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…une lettre pastorale pour l’anniversaire de Roe vs Wade

Nous reproduisons ici en 2 articles la traduction en français (par CQV) de la lettre pastorale de l’archevêque de Denver, Mgr Samuel J. Aquila, à l’occasion du 40e anniversaire de la cause Roe/Wade qui a légalisé les avortements aux États-Unis.

Traduction du texte sur l'affiche derrière  Norma McCorvey: «Je pense qu'il est légitime de soutenir que l'industrie de l'avortement est basé sur un mensonge... Je consacre le reste de ma vie à défaire la loi qui porte mon nom». Norma McCorvey

Traduction du texte sur l’affiche derrière Norma McCorvey: «Je pense qu’il est légitime de soutenir que l’industrie de l’avortement est basé sur un mensonge… Je consacre le reste de ma vie à défaire la loi qui porte mon nom». Norma McCorvey, alias Jane Roe de la cause Roe vs Wade.

Chers frères et sœurs dans le Christ

Je suis allé à l’université en 1968 avec l’idée de devenir médecin, comme mon père. Les campus à la fin des années 60 et tout au long des années 70 étaient des lieux de tourmente. Je n’ai pas bien pratiqué ma foi au cours des trois premières années de collège et je n’ai certainement jamais imaginé que le Seigneur, un jour, ferait de moi un évêque.

J’ai passé mes trois premières années de collège à travailler comme infirmier hospitalier, aidant à la salle d’urgence, à un centre universitaire de santé des élèves et dans un hôpital de Californie, pendant les vacances d’été.

Quand j’ai commencé ce travail, je n’avais pas beaucoup réfléchi à la souffrance humaine, ou à la dignité humaine.

Mais au cours de mon emploi dans les hôpitaux, quelque chose a changé. À cette époque, certains États ont approuvé des lois sur l’avortement et je n’étais même pas au courant. En raison de ces lois, quand j’étais au collège, j’ai vu les résultats de deux avortements.

Le premier était dans un service de chirurgie. Je suis entré dans une salle extérieure et dans l’évier, sans surveillance, était le corps du petit enfant à naître qui avait été abandonné. Je me souviens avoir été assommé. Je me souviens avoir pensé que je devais baptiser l’enfant.

Le deuxième avortement était plus choquant. Une jeune femme entra dans la salle d’urgence en criant. Elle a expliqué qu’elle avait déjà subi un avortement. Lorsque le médecin l’a renvoyé chez elle, il lui a dit que tout le reste allait se passer naturellement. Elle saignait alors que le médecin, son petit ami, l’infirmière et moi l’avons posé sur une table.

J’ai tenu un bassin pendant que le médecin a récupéré un petit bras, une jambe minuscule et puis le reste du corps brisé d’un petit enfant à naître. J’étais choqué. J’étais attristé pour la mère et l’enfant, le médecin et l’infirmière. Aucun d’entre nous n’aurait participé à une telle chose s’il n’y avait pas eu urgence. J’ai vu un petit homme être détruit par la violence.

Ma mémoire me hante. Je n’oublierai jamais que je fus témoin d’actes d’une brutalité inouïe. Dans les avortements dont j’ai été témoin, les gens forts ont pris des décisions qui ont tué la vie des petits, des faibles, des enfants. À travers les mensonges et les manipulations, les enfants ont été considérés comme des objets. Les femmes et les familles étaient convaincues que la fin de leur vie serait indolore, et oubliable. Les experts ont présenté des arguments apparemment convaincants que les enfants à naître ne sont pas du tout des personnes, qu’ils ne peuvent pas ressentir la douleur, et qu’ils étaient mieux morts.

J’ai été témoin de la mort de deux personnes de petite taille qui n’ont jamais eu la chance de prendre une grande respiration. Je ne pourrai jamais l’oublier. Et je n’ai jamais été le même. Ma foi était faible à l’époque. Mais je savais que par ma raison, et par ce que j’ai vu, que la vie humaine a été détruite. Ma conscience fut éveillée à la vérité de la dignité de l’être humain dès le moment de sa conception. Je suis devenu pro-vie et j’ai fini par retourner à ma foi.

J’ai appris ce que la dignité humaine était quand je l’ai vue cyniquement ignorée. Je sais, sans l’ombre d’un doute, que l’avortement est un acte violent de meurtre et d’exploitation. Et je sais que notre responsabilité est de travailler et de prier sans cesse pour la fin de l’avortement.

Le repentir, la prière, le renouvellement

À chaque messe, avant de recevoir l’Eucharistie, l’Église nous enseigne à considérer et à confesser notre péché. Quand nous prions le Confiteor à la messe, nous proclamons les péchés de « ce que j’ai fait, et de ce que j’ai omis de faire. »

Nous demandons au Seigneur sa miséricorde. Nous demandons aux autres leurs prières.

À l’acte pénitentiel, nous reconnaissons les fois où nous avons choisi le péché, ainsi que les temps où nous avons choisi de ne rien faire face à la méchanceté de ce monde. Nos péchés d’omission permettent le mal. Ils permettent l’injustice. À l’acte pénitentiel, je pense parfois aux avortements dont j’ai été témoin et mon cœur éprouve toujours de la tristesse. Je demande pardon pour les médecins, les infirmières, les politiciens, et d’autres qui soutiennent l’avortement si ardemment et je prie pour leur conversion.

Aujourd’hui, nous reconnaissons le 40e anniversaire de Roe vs Wade, nous reconnaissons 40 ans de meurtres légaux dans notre pays. Aujourd’hui, nous reconnaissons l’impact de ces 40 ans. Tolérer l’avortement depuis 40 ans nous a abrutis. Nous avons appris à voir les gens comme des problèmes et des objets. Au cours des quatre décennies qui ont suivi Roe vs Wade, notre nation a trouvé de nouveaux moyens pour affaiblir la famille, de marginaliser les pauvres, les sans-abris, les malades mentaux, nous avons trouvé de nouvelles façons d’exploiter et d’abuser.

Aujourd’hui, nous devons reconnaître que 40 ans de meurtres légalisés ont donné à la culture de mort une assise solide, une base dans notre nation.

Nous devons aussi reconnaître notre péché. Lorsque nous examinons ce que l’avortement a causé de dommages dans notre culture, nous devons nous repentir de nos péchés d’omission. Nous, les chrétiens avons une responsabilité pour notre honte nationale. Certains d’entre nous ont soutenu des positions pro-choix. Beaucoup d’entre nous n’ont pas réussi à changer les mentalités ou gagner les cœurs. Nous n’avons pas réussi à convaincre notre culture que toute vie a une dignité. Dans la perspective d’un mal indicible, nous avons fait trop peu, trop longtemps, avec des résultats tragiques.

Aujourd’hui est un jour pour se repentir. Mais avec la repentance vient la résolution de réparer. Le 40e anniversaire de Roe vs Wade est un jour pour s’engager à promouvoir une culture de vie. Aujourd’hui, le Seigneur nous appelle à nous lever.

Quand j’ai travaillé dans des hôpitaux de l’université, je ne savais pas ou ne comprenais pas ce que l’Église enseigne sur la vie humaine. J’ai appris par des expériences que la vie humaine est détruite dans chaque avortement. Mais je n’étais pas préparé à défendre la vie, préparé à voir la dignité humaine réelle, et encore moins à la proclamer. Je prie pour que personne d’entre vous, chers frères et sœurs, ne se retrouve jamais dans cette position où j’étais il y a tant d’années. Je prie pour que vous soyez prêts à défendre la vérité sur la vie humaine.

La vie est un don de Dieu

L’enseignement de l’Église sur la dignité de la vie humaine est clair. « La vie humaine », affirme le Catéchisme de l’Église catholique, « doit être respectée et protégée de manière absolue depuis le moment de la conception. Dès le premier instant de son existence, l’être humain doit se voir reconnaître les droits de la personne, parmi lesquels le droit inviolable de tout être innocent à la vie ». [1]

Le droit inviolable à la vie est enseigné dans l’Écriture, la Tradition sacrée, et le témoignage de la loi morale naturelle. L’Église croit que la vie est un droit donné par Dieu, et un cadeau. Notre existence même est une expression de l’amour que Dieu a pour nous, l’amour du Seigneur pour nous nous a littéralement donné l’existence, et son amour parle de la valeur de la personne humaine. Nous prenons le don de la vie au sérieux, parce que chaque être humain est une création unique de Dieu le Père.

Au moment de la conception, nous recevons le don de la vie, et le droit à la vie. « Avant même de te former au ventre maternel », dit le Seigneur au prophète Jérémie : « Je t’ai connu; avant même que tu sois sorti du sein, je t’ai consacré; » [2]

La dignité humaine commence avec le don divin de la vie. Mais notre dignité est enrichie parce que Jésus-Christ, le Fils de Dieu, a choisi de vivre parmi nous en tant qu’être humain. En raison de l’Incarnation, tous les êtres humains peuvent partager non seulement la dignité humaine, mais la dignité divine. Notre vie humaine nous permet de partager la vie même de Dieu, partager la vie intime de la Trinité. L’Église enseigne que « La vie est sacrée », « parce que… elle reste toujours dans une relation spéciale avec le Créateur, qui est son unique fin. » [3]

La dignité et le caractère sacré de la vie humaine ont très clairement des implications morales : la vie humaine innocente est absolument inviolable. « (…) tuer directement et volontairement un être humain innocent », enseigne l’Église », est toujours gravement immoral ». [4]

« Que l’on soit le maître du monde ou le dernier des “misérables” », enseignait le bienheureux Jean-Paul II en 1993, « cela ne fait aucune différence : devant les exigences morales, nous sommes tous absolument égaux » [5]. L’Église condamne sans équivoque l’avortement, l’euthanasie, l’expérimentation sur l’embryon et sa destruction, et le ciblage des civils dans la guerre.

L’Église prend la dignité humaine tellement au sérieux qu’elle enseigne que, sauf dans les « cas de nécessité absolue », la peine de mort est immorale. [6]

Tuer de manière injuste est un rejet du don de Dieu.

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