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Alors que le pays connaît de graves troubles depuis début avril, l’Église s’est pleinement engagée dans l’opposition au gouvernement socialiste, à ses risques et périls.

Kévin Boucaud-Victoire

La situation est plus tendue que jamais entre le gouvernement vénézuélien et l’Église catholique. Cette dernière a appelé à une journée de prière et de jeûne ce vendredi 21 juillet, à la suite de la fusillade qui s’est déroulée le 16 juillet devant l’église El Carmen, à Catia, qui a causé la mort d’une femme de 61 ans et blessé trois personnes. Les responsables seraient des hommes vêtus de noir, portant des casquettes et, pour certains, des sacs noirs et des bracelets qui traduisent leur proximité avec le gouvernement.

PD

Le lieu de culte servait de bureau de vote pour la consultation symbolique organisée par l’opposition au président Nicolas Maduro, à la suite de la révélation de son projet d’Assemblée constituante. Le cardinal Parolin lui-même, secrétaire d’État du Vatican, a envoyé un message de soutien à l’archevêque de Caracas pour lui faire part de son soutien après ce drame.

L’Église vénézuélienne était un des organisateurs — aux côtés de mouvements d’opposition de ce « scrutin » à valeur symbolique sur le projet de Constituante. Malgré son caractère non officiel, le vote a mobilisé. Plus de 7 millions de Vénézuéliens se sont déplacées aux urnes (6 492 381 personnes ont voté dans le pays et 693 789 à l’étranger). Le pays « a envoyé un message clair à l’exécutif national et au monde », a réagi la rectrice de l’Université centrale du Venezuela, Cecilia García Arocha. Une journée de grève générale se prépare ce jeudi 20 juillet, en plus de la prière et du jeûne le 21.

Aux origines de la crise

Le projet d’Assemblée constituante a largement accentué les troubles que connaît actuellement le pays d’Amérique du sud. Mais la crise remonte en fait à 2013, peu de temps après la mort d’Hugo Chavez, président du Venezuela depuis 1999.

Le pays est alors en proie à des difficultés économiques, marquées par la pénurie de biens de première nécessité, qui se sont amplifiées avec la chute vertigineuse des cours du pétrole, dont dépend 95% des exportations, depuis 2014.

Depuis avril 2017, les manifestations violentes se succèdent contre le gouvernement socialiste. Le bilan s’élève déjà à plus de 90 morts côté opposant. Fragilisé politiquement, le président Maduro a alors annoncé son projet de Constituante début juin.

L’exécutif a annoncé que l’Assemblée, chargée de réécrire la Constitution, serait élue le 30 juillet et que le texte serait ensuite soumis à un référendum.

Un vote qui devrait engager Maduro. L’opposition dénonce une manœuvre visant à bâillonner définitivement la démocratie. Selon l’institut Daranalisis, près de 70% des Vénézuéliens sont opposés au projet.

L’Église catholique, qui a accusé le pouvoir dériver vers une « dictature » le 8 juillet, partage ces avis. « Il ne s’agit plus d’un conflit idéologique entre la droite et la gauche », mais d’« une lutte entre un gouvernement devenu une dictature et tout un peuple qui réclame la liberté », a alors déclaré devant la presse Mgr Diego Padron, président de la Conférence épiscopale vénézuélienne (CEV). L’Église qui, bien que déjà critiquée par Maduro, s’était posée en médiatrice lors d’une tentative de dialogue entre les deux camps à la fin de 2016, a définitivement basculé du côté de l’opposition après l’échec de cette initiative. Le Vatican a ainsi officiellement fait part de ses craintes et a demandé « l’organisation des élections prévues constitutionnellement » et « la fin de la violence et à une solution pacifique et démocratique de la crise ».

 

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