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Samiak Moreh Sedgh est le seul député de confession juive au parlement iranien.
Le reste de la diaspora habite dans les grandes villes comme Ispahan et Shiraz, mais aussi dans de plus petites agglomérations comme Yazd, Sanandaj mais aussi à Hamedan, le plus important lieu de pèlerinage pour les juifs iraniens où se trouve notamment la tombe d’Esther et Mardochée, figures de l’ancien testament, connus pour avoir obtenu tous deux de Xerxès Ier qu’il protège les Juifs de la menace de l’un de ses Vizirs.
La population juive a même atteint 100 000 individus pendant l’ère du Shah (1941-1979) mais nombre d’entre eux fuirent après la Révolution islamique de 1979 sans connaître les droits qui leur étaient accordés. Quelque temps après les soulèvements populaires, l’ayatollah Khomeini les avaient en effet déclarés « minorité protégée ». Dès lors, à ce titre, ils étaient libres de prier Yahvé comme il l’entendait. Tels les chrétiens ou les zoroastriens, les Juifs d’Iran obtenaient dans le même temps un siège au Majlis, le parlement iranien.
Leur actuel représentant s’appelle Samiak Moreh Sedgh, 60 ans, seul député de confession juive. Élu pour la troisième fois consécutive, il est aussi le directeur du plus grand hôpital d’Iran, le Sapir. Cette gigantesque structure au centre de Téhéran avec ses immenses inscriptions en hébreu attire irrésistiblement l’attention des passants.
À l’intérieur, dans les couloirs, surprise : les patients comme les membres du personnel sont pour la plupart musulmans. « Bienvenue en Iran ! », lance joyeusement Moreh Sedgh en ouvrant la porte de son bureau et en nous proposant aussitôt des cigarettes et du café. Remarquant notre étonnement, il ajoute : « Les juifs et les chiites défendent ensemble la vie, non ? ».
« Vous voyez ce mur ?, poursuit-il. Prenez-le en photos et montrez-le chez vous. » Tournant alors la tête, nous remarquons à côté du drapeau iranien deux portraits : le premier de l’ayatollah Khomeini, le second de son successeur Khamenei, tous deux posés juste au-dessus d’un tableau représentant Moïse et Aaron. De part et d’autres, sur des étagères, sont disposés des objets typiques issus du judaïsme : un chandelier à sept branches, des kippah, une Torah.
« Les Juifs en Iran sont libres de prier et de vivre où ils veulent. Imaginez que pendant l’Holocauste nombre d’entre eux sont venus ici pour être en sécurité. Aujourd’hui, nous nous confrontons aux mêmes problèmes que ceux des Iraniens de confession islamique : en particulier le travail et la crise économique mondiale », affirme-t-il.
« Nous sommes juifs mais sommes prêts à défendre l’Iran »
« Nous sommes une partie active de cette nation et, élément assez important pour le souligner, il n’y a aucun ghetto ici : nous avons toujours vécu mélangés avec les autres groupes ethniques. Nous avons un passé commun car, avant la révolution de 1979, de nombreux juifs étaient opposés au régime du Shah d’Iran et ont été jetés en prison. Beaucoup d’entre nous se sont battus au front pour défendre notre pays lors de la guerre qui nous opposait à l’Irak », rappelle l’élu.
« Nous sommes juifs mais sommes prêts à défendre l’Iran si quelqu’un s’en prend à nos intérêts nationaux, précise-t-il. Nous pensons en persan car nous appartenons à la nation iranienne et, ne serait-ce que pour cette raison, nous sommes différents de la majorité des juifs dans le monde. »
Le directeur témoigne d’une loyauté à toute épreuve envers sa patrie et son avis sur l’État d’Israël ne fait pas exception. « Notre position est celle du gouvernement iranien : le conflit du Moyen-Orient ne pourra pas être résolu si l’auto-détermination des peuples, en particulier celle des Palestiniens, n’est pas respectée. Vous ne pouvez pas prétendre vouloir la paix sans viser à accorder les mêmes droits à tous. Il n’y aura pas de paix au Moyen-Orient tant que le peuple palestinien ne bénéficiera pas des mêmes droits fondamentaux que n’importe quel autre citoyen. »