Recherche par date
mars 2024
D L M M J V S
 12
3456789
10111213141516
17181920212223
24252627282930
31  
Archives

Dans mon premier article, j’ai soutenu que les connaissances scientifiques actuelles remettent en question notre perception de certains éléments de la révélation chrétienne. Comme la conclusion eschatologique de l’Histoire, généralement associée à la fin du monde. Non pas la vérité elle-même, il va sans dire, mais l’interprétation que nous en faisons.

Se pourrait-il que la fin de notre monde puisse être causée par une humanité exploitant abusivement les forces de la nature?

La nuance est capitale. La vérité ne change pas mais la compréhension que nous en avons, marquée qu’elle est par notre culture et l’état de nos connaissances, peut être obsolète. Pour ajuster notre discours de croyant aux conditions nouvelles que traverse l’humanité dans sa marche, notre intelligence de la foi DOIT évoluer.

Un constat qui impose au peuple de Dieu l’obligation de renouveler périodiquement sa démarche intellectuelle, pour produire une théologie revue et corrigée, adaptée à l’évolution du monde. Une adaptation qui n’implique absolument pas une trahison des dogmes de foi. Changer d’habit ne change pas la personne. Il s’agit de transposer les énoncés de la foi sans toucher à un iota de la vérité révélée.

Rien à perdre et tout à gagner d’une telle démarche. Le peuple de Dieu s’en trouvera rajeuni et dynamisé par un nouveau souffle dans sa fonction d’indiquer le chemin du salut à ­l’humanité.

Doctrine incontournable

Mais pour parvenir à parler un langage que le «monde» peut comprendre, elle doit expurger les idées toutes faites qui parasitent sa Tradition et éteindre les préjugés amalgamés abusivement au dépôt de la foi au cours des âges.

Voilà l’ascèse qu’elle se doit de pratiquer: se dépouiller des idées préconçues et des formulations caduques pour se laisser inspirer par les visions de l’à-venir. Il s’agit en définitive de montrer la trouée par laquelle l’humanité peut s’échapper de l’impasse historique contre laquelle elle se bute d’âge en âge.

En sorte qu’elle sera en mesure de choisir la voie chrétienne de la liberté authentique… ou de refuser de s’y engager. À son grand dam, c’est le cas de le dire!

En regard de la dimension sociale de la vie humaine, la doctrine eschatologique est donc utile, nécessaire même. En projetant le devenir du genre humain vers une finalité, elle autorise un regard lucide sur le présent de la société. Elle permet de jauger l’état spirituel de la civilisation et d’extrapoler les conséquences à long terme de ses choix.

Par conséquent, l’eschatologie interpelle la cité terrestre en vue de sa conversion. Un peu comme la méditation sur la mort peut produire chez un individu une remise en question de son orientation et la réforme de ses moeurs. La révélation que l’humanité terrestre ne durera pas toujours et qu’elle devra répondre de son devenir en se confrontant au jugement de Dieu est donc salutaire.

Quelle fin?

Toute la question reste de savoir si cette «fin du monde» est bien celle que l’on imagine! Est-elle une menace non identifiée planant comme un sombre nuage au-dessus de l’humanité? Ou un cataclysme cosmique dont l’escalade des catastrophes terrestres annoncerait la proximité et serait le signe avant-coureur?

Pour celui qui regarde en direction de l’éternité divine, la fin du monde sera toujours imminente. À chaque moment de l’Histoire, la fin est proche parce que Dieu, au-delà de la succession des siècles, demeure toujours au présent. Aujourd’hui, hier et demain, Il guide l’humanité en fonction de sa destination ultime.

Quel destin?

Mais par où passe-t-il, ce destin, ce devenir? Par la mort ou par la vie? Par la fin du monde ou par l’entrée de l’humanité dans la condition immortelle?

La réponse dépend de la perspective de chacun. Elle est tributaire du rôle joué dans le scénario tragique de la vie terrestre.

Celui qui rejette le Créateur mordra amèrement la poussière. Il a donc tout à fait raison de «cauchemarder». Mais pour celui qui met sa confiance en Dieu, il s’agit d’un embrassement sans fin, d’une étreinte amoureuse sans déclin avec Lui. Il est donc pleinement justifié d’aspirer au «Jour» qui le verra revêtir un corps immortel.

Quelle stratégie?

C’est sur cette dernière option que l’on se doit aujourd’hui de braquer le phare de l’Évangile. De manière à attirer vers Dieu par amour et non par la peur. La séduction plutôt que la contrainte.

Un choix stratégique qui détermine l’attitude du croyant. Nous sommes dans l’expectative d’une solution à l’impasse humaine individuelle et collective. Conséquemment, nous ne vivons pas dans la crainte. Bien au contraire, nous anticipons joyeusement notre libération lors de la venu de notre Sauveur dans la gloire.

Et la souffrance?

Mince consolation, pourra-t-on objecter, que l’espérance en un devenir meilleur dans un monde qui se débat dans les affres de l’injustice sociale, de la misère morale et de la pauvreté spirituelle. La vision idyllique du retour de Jésus ne représente-t-elle pas une fuite aux antipodes de la réalité? La béatitude éternelle semble une réalité bien lointaine et inaccessible à ceux qui pâtissent. Quel est le sens de leur souffrance?

L’on peut toujours donner une réponse spirituelle à cette question et trouver dans le mystère de la croix la justification surnaturelle des malheurs que traverse l’humanité dans son périple. Mais l’on peut aussi essayer d’en comprendre humainement le sens. Et pour ce faire, il n’est pas absurde de recourir à l’éclairage de la sagesse humaine. Les connaissances scientifiques peuvent en effet fournir un socle pour asseoir fermement nos convictions de foi.

L’évolution biologique

Dans la première partie de ma réflexion, j’ai soutenu que les connaissances astrophysiques actuelles révolutionnaient nos perspectives de foi. Nous savons aujourd’hui que le cosmos est d’une telle immensité qu’il est devenu impensable d’assimiler la conclusion eschatologique de l’Histoire terrestre à la fin de l’univers.

Les connaissances biologiques modernes peuvent également apporter un éclairage inédit à cette question. Car elles permettent de limiter la portée du discours eschatologique en cautionnant l’interprétation qu’il s’agit bien de la «fin d’un monde». Plus précisément, le nôtre, celui de l’humanité sur la terre.

Les paléontologues peuvent le démontrer en se référant à certains mécanismes de l’évolution biologique. On peut en effet trouver des parallèles de «fin d’un monde» dans l’histoire de la montée des vivants sur notre planète.

On estime que la vie est apparue sur la terre, il y a environ 4 milliards d’années sous la forme des unicellulaires. Ces organismes d’une seule cellule ont proliféré en se diversifiant au plan des formes et des fonctions pendant plus de 2 milliards d’années avant qu’un événement nouveau dans l’histoire de la vie ne se manifeste. Il s’agit de l’entrée en scène des multicellulaires (c’est-à-dire les organismes formés de plusieurs cellules).

Mais avant l’apparition de ces derniers, les unicellulaires ont dû subir une catastrophe majeure. Ils avaient tant proliféré et leurs populations étaient si denses qu’ils ont fini par s’empoisonner avec leurs propres déchets.

C’est précisément cette pollution qui a provoqué le bond qualitatif des unicellulaires aux pluricellulaires. Si nous sommes là aujourd’hui —puisque nous sommes tous des multicellulaires—, nous le devons en quelque sorte à cette catastrophe qui a décimé le monde des unicellulaires.

On peut trouver un autre exemple de cataclysme purificateur dans l’extinction soudaine des dinosaures. Ces reptiles dominaient si bien la terre entière qu’aucune autre forme de vie ne pouvait survivre dans leur sillage. Sous leur régime, la puissance débridée, la férocité étaient parvenues à la limite de la tolérance. Tout se passait comme si l’évolution avait perdu le contrôle de leurs formes. Ces animaux récupéraient la force vitale pour produire toujours plus de monstres massifs, et de plus en plus féroces. L’évolution était parvenue à une impasse. De sorte que seule une intervention extérieure pouvait mettre fin au règne des reptiles.

Cet événement (accidentel ou providentiel?) se concrétisait sous la forme d’un énorme météore qui, en tombant dans la péninsule du Yucatan au Mexique, a provoqué un refroidissement brutal de la planète. La structure biologique des reptiles ovipares, et notamment leur système de reproduction, n’a pas eu le temps de s’adapter à des conditions aussi subites. La progéniture a été tuée dans l’oeuf par le froid.

L’ordre dinosaurien était extirpé jusqu’aux racines. Et tandis que l’ère des grands reptiles s’éteignait, celle des mammifères prenait son essor en proliférant dans les sillons creusés par ces monstres dans l’inextricable forêt tropicale.

Et l’humanité…

L’humanité serait-elle à l’abri de telles purifications? Pourquoi ferait-elle exception? N’est-elle pas à la fine pointe de l’évolution? Et elle peut, comme les dinosaures, prendre un mauvais aiguillage. Cela est arrivé dans le passé et pourrait bien encore se produire dans l’avenir. En tout cas, la Bible fait clairement allusion à cette loi de l’évolution. C’est du moins ainsi que l’on peut interpréter le récit du déluge dans la Genèse.

Au temps de Noé, les hommes étaient devenus si odieux que la nature a dû déchaîner ses forces pour les anéantir. Mais dans la foulée de cette destruction a pu naître une humanité nouvelle, structurée autrement même au strict plan biologique.

La Bible précise en effet qu’avant le déluge, l’humanité était végétarienne (Gn 1, 29) mais après, elle sera carnivore (Gn 9, 3). Les hommes vivaient mille ans avant, mais après, la durée de vie d’un homme diminuera graduellement jusqu’à 80 ans.

L’historicité de ces détails n’a pas d’importance. Il s’agit d’une légende qui utilise des images symboliques, faute de mieux, pour évoquer la profondeur et l’importance des changements survenus lors du passage d’une espèce humaine primitive (homo erectus?) à l’espèce actuelle (homo sapiens). Rien de moins qu’un ordre nouveau! Ce que l’on peut retenir entre autre de cet enseignement, c’est que l’humanité peut encore se confronter aux «tout-puissants dinosaures» d’aujourd’hui et à des impasses comparables à l’humanité antédiluvienne.

La fin d’UN monde

Où en sommes-nous à cet égard? À chacun d’en juger et de tirer ses propres conclusions. Est-elle proche la fin des hommes sans pitié? Achève-t-il le règne des puissants, des riches et des intelligents selon le monde?

Ne serions-nous pas sur le point de nous empoisonner par nos déchets comme les unicellulaires? Et la nature pourra-t-elle encore longtemps supporter sa destruction par des hommes impies et sans conscience, gouvernés exclusivement pas l’appât du gain?

Qu’à cela ne tienne! Dans leur sillage, dans la foulée des conquêtes scientifiques que la vieille humanité aura laissées sur son passage, des hommes nouveaux —les saints de demain— pourront prendre leur essor pour créer une société fondée sur l’amour. Ils seront ces «oiseaux qui volent au zénith», ralliés par un ange du ciel pour «le grand festin de Dieu» (Ap 19, 17 +). Ils pacifieront la terre, la nettoieront des ordures, vestiges encore fumant d’une humanité révolue et dépassée qui, dans le «monde nouveau», aura vite sombré dans l’oubli.

«O ciel, sois dans l’allégresse sur elle, et vous, saints, apôtres et prophètes, car Dieu, en la condamnant, a jugé votre cause.
Un Ange puissant prit alors une pierre, comme une grosse meule, et la jeta dans la mer en disant:
«Ainsi, d’un coup, on jettera Babylone, la grande cité, on ne la verra jamais plus…
Le chant des harpistes et des trouvères et des joueurs de flûte ou de trmpette chez toi ne s’entendra jmais plus;
les artisans de tout métier chez toi ne se verront jamais plus;
et la voix de la meule chez toi ne s’entendra jamais plus;
la lumière de la lampe chez toi ne brillera jamais plus;
la voix du jeune époux et de l’épousée chez toi ne s’entendra jamais plus.
Car tes marchands étaient les princes de la terre, et tes sortilèges ont fourvoyé tous les peuples;
et c’est en elle que l’on a vu le sng des prophètes et des saints, et de tous ceuz qui furent égorgés sur la terre»
(Ap 18, 20-24).

Autres articles pertinents:

Fin du monde ou fin d’Un monde?
Ce n’est pas encore la fin

4 réponses à 2- Pour bientôt la fin du monde?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *