est mal!», s’est-il exclamé en parlant des promoteurs de la théorie. «L’“intelligent design”, ajoute-t-il encore, est un mouvement religieux fondé sur la peur que si vous n’enseignez pas une alternative à l’évolution (dans les écoles), on obtiendra tout un lot de petits athées qui vont courir un peu partout.»

Or rien n’est plus éloigné de la vérité que cette description du «projet intelligent», pour utiliser la terminologie du pape. Ce n’est pas un mouvement religieux. La théorie n’est pas née par peur de l’athéisme et n’utilise pas la Bible comme source de connaissance scientifique. Lorsque j’en viendrai à la décrire en toute objectivité dans un deuxième article, on pourra constater que tout est faux dans l’évaluation du religieux détenant le poste scientifique le plus prestigieux du Vatican.

Les causes

Une réaction aussi virulente, tant à l’intérieur de l’Église que dans certains milieux se réclamant des sciences, démontre à tout le moins une chose. Le combat primaire enclenché contre cette théorie est un signe qu’on la redoute. Pourquoi? De quoi a-t-on peur au juste?

Dans l’Église, la crainte d’être perçu anti-scientifique et inobjectif à cause de la foi joue probablement un grand rôle. Dans les milieux athées, par contre, c’est l’anxiété pouvant faire suite à une résurgence du divin en science et sur la place publique qui est déterminante. La peur d’un Dieu supposément mort, en somme, et dont une science qui se respecte devrait faire l’économie!

Mais avant d’aller plus loin, je tiens à préciser que je ne suis pas personnellement un mordu de la théorie de l’I.D. Elle a ses mérites et ses failles. On peut l’estimer critiquable mais encore faut-il que ce soit pour les bonnes raisons et après avoir déblayé l’inextricable écheveau des malentendus et préjugés qui foisonnent tout autour.

Évolution et darwinisme

Commençons par éclaircir ce qu’il est convenu d’appeler le darwinisme. Charles Darwin (1809-1882) n’est pas l’auteur de l’hypothèse de l’évolution. Entre autres, le chevalier de Lamarck (Jean Baptiste Pierre Antoine de Monet – 1744-1829) a publié avant lui une théorie qui explique la diversité des espèces vivantes par les transformations successives des organismes sur de longues périodes de temps. L’idée de l’évolution n’était pas non plus entièrement étrangère à la pensée de certains philosophes grecs de l’Antiquité et, par la suite, de théologiens chrétiens.

Tout le mérite de Darwin tient de ce qu’il a su prouver, par l’observation scientifique des fossiles, que les espèces sont apparues par suite de changements progressifs allant du simple au complexe. On peut induire de ce constat que tous les organismes vivants de notre planète, incluant l’homme, dépendent d’une origine commune remontant au début des temps géologiques terrestres.

Ceux qui suivent le naturaliste anglais jusque là peuvent ê­tre considérés évolutionnistes. Je suis de ceux là. L’évolution biologique, entendue dans le strict sens que je viens de définir, est au coeur de la recherche, non pas scientifique mais philosophique, que je poursuis depuis ma conversion et que j’expose dans les deux tomes de mon ouvrage L’évolution triom­phante disponible sur ce site.

Là où ça se complique, c’est à partir de la question qui suit immédiatement l’hypothèse indéniablement démontrée. Il s’agit d’interpréter le fait de l’évolution, d’en décoder le fonctionnement, de mettre en évidence ce qui la détermine, ce qui enclenche les transformations biologiques et préside à l’apparition de nouvelles espèces.

C’est ici que l’on peut situer la particularité du darwinisme. Personnellement, je suis d’allégeance évolutionniste mais je ne suis pas darwiniste. Non que je rejette globalement cette théorie mais je l’estime insuffisante. Je prétends même la compléter par une vision plus large de la réalité —une vision philosophique qui englobe la dimension spirituelle— que les sciences excluent d’emblée en raison même de la méthode scientifique qui est ordonnée exclusivement à la recherche des causes matérielles de la réalité.

En réponse à la question du comment, le naturaliste anglais a, pour sa part, avancé que l’évolution des espèces s’expliquait par la sélection naturelle. Pour survivre dans un environnement terrestre changeant, les organismes qui possèdent des organes adaptés aux conditions nouvelles ont plus de chance de se reproduire et de passer leurs caractères avantageux à leur progéniture.

Quant à la manière dont des caractères nouveaux sont acquis, le darwinisme soutient que des mutations aléatoires sans orientation peuvent survenir par hasard. Toutefois, seules celles qui s’avèrent positives, en étant ajustées au contexte environnemental, sont renforcées dans la progéniture. Tandis que les tares s’éliminent d’elles-mêmes, les porteurs, affaiblis par leur inadaptation, pouvant plus difficilement se multiplier.

Athéisme

Bien que Darwin lui-même ne soit pas allé jusque là, il n’en fallait pas plus, dans le contexte scientiste du 19e siècle, pour que certains tirent de cette thèse la conclusion que Dieu n’existe pas puisqu’il est devenu possible d’expliquer l’apparition des organismes vivants sans l’intervention d’un Créateur. Un pur sophisme issu de la philosophie positiviste qui réduit la possibilité de connaître rationnellement à ce qui peut être démontré scientifiquement.

Par la suite, l’inférence que la théorie darwinienne démontre l’inexistence de Dieu a été largement diffusée par des scientistes de deuxième classe. Ils pouvaient mettre en relief les incohérences du récit de la création de la Genèse face aux certitudes scientifiques et ainsi torpiller l’autorité de la Bible.

L’argumentation, qui n’est pas du tout scientifique mais relève de positions philosophiques extrêmement discutables, a donc eu pour effet dans le vaste public peu cultivé de relier la théorie de l’évolution à l’athéisme.

Pierre Teillard de Chardin, jésuite et paléontologue, est reconnu comme le plus célèbre évolutionniste catholique de l’ère moderne.

Mais comme dit l’adage souvent attribué à Louis Pasteur ou à Francis Bacon, «un peu de science éloigne de Dieu, beaucoup en rapproche». Pendant que la grande masse des peuples subissait le lavage de cerveau scientiste, de nombreux savants de haut niveau, des croyants de toute allégeance, poursuivaient les recherches amorcées par Darwin et en confirmaient la valeur sans pourtant en éprouver de conflit avec la foi. Ils ont témoigné au contraire que leur approche scientifique leur a occasionné un enrichissement, un approfondissement de leur croyance. On ne doit pas croire que le plus célèbre d’entre eux, le père jésuite Pierre Teilhard de Chardin, a été un cas isolé dans la communauté scientifique internationale.

Créationnisme

La réaction religieuse à la propagande athée ne tardait pas à se manifester à la suite de la publication en Angleterre De l’origine des espèces. Dans les journaux de l’époque, la théorie de Darwin était ridiculisée à fond de train et inspirait de nombreuses caricatures autour de l’assertion darwinienne présumée mais inexacte à l’effet que “l’homme descend du singe”.

Ce sont cependant les milieux évangéliques amé­ri­cains qui ont réagi le plus fortement contre la théorie au nom de la religion. En­tre autres stratégies d’opposition, ils ont tenté pendant des décennies de bloquer l’enseignement de l’évolution dans les écoles et s’y activent encore aujourd’hui sans succès. À l’instrumentalisation par l’athéisme de l’évolution, ils ont répondu par un présupposé contraire, celui de la révélation chrétienne interprétée selon la lettre de l’Écriture.

C’est dans cette ligne de pensée que l’on trouve les créationnistes les plus radicaux. Certains soutiennent encore mordicus que l’univers a été créé en six jours de 24 heures, il y a 6000 ans et à l’encontre des découvertes scientifiques non seulement de la paléontologie mais de la géologie, de la biologie moléculaire, de l’embryologie et autres sciences qui confirment l’hypothèse de l’évolution biologique, ils prétendent imposer à l’ensemble de la société une interprétation littérale de la Genèse.

Fruits de la Réforme

On peut se demander comment et pourquoi, dans tout le monde chrétien, une réaction aussi anti-scientifique a pu se focaliser particulièrement dans les États du sud des États-Unis? C’est qu’on retrouve dans cette région géographique, souvent désignée comme «The Bible Belt» (la ceinture biblique) une concentration d’Églises et de sectes évangéliques, baptistes et pentecôtistes. Des regroupements religieux héritiers d’une Réforme protestante repliée jusque dans ses derniers retranchements.

L’anglicanisme, en effet, après avoir rompu ses liens avec l’Église catholique, s’est fragmenté avec le temps en communautés de plus en plus fragiles disposant de moins en moins de moyens pour maintenir leur cohésion de foi. La perte successive de la Tradition remontant aux Apôtres, de l’autorité centrale de l’Église, de l’enseignement magistériel, d’une doctrine théologiquement articulée, des sacrements médiateurs de vie spirituelle a contraint ces communautés à se rabattre sur la Bible comme unique recours pour construire leur unité et “sauver” leur foi d’un subjectivisme délirant. Une Bible alors annoncée avec véhémence, et même parfois un certain fanatisme, com­me Parole de Dieu “en direct”, infaillible jusque dans le moindre iota.

Pas étonnant que toute contestation du sens littéral de la Genèse soit perçu par eux comme un assaut dirigé contre la révélation du Sauveur de l’humanité et visant à imposer une vision agnostique, et finalement anti-chrétienne, de la réalité.

Lire la suite: la position de l’Église catholique; les origines scientifiques de l’«Intelligent Design»; ce qu’on peut en retenir et ce qu’on doit rejeter.)

Cet article a été publié dans Le NIC, 25 juin 2006

15 réponses à “1-La petite guerre entre foi et sciences”

  1. Le grand théologien catholique suisse Charles Journet a posé un diagnostic très sévère sur l’oeuvre de Teilhard de Chardin :

    http://ceshe.chez.com/travaux/theologie/boulet.htm

    1. Comme je l’ai déjà écrit à tyjaro, mon ouvrage n’est d’aucune manière basée ou influencée par l’oeuvre de Theilard de Chardin. Dans ma vingtaine, j’ai lu seulement Le phénomène humain sans y comprendre grand chose. Je venais alors de me convertir de l’athéisme. En dépit de ma difficulté à comprendre son langage, j’ai décelé dans sa pensée le problème qu’il avait à concilier l’hypothèse de l’évolution avec la doctrine du péché originel, un problème que je ne partageais pas parce que je crois au péché originel et pas moins de la moitié de mon ouvrage porte sur ce sujet. Et peut-être que si Theilard avait eu accès à l’interprétation que j’en donne en toute communion avec l’enseignement de l’Église, peut-être aurait-il changé d’avis à ce propos.

      1. Je continue à croire que c’est l’abbé Marlière qui a raison lorsqu’il dit : «la Foi et les sciences n’auraient jamais dû s’affronter»…..(Affronter : opposer front à front).

        La Foi et les sciences sont deux domaines différents et opposés l’un à l’autre.

        1. Moi aussi, j’estime qu’il a raison mais lorsque vous dites «confronter mes croyances métaphysiques à vos croyances évolutionnistes», vous faites exactement ce qu’il a dit qu’on ne devrait pas faire.

          Quant à savoir que les sciences et la foi sont deux domaines différents, j’en suis convaincu tout autant que lui, mais contrairement à vous, je n’estime pas qu’ils s’opposent, plutôt qu’ils sont complémentaires. Souvenez-vous de la parole que je vous ai déjà cité de Jean-Paul II: «Lorsqu’elles suivent leur propres méthodes respectives, la religion et la science sont des éléments constitutifs de la culture… et plutôt que de s’opposer, elles sont marquées par la complémentarité (4 octobre 1991).

          1. Bon alors j’aurais dû dire «comparer mes croyances métaphysiques avec vos croyances évolutionnistes»…plutôt que «confronter mes croyances métaphysiques avec vos croyances évolutionnistes.

            1. «Confronter» : Mettre en présence, (des personnes), pour comparer leurs affirmations.
              «Affronter» : Opposer front à front.

              En ce qui me concerne je considère que la «comparaison» de nos croyances amène infailliblement à une «opposition» de nos croyances.

              Ce qui me ramène à l’affirmation que «la Foi et les sciences n’auraient jamais dû s’affronter».

              1. C’est dommage que vous tendiez à exacerber les oppositions plutôt qu’à les réconcilier. Ce faisant, vous vous éloignez d’une pensée véritablement «catholique» dans le sens d’universel.

                1. – Vous dites : C’est dommage que vous tendiez à exacerber les oppositions plutôt qu’à les réconcilier.

                  – Ce n’est pas moi qui le veux mais «la pensée métaphysique», (la pensée véritablement «catholique»), qui se sent agressée par la pensée rationnelle ou objective de la science.

                  1. Si vous vous sentez agressé «par la pensée rationnelle ou objective de la science», c’est peut-être un signe qu’il est temps pour vous de descendre de votre cheval de bataille, sinon de tomber en bas de votre cheval comme un certain Saul qui, lui aussi croyait détenir le monopole de la pensée religieuse de sa tradition. Mais son aveuglement n’a duré que trois jours.

                    1. La pensée rationnelle discursive s’oppose à la pensée métaphysique intuitive.

                    2. Dans l’Éden, Dieu présente à l’homme «toutes les bêtes sauvages et tous les oiseaux du ciel… pour voir comment celui-ci les appellerait: chacun devait porter le nom que l’homme lui aurait donné. L’homme donna des noms à tous les bestiaux, aux oiseaux du ciel et à toutes les bêtes sauvages» (Gn 2, 19-20). Identifier les êtres vivants et leur donner un nom, c’est possible grâce à la raison. Et si Dieu demande à l’homme avant la chute de “tester” cette faculté, c’est qu’elle est un excellent don qui revêt l’humanité de noblesse et de dignité en la consacrant au sommet et en contrôle de toutes les réalités physiques de la terre. Bien plus, dans le passage cité, le Créateur semble “apprendre” quelque chose de l’exercice de la rationalité par l’homme car il veut «voir comment celui-ci les appellerait», comme s’il avait besoin d’être informé, par la mise en oeuvre de cette faculté humaine, de ce qui se passe au niveau terrestre.

                      On peut donc conclure à l’excellence de la rationalité grâce à laquelle nous pouvons être connu de Dieu. Mais pour Le connaître, Lui, cette faculté a ses limites. Donc, lorsque les ressources rationnelles sont épuisées et que ses limites pour désigner les réalités terrestres sont atteintes, l’intuition prend la relève pour permettre un essor de l’intelligence vers les réalités célestes. Reste à préciser en quoi consiste l’intuition en lien avec la foi et comment elle permet d’accéder à des vérités que la raison ne peut pas atteindre par ses seules forces.

                      La raison acquière ses connaissances lorsqu’elle est en mesure de prouver objectivement les vérités qu’elle avance. L’intuition, elle, acquière ses connaissances non en les prouvant mais en les éprouvant. La base de la connaissance intuitive, son fondement même, c’est l’expérience subjective d’exister en tant qu’être. C’est au départ : JE SUIS! Ce JE SUIS, c’est la porte d’accès à la vie intérieure, à l’univers moral et religieux de l’existence. La vérité cherchée par l’intuition ne se prouve pas: elle se vit. Elle ne concerne pas l’objet mais le vécu. Elle n’élabore pas un système de pensée ou de connaissance, elle ressort des relations que les humains peuvent établir entre eux et avec Dieu et dont ils rendent compte par le témoignage.

                      Il n’y a donc pas opposition entre raison et intuition mais complémentarité. Raison et intuition ont pour domaine respectif de connaissance, la terre et le ciel, l’univers visible et invisible. L’intuition ne peut jamais contredire ou s’opposer à la raison, car elle a besoin de s’appuyer sur la raison pour la dépasser en VIVANT la VÉRITÉ. Je vous site une nouvelle fois, puisque vous ne semblez pas vous en souvenir, la phrase lapidaire d’une encyclique de Léon XIII: «La vérité ne peut pas contredire la vérité» ainsi que deux extraits de discours de Jean-Paul II: «Il ne peut y avoir de conflit fondamental entre la raison qui, en conformité avec sa propre nature qui vient de Dieu, est axée sur la vérité et est ordonnée à la connaissance de la vérité, et une foi, qui réfère à cette même source divine de toutes les vérités. La foi confirme en fait les droits spécifiques de la raison naturelle» (5 novembre 1980). «Lorsqu’elles suivent leurs propres méthodes respectives, la religion et la science sont des éléments constitutifs de la culture… et plutôt que de s’opposer, elles sont marquées par la complémentarité» (4 octobre 1991).

                      Sans doute, y aurait-il une énorme quantité de citations pouvant être invoquée comme preuve à l’appui puisque ça fait deux mille ans que l’Église enseigne cette complémentarité contre les attaques constantes dans l’Histoire de cette vérité. Satan ne l’aime pas du tout, lui qui fait tout son possible pour diviser, opposer, créer des conflits, partout là où il y a harmonie et cohérence.

  2. tyjaro

    Bonjour Mr Bouchard,
    Vous avez écrit que « Tout le mérite de Darwin tient de ce qu’il a su prouver, par l’observation scientifique des fossiles, que les espèces sont apparues par suite de changements progressifs allant du simple au complexe. On peut induire de ce constat que tous les organismes vivants de notre planète, incluant l’homme, dépendent d’une origine commune remontant au début des temps géologiques terrestres. »

    – Darwin a prouvé, par l’observation, l’évolution par la sélection naturelle. Les trois principes de cette sélection naturelle, à ce que je me souvienne, sont la variation, l’adaptation et l’hérédité. Il n’y a rien en cette « évolution » à ce que la pensée Marliéraine s’objecterait. Au contraire !
    – l’Abbé, sans trop insister sur cette évolution, s’y attarde à quelque reprises. L’abbé s’est surtout penché sur le phénomène d’objectivation.

    – Darwin n’a pas prouvé que « les espèces sont apparues par suite de changements progressifs.. » car cela voudrait dire qu’un fossile intermédiaire ( qui se situerait entre deux espèces complètement différentes) aurait été trouvé. Ce n’est pas le cas. Le « chaînon manquant » ne répond toujours pas à l’appel. Toutes les fois où l’on prétendait apporter des preuves du chaînon manquant son avéré être des canulars. Ce que Darwin a prouvé c’est la variation d’une même espèce, la diversité d’une même espèce. Les pinsons des Galápagos (« pinsons de Darwin ») en sont un bel exemple. Les « papillons de bouleau » aussi. Encore une fois il n’y a rien en cette évolution à ce que la pensée Marliéraine s’objecterait.

    – Vous dites ainsi que « On peut induire de ce constat « .. Je considère plutôt qu’ il n’y a pas, qu’il n’existe pas de constat scientifique qui ferait suite à une soi-disant trouvaille d’un fossile intermédiaire.

    Vous dites aussi : « Il s’agit d’interpréter le fait de l’évolution, d’en décoder le fonctionnement, de mettre en évidence ce qui la détermine… »
    – L’abbé, dans son oeuvre, ne sait pas attardé sur le principe de l’évolution mais il a mis l’emphase sur le phénomène d’objectivation. J’en ai personnellement construit un concept que j’ai déjà partagé avec Mr germain : Il y a Évolution-par-Objectivation.

    – Le phénomène d’Objectivation ne connaît pas l’homme d’une évolution impossible. Celle qui voudrait faire son chemin sans une nécessaire humanité qui s’impose comme antérieur à l’existence de toutes choses.

    1. Si vous poursuivez la lecture de la deuxième partie de cet article (ainsi que d’autres articles pertinents sur ce sujet que j’ai postés hier sur mon blogue et que je vous recommande de consulter pour obtenir un portrait plus précis de ma “pré-pensée”), vous pourrez constater que je n’adhère pas à l’interprétation de l’évolution par Darwin, même si je peux reconnaître la valeur de ses travaux scientifiques. La raison en est que mon interprétation s’appuie sur une épistémologie nouvelle (théorie de la connaissance) aux antipodes de celle implicite à l’époque du savant. Cette base philosophique, que j’élabore tout au cours de mon ouvrage L’évolution de l’Alpha à l’Oméga, m’a amené à découvrir deux lois qui régissent l’évolution de la «substance vivante»: la loi d’adaptation à l’environnement terrestre dans l’axe horizontal, et la loi de dépassement vers une vie qualitativement plus intense (donc plus haute) dans l’axe vertical. Une double loi de croissance vitale qui permet d’accéder, grâce à la faculté de synthèse que le philosophe peut développer, à une vision universelle qui intègre sous un seul chef les connaissances «relatives» des sciences (pour l’horizontalité) et de la foi religieuse (pour l’axe vertical).

      Quant au «phénomène d’objectivation» de l’abbé Marlière, je n’y suis pas totalement réfractaire. Comme je l’ai expliqué maintes fois à monsieur Germain, la différence (en autant que je l’interprète correctement à partir de vos énoncés) tient de l’effet produit dans la réalité. Si j’en juge d’après ce que monsieur Germain surtout en dit et que vous semblez entériner, l’abbé Marlière y voit la cause de l’univers visible, physique, concret (ce que je déplore amèrement par toutes les fibres de mon âme) tandis que j’estime son effet limité au «phénomène» de la conscience humaine qui se constitue à partir de l’objet extérieur plutôt que sur la Présence subjective de Dieu et construit de ce fait son «monde humain» dominé par les convoitises.

      Ceci dit, j’avoue ne pas comprendre ce que vous voulez dire au dernier paragraphe: «Le phénomène d’Objectivation ne connaît pas l’homme d’une évolution impossible. Celle qui voudrait faire son chemin sans une nécessaire humanité qui s’impose comme antérieur à l’existence de toutes choses». Pouvez-vous m’expliquer?

      1. tyjaro

        Bonjour Mr Bouchard,
        J’avais déjà lu la deuxième partie de votre texte. Et je me suis bien aperçu que vous ne partagiez pas totalement la théorie de l’évolution de Darwin. Ce que j’ai relevé dans mon article c’est que vous semblez quand même croire une certaine part de cette théorie qui dit que « les espèces soient apparues par suite de changements progressifs allant du simple au complexe. On peut induire de ce constat que tous les organismes vivants de notre planète, incluant l’homme, dépendent d’une origine commune remontant au début des temps géologiques terrestres. » Vous avez écrit que c’était là tout le mérite de Darwin d’avoir « prouvé » cela par observation scientifique. Et je vous ai écrit que les « preuves » scientifiques de cela n’existent pas. La « preuve » en aurait été « un fossile intermédiaire » qui démontrerait scientifiquement deux espèces différentes. Mais ce fossile n’existe pas. Les pinsons de Galapagos sont « des variétés d’une même espèce ».

        Vous avez écrit que « cette base philosophique, que j’élabore tout au cours de mon ouvrage L’évolution de l’Alpha à l’Oméga, m’a amené à découvrir deux lois qui régissent l’évolution de la «substance vivante»: la loi d’adaptation à l’environnement terrestre dans l’axe horizontal, et la loi de dépassement vers une vie qualitativement plus intense (donc plus haute) dans l’axe vertical. »
        – Il y a ici deux choses que je vous dirais sans vouloir vous froisser ; 1: Cette loi d’adaptation est celle émise par Darwin.
        2: Que la loi de dépassement est celle-là même que l’on appelle « se convertir » dans la catéchèse chrétienne et que l’abbé Marlière à longuement exposé, comme un « nouveau regard », dans son oeuvre. Ce n’est donc pas là une « épistémologie nouvelle ». À moins que vous vouliez dire autre chose.

        Je sais que vous croyez au Péché Originel mais vous dites ne pas croire à la conséquence de ce péché du premier couple : L’apparition de l’Univers visible spatio-temporel et que l’abbé identifie au vêtement de peau, ce Don du Créateur comme conséquence du mauvais choix par Adam en Éden. Dieu a simplement respecté la liberté de choix qu’il crée en Adam en lui accordant « le monde » dans lequel il a choisi de vivre. Remarquer que nous ne disons pas que ce Don de Dieu est « mauvais ». Vous savez comme nous que notre liturgie chante les merveilles de cette « création ». Notre monde visible n’est pas la conséquence du bon choix proposé à Adam par le Créateur mais la conséquence du mauvais choix d’Adam. Ce « mauvais choix » fut un libre choix en Éden. Dieu pouvait-il ne pas respecter ce choix libre du premier couple en ne lui accordant pas la conséquence ? non. Supprimer ou empêcher la conséquence de ce choix c’est en supprimer la liberté de choix que cela suppose et que Dieu crée.

        – Je comprends aussi que votre interprétation du Péché Originel est une interprétation libre. Mais je sais aussi de source dogmatique (livre : Sommaire de théologie dogmatique) et catéchétique (C.E.C) que cette interprétation n’est pas recevable. Nous aurons probablement l’occasion d’en reparler.

        – Ce que je veux dire au dernier paragraphe : L’homme est antérieur à l’Univers. Chaque présence humaine est antérieure au monde qui l’environne. L’homme n’est pas le « produit » postérieur d’une longue évolution dans le temps mais d’une évolution par objectivation. Vous vous dites surement que c’est bien difficile à comprendre cette évolution par objectivation. Nous confessons également cette difficulté à l’expliquer. Elle ne date pas de l’abbé mais c’est lui qui en a jeté une première structure rationnelle de sorte qu’à partir de l’oeuvre de l’abbé cette évolution par objectivation peut maintenant être mieux comprise et accueilli par la raison humaine et la théologie catholique.

        1. Cher ami, je ne discute pas du côté technique de l’évolution. Je n’ai aucune compétence dans les sciences concernées en ce domaine. Ce que Darwin ou d’autres pensent, démontrent, prouvent ou supposent, je m’en balance. J’accepte tout simplement le concept d’évolution comme un fait établi et, tenant compte de ce fait, j’élabore une réflexion qui n’est pas scientifique mais philosophique. Comme je l’ai précisé dans ma «deuxième lettre à un ami métaphysicien» —que vous ne semblez pas avoir lue si je peux en juger d’après vos présentes questions—, ce fait est corroboré par plusieurs disciplines scientifiques, particulièrement la génétique, et corroboré très clairement et ouvertement par le Magistère de l’Église: «Aujourd’hui, près d’un demi-siècle après la parution de l’encyclique (Humani Generis), de nouvelles connaissances conduisent à reconnaître dans la théorie de l’évolution plus qu’une hypothèse. Il est en effet remarquable que cette théorie se soit progressivement imposée à l’esprit des chercheurs, à la suite d’une série de découvertes faites dans diverses disciplines du savoir. La convergence, nullement cherchée ou provoquée, des résultats de travaux menés indépendamment les uns des autres constitue par elle-même un argument significatif en faveur de cette théorie» (Jean-Paul II, Discours à l’Académie pontificale des sciences, 1996).

          Pour ce qui concerne l’origine biologique commune de tous les organismes vivants, la réponse que je peux donner à cette question se retrouve dans mon livre aux pages 40 et 41. Il serait trop long de les reproduire ici. Je m’en réfère à un document approuvé par le Magistère en la personne du cardinal Joseph Ratzinger alors qu’il était Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Il s’agit du document Communion et service issu des travaux de la Commission théologique internationale du Vatican. La Commission note qu’«il a été démontré que tous les organismes vivants sur la terre sont génétiquement apparentés et qu’il est virtuellement certain que tous les organismes vivants descendent du premier organisme» (no 63). De plus, soutient le document théologique, «des évidences de plusieurs études dans les sciences physiques et biologiques confirment une certaine théorie de l’évolution pour rendre compte du développement et de la diversité de la vie sur la terre» (idem).

          Bon! J’espère que ces solides sources suffiront pour clore la question de l’évolution une fois pour toutes. Continuerez-vous à estimer, comme monsieur Germain, que cette théorie est incompatible avec la «pensée métaphysique», la «création d’origine» et le «phénomène d’objectivation» de Marlière? À vous d’en juger mais j’aimerais bien le savoir. Car si la notion d’évolution est incompatible, je tire la conclusion que ce ne peut pas être parce qu’elle est fausse mais bien parce qu’il y a quelque chose de défectueux, que j’ai maintes fois identifié ici, dans la «pensée métaphysique» de l’abbé, en autant que vous la représentez correctement.

          Votre deuxième question conteste mon affirmation qu’une «épistémologie nouvelle» est à la base de mon ouvrage, théorie de la connaissance qui m’aurait permis d’identifier deux lois de l’évolution. Vous me dites qu’il n’y a rien de nouveau là-dedans puisque la «loi d’adaptation» est celle émise par Darwin, tandis que l’abbé Marlière a «longuement exposé, comme un « nouveau regard », dans son oeuvre» la conversion de la catéchèse chrétienne qui correspond à la «loi de dépassement» de mon ouvrage. Ce qui m’étonne le plus chez vous, c’est que vous puissiez critiquer ma pensée sans avoir pris connaissance de mon ouvrage. Il me faudrait vous référer à un grand nombre de passages pour répondre à votre contestation. Je vais y répondre ici sans nuances par une boutade que vous comprendrez peut-être. Une parabole, si vous voulez. Ce qu’il y a de nouveau, d’inédit et de sans précédent dans l’histoire de l’humanité, ce ne sont pas les lois de l’évolution mais le fait que les deux frères Darwin et Marlière sont réconciliés. Hé oui! Ils habitent sous le même toit, travaillent en synergie à la même oeuvre, celle du salut de l’humanité et de la gloire de Dieu.

          Quant à votre dernière question, c’est un fait que je ne crois pas du tout, mais vraiment pas du tout, que l’univers physique spatio-temporel est un effet du péché originel, ou du «mauvais choix» d’Adam et Ève. Je ne crois pas non plus, mais pas du tout, que la «tunique de peau» évoquée dans le deuxième récit de la création de la Genèse puisse signifier le côté matériel et corporel du monde visible ni le corps de chair et de sang du premier couple humain. Dans ma «deuxième lettre à un ami métaphysicien», j’ai bien démontré que cette interprétation est abusive et ne correspond certainement pas à la pensée ni à l’intention du scribe biblique. Si vous cherchez sincèrement la vérité, je vous invite à y consacrer une attention particulière.

          Ceci dit, cela ne signifie pas que je ne crois pas «à la conséquence de ce péché du premier couple». Au contraire, je suis très conscient de ses immenses et horribles conséquences. Mais là encore, il me faudrait référer pratiquement à la moitié de mon ouvrage pour les évoquer. Les affreuses tortures et le gibet de la croix de Jésus en sont la conséquence ultime et les résume toutes.

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15 réponses à 1-La petite guerre entre foi et sciences

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