Un rapport du ministère de l’Éducation reconnaît l’excellence des écoles chrétiennes en Israël… pourtant menacées par la perte de leurs subventions.
La rentrée 2016 approche, et le père Abdel Massih Fahim est déjà sur le pont, dans son bureau de la vénérable école Terra Santa à Acre. Les programmes, les agendas et les remplacements ne sont pas ses soucis principaux : son établissement est menacé de faillite, faute de la subvention promise par l’État israélien.
Plus aucune aide pour les écoles chrétiennes
Une perspective qu’il refuse : « Je ne laisserai pas enterrer une école vieille de quatre cents ans – Terra Santa d’Acre a été fondée en 1728… Nous ne la laisserons pas enterrer, et nous ne braderons pas la qualité de l’enseignement dispensé ici ! ». Il doit se rendre à une nouvelle réunion samedi 27 août, dans l’espoir que l’État israélien tienne enfin ses engagements. « Où sont les droits de l’homme ? » S’interroge-t-il, alors que les écoles juives privées reçoivent l’argent de l’État, les écoles chrétiennes n’ont plus aucune aide, et sont mises devant une situation financière impossible : une ordonnance du ministère limite la possibilité, pour les écoles chrétiennes, de recevoir des fonds de la part des parents d’élèves.
Au mois de septembre 2015, un bras de fer avait opposé l’État israélien aux écoles chrétiennes. En cause, la diminution dramatique des subventions accordées aux écoles privées chrétiennes. Une grève d’une ampleur inédite avait alors commencé, et avait abouti à un accord qui prévoyait le versement de 50 millions de shekels (12 millions d’euros). En échange, les directeurs des écoles chrétiennes s’étaient engagés à ne plus recourir à la grève. Or l’échéance prévue pour le versement, fixée au 31 mars 2016, a été dépassée sans que les écoles ne reçoivent l’argent. Aucune raison n’a été avancée pour justifier ce retard de paiement.
Des établissements chrétiens en haut du classement
Cette semaine, un classement du ministère israélien de l’Éducation place les écoles chrétiennes parmi les meilleures du pays, et Terra Santa à Acre est en haut de la liste. Elles ne sont pourtant en rien élitistes, assure Mgr Giacinto Boulos Marcuzzo, vicaire patriarcal latin pour Israël. « Nous prenons les enfants dès la maternelle, sans discrimination, nos élèves sont bons parce que nos professeurs savent tirer d’eux le meilleur d’eux-mêmes ! » Toutes les religions y sont représentées et près de 50% d’entre eux sont musulmans.
Parmi les professeurs chrétiens, on murmure que certaines personnes au sein du gouvernement israélien souhaitent la disparition de l’excellence de l’enseignement chrétien dans leur pays… On dit aussi qu’un kamikaze, qui tue des innocents, est un opposant plus facile à gérer qu’un adversaire politique bien renseigné. L’existence, et la publication, du classement du ministère de l’Éducation prouve toutefois que le gouvernement israélien n’est pas une entité monolithique.