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Cinq chrétiens, dont quatre pasteurs, ont été condamnés pour « exercice illégal de la médecine » parce qu’ils avaient prié au chevet d’une mère de famille à l’agonie. Les cinq chrétiens qui avaient été blanchis en août dernier des accusations de meurtre qui avaient été portées à leur encontre viennent d’être inculpés pour « exercice illégal de la médecine », écopant de neuf mois de prison ferme.

Photo: Églises d'ASIE

Photo: Églises d’ASIE

Plusieurs ONG et mouvements de défense des droits de l’homme se mobilisent pour dénoncer une « atteinte aux droits les plus élémentaires ».

« Prestations médicales sans diplôme »

Le 12 février dernier, le tribunal de la province de Savannakhet a rendu son verdict, statuant sur la base de l’article 82 du Code pénal laotien sur les « prestations médicales sans diplôme ». Quatre pasteurs protestants – MM. Kaithong, Puphet, Muk et Hasadee –, ainsi qu’un fidèle du nom de Tiang sont accusés d’avoir tué en voulant la soigner, une femme mourante au chevet de laquelle ils étaient venus prier pour la soutenir dans ses derniers instants.
Le 6 août dernier pourtant, le bureau du procureur de la province de Savannakhet avait acquitté les cinq chrétiens emprisonnés, déclarant qu’ils n’avaient « commis aucun acte criminel ». Ces derniers n’avaient pu cependant être libérés, dans l’attente de la décision des autorités du district d’Atsaphangthong (Aleteia).
« La décision du tribunal confond la prière pour les malades et l’exercice illégal de la médecine », a ironisé l’ONG Human Rights Watch for Lao Religious Freedom (HRWLRF), basée aux Etats-Unis, qui suit le dossier de ces cinq chrétiens depuis le début de l’affaire.

« Un droit découlant de la liberté religieuse »

« Prier pour une guérison est un droit découlant de la liberté religieuse et de la croyance de chacun ; cela ne constitue en aucune façon une pratique médicale et il n’est nul besoin d’un diplôme quelconque ; cette décision du tribunal n’a aucun fondement juridique », a déclaré l’ONG qui a rappelé que la mourante avait expressément demandé aux cinq chrétiens de venir à son domicile pour y prier, ce qu’ils avaient fait, sans faire usage d’aucun médicament.
Les leaders protestants, dont le procès dure déjà depuis huit mois, ont été accusés d’être à l’origine de la mort de Mme Chan (Chansee), décédée le 22 juin des suites d’une longue et grave maladie, dans le village de Saisomboon, dans le district d’Atsaphangthong, à son retour de l’hôpital. Mère de huit enfants et bouddhiste, elle s’était convertie au christianisme en avril dernier, tout comme ses huit enfants ; une situation qui contr

ariait particulièrement les bouddhistes du village qui exerçaient des pressions constantes pour que les nouveaux convertis reviennent « à la religion de leurs ancêtres ».
Les cinq responsables chrétiens étaient venus assister Mme Chan dans ses derniers instants et prier pour elle, à sa demande. Le jour même du décès, le chef du village donnait à la famille de la défunte l’autorisation d’organiser une cérémonie chrétienne et d’inhumer Mme Chan sur leurs terres, Saisomboon faisant partie des villages où les chrétiens se voient refuser les droits funéraires.

Collusion entre bouddhistes et communistes

Mais quelques instants avant les funérailles, le chef du village revenait sur son engagement et interdisait l’enterrement. Avec l’aide du secrétaire local du Parti communiste, il tentait ensuite d’intimider la famille de Mme Chan en demandant à ses membres de signer un acte d’abjuration de leur foi.
Suite à cet incident, Mme Kaithong, pasteur de l’église de Saisomboon, déposait une plainte auprès du responsable du district d’Atsaphangthong. Le lendemain 24 juin, elle était arrêtée par la police locale, ainsi que M. Puphet, pasteur de l’église du village de Donpalai, M. Muk, leader de la communauté chrétienne de Huey, M. Hasadee, chef de l’église de Bungthalay, et M. Tiang, l’un des fidèles présents sur place.

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