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La précision infinitésimale des constantes qui interagissent pour la mise en place du monde physique peut inciter tout esprit conséquent, sans pourtant contraindre la liberté, à reconnaître dans l’univers l’immense “travail” d’un Architecte transcendant. C’est du moins une proposition que l’on peut induire de mon dernier article. Mais il y a plus ! Si le déploiement de la MATIÈRE cosmique dans l’espace et le temps a été conditionné par un réglage vertigineux d’une myriade de facteurs, par quel multiplicateur devrions-nous exposer la complexité de l’émergence de la VIE sur notre planète dans une toute première cellule, il y a quelque 3,5 milliards d’années ?

L'anglais Francis Frick et l'américain James Watson, des biologistes moléculaires, ont été récipiendaires d'un Nobel pour leur découverte de l'ADN.

L’anglais Francis Frick et l’américain James Watson, des biologistes moléculaires, ont été récipiendaires conjointement d’un Nobel pour leur découverte de l’ADN.

Complexité cellulaire
Des tenants du scientisme philosophique invoquent le hasard pour expliquer aussi bien la naissance de la vie sur notre planète que l’irruption de la matière lors du “Big bang”. Le hasard, c’est l’argument de dernier recours à la rescousse de la position athée face à la réalité objective. Et pourtant, un sociologue français, spécialiste de la modélisation, Pierre Périer, a calculé la probabilité d’obtenir “par hasard” une seule protéine indispensable à la formation d’une cellule vivante. Chaque protéine est constituée de 20 acides aminés synthétisés en une chaîne organisée. Le chercheur a conclu, en regard des myriades de séquences stériles possibles, que notre planète n’aurait pas eu assez de temps, durant ses 4,5 milliards d’années d’existence, pour former cette protéine par le hasard de la rencontre fortuite de ses éléments.

Or, la survie et la reproduction d’une simple cellule vivante requiert la combinaison d’une centaine de protéines : 5 pour synthétiser les corps gras, 8 pour l’approvisionnement en énergie, 10 pour la synthèse des nucléotides de l’ARN et de l’ADN et 80 pour synthétiser ses protéines[1]. Si bien que l’hypothèse de la création “par hasard” d’une première cellule vivante comportant non pas une mais 100 protéines est tout à fait invraisemblable. D’autant plus si l’on considère qu’il ne s’agit pas seulement d’une accumulation accidentelle d’un nombre astronomique de facteurs prétendument dus au hasard mais de l’unification synthétique de tous les éléments dans un ordre strictement immuable.

La biologie moléculaire précise que la vingtaine d’acides aminées d’une cellule dépendent des fonctions d’environ 2000 enzymes. Des mathématiciens ont calculé que les probabilités pour que la moitié seulement de ces enzymes puissent se rapprocher dans les séquences spécifiques d’une cellule dépassent l’ordre astronomique. Ce qui revient à dire que notre univers n’est pas assez vieux et pas assez vaste pour créer, “par hasard”, une demi cellule vivante.

Une comparaison
Dans L’évolution de l’Alpha à l’Oméga, j’ai comparé les conditions de formation de la première cellule vivante à la construction d’une automobile. L’exercice visait à invalider l’argument du hasard comme facteur déterminant de l’apparition de la vie sur notre planète en ramenant à notre échelle de perception le “travail” d’organisation extrêmement complexe de la structure cellulaire.

L’accumulation de tous les matériaux nécessaires à la construction d’une automobile n’en donnera jamais une, n’est-ce pas ? Au cours des quelque 13,8 milliards d’années d’existence du cosmos, le hasard pourrait faire à la rigueur – encore que j’en doute – que tous les matériaux de base requis, dans leur exacte mesure, se retrouvent pêle-mêle dans un tas quelque part sur une quelconque planète. Mais un tel hasard pour le moins extraordinaire, sinon même invraisemblable, ne suffirait pas pour faire démarrer la machine.

Pour obtenir une automobile, il faudra d’abord élaborer des plans très précis et recourir à d’habiles constructeurs. Il faudra fabriquer des milliers de pièces de formes différentes et les agencer méticuleusement avec une précision parfaite. À remarquer que le moindre oubli empêchera la structure complexe de fonctionner. Chaque élément est essentiel et doit être mis très précisément à sa place[2].

Et ce n’est pas tout. Toutes les pièces pourront être parfaitement assemblés, l’automobile demeurera stationnaire et ne fonctionnera toujours pas si on ne met pas d’essence dans son réservoir et si on ne lui donne pas la poussée initiale pour démarrer la combustion du moteur.

L’essence de l’automobile, pour la première cellule à l’origine de l’époustouflante diversité biologique planétaire, c’est l’énergie vitale. Quant à l’indispensable allumage initial, les écrasantes improbabilités mises au compte du hasard ne devraient-elles pas amener la bonne foi à reconnaître qu’il n’y a que l’invisible Auteur de la vie qui puisse en rendre compte ?

Une option non-scientifique
Comment encore invoquer le hasard ? Pour ceux qui professent l’athéisme, le hasard a bon dos. La vérité, c’est que TOUT CE QUI EXISTE A ÉTÉ PENSÉ ET VOULU… ce qui implique forcément un Créateur à l’œuvre. D’ailleurs, dans l’optique quantique[3], le hasard n’existe pas. Tout se tient. La moindre particule est solidairement reliée au grand tout universel. Les phénomènes qui paraissent tenir du hasard – comme la forme des nuages, les volutes de fumée qui s’élèvent d’une cheminée ou la structure variable des cristaux de neige – relèvent en fait d’un tel nombre de facteurs et conditions qu’il nous est impossible, à notre niveau de perception, d’identifier ce qui les détermine. C’est l’ignorance des véritables causes qui incite à justifier leur forme par le hasard.

Le recours au hasard pour rendre compte des réalités universelles ne relève donc pas d’un constat scientifique mais d’une option philosophique prédéterminée avant toute analyse objective. Einstein disait que « le hasard, c’est Dieu qui se promène incognito ». Et il a ciselé à sa manière caractéristique un aphorisme qui démasque la décision morale sur laquelle s’appuie la notion de hasard comme cause de la réalité : « Il n’y a que deux façons de vivre sa vie : l’une en faisant comme si rien n’était un miracle, l’autre en faisant comme si tout était un miracle ». En d’autres mots, on peut décider de vivre sa vie avec ou sans Dieu. Ce qu’il faut constater, c’est que cette option morale colore indélébilement la perception de la réalité, de sorte qu’elle peut être positivement ouverte au mystère de la vie ou négativement réduite à la matérialité.

Le « miracle » de la vie
Le biologiste britannique Francis Crick (1916-2004), récipiendaire avec le généticien et biochimiste américain, James Watson, d’un prix Nobel pour la découverte de l’ADN, est contraint, envers et contre toutes ses convictions profondes, de recourir à la notion de miracle pour expliquer l’apparition de la vie sur notre planète.

Un honnête homme, armé de tout le savoir à notre portée aujourd’hui, se devrait d’affirmer, dans un certain sens, que l’origine de la vie paraît actuellement à tenir presque du miracle, tant il y a de conditions à réunir pour l’enclencher »[4].

Un “presque miracle”, la vie ? L’expression est pour le moins inattendue, pour ne pas dire contradictoire, dans la bouche d’un scientifique notoirement antireligieux. « Le christianisme peut être OK en privé entre adultes consentants mais il ne devrait pas être enseigné à de jeunes enfants », ironisait-il. Comme si la foi en Dieu était une tare dont on devrait préserver la génération montante. Un tel préjugé antichrétien chez un scientifique de haut niveau s’explique par les dogmes d’un matérialisme pur et dur. Crick réduit tout aux interactions de la matière et refuse de reconnaître une quelconque dimension spirituelle au vivant. Et il ne cache pas le véritable but de ses recherches. « Je soupçonne que plusieurs travailleurs dans le domaine [la biologie moléculaire] et les domaines connexes sont fortement motivés par le désir, rarement exprimé actuellement, de réfuter le vitalisme. »[5] Le vitalisme postule que le vivant est irréductible à la matière. Cette conception philosophique, très majoritaire dans l’histoire de la pensée rationnelle, soutient qu’une force vitale invisible s’impose à la matière des organismes pour les animer. Une proposition souvent ridiculisée et rejetée sans procès par les matérialistes. « La connaissance exacte est l’ennemi du vitalisme. »[6], conteste encore le savant biologiste moléculaire.

Réduction matérialiste
Pour Crick, même la pensée rationnelle n’échappe pas à la réduction matérialiste. « Les activités mentales d’une personne sont entièrement dues au comportement de cellules nerveuses, de cellules gliales et des atomes, ions et molécules qui les produisent et les influences. »[7] Dans le même livre, il écrit encore en interpellant directement le lecteur. « “Toi”, tes joies et tes peines, tes souvenirs et tes ambitions, ton sentiment d’identité et ton libre arbitre, ne sont en fait pas plus que le comportement d’un vaste assemblage de cellules nerveuses et de leur molécules associées. »[8]

Ce « pas plus » implique qu’il attribue aux cellules et aux molécules une autonomie d’intention et d’action qu’il refuse de reconnaître à l’individu. C’est le monde à l’envers ! Ici, les parties sont plus grandes que le tout. Toute rationalité équilibrée ne reconnait-elle pas d’emblée l’évidence que l’examen d’une partie du corps, que ce soit un membre, un organe ou une molécule, ne dit strictement rien sur la vie et l’histoire d’une personne ? À notre tour de réduire les molécules et les cellules nerveuses à leur véritable fonction de simple véhicule de l’énergie vitale plutôt que de prétendre qu’ils sont la cause finale du vivant. On peut encore relever à ce chapitre, que le titre de son livre Astonishing Hypothesis: The Scientific Search for the Soul (Une hypothèse stupéfiante: la recherche scientifique de l’âme) constitue une flagrante fausse représentation puisque la logique occulte de l’ouvrage ne vise pas tant à rechercher l’âme mais à démontrer son inexistence.

Dans la foulée de tels présupposés matérialistes, il n’est pas surprenant que Crick ait pu déclarer publiquement que lui et Watson, son collègue, avaient découvert « le secret de la vie ». Mais l’on peut mettre en doute le fait que l’identification de la double hélice de l’acide désoxyribonucléique (ADN) représenterait l’élément clef du mystère de la vie. Quels que soient par ailleurs les mérites de cette grande découverte – il ne s’agit pas ici d’en minimiser l’importance –, elle n’est pas la vie elle-même ni même son « secret ». Car elle ne rend pas compte du fluide vital qui anime les organismes vivants. Tout au plus peut-elle expliquer comment cette substance indétectable organise la matière, étape par étape, pour animer un organisme et lui permettre de survivre et de se reproduire. Mais ce que cet invisible pouvoir d’organisation est en lui-même, nulle science ne peut l’atteindre et le décrypter.

Entre vie et mort
Ce qui le démontre, c’est la distinction entre la vie et la mort. Pour un temps encore avant de se décomposer, la structure cellulaire sans vie demeure identique à celle qui existait durant la vie. Et pourtant, la différence entre les deux conditions est d’une radicalité absolue. L’une est réduite à l’inertie glaciale de la matière, l’autre est animée par le chaleureux dynamisme de la vie. Par quelle expression pourrions-nous exposer l’absoluité de cette différence ? Seules les exclamations subjectives peuvent en rendre compte. Ici, face à la vie, le scientifique ne peut rien voir et demeure muet. Il doit honnêtement se réduire lui-même à la stupéfaction ou se livrer à la contemplation subjective de la réalité ! Car voilà l’univers à la fois visible et invisible, à la fois matériel et spirituel. Voilà la réalité véritablement universelle que les sciences sont incapables de saisir et exposer en raison de leur ordonnance exclusive à la matérialité !

Donc, l’existence de l’ADN, ainsi que de toutes les autres composantes d’une cellule, ne détermine pas la vie. Tous les éléments d’un organisme peuvent être réunis mais cela ne suffit pas pour le rendre vivant. En l’absence de vie, ces structures matérielles ne peuvent pas se maintenir. Inévitablement, elles se décomposent. Il faut en induire que toute structure organique ne détient pas par elle-même le pouvoir de vivre. Elle dépend d’une source d’énergie qui la soulève et anime les éléments matériels dont elle est constituée.

Or, cette énergie n’est pas elle-même matérielle. La preuve en est que si vous cherchez la vie d’un organisme en le disséquant, bien au contraire d’aboutir à l’élément vital qui l’anime, vous le tuerez. La vie vous aura échappé. La vie ne se trouve nulle part dans le corps et ne peut se manifester que dans L’INSÉCABLE UNITÉ d’un ensemble d’organes spécialisés à diverses fonctions. C’est pourquoi la vie de tout organisme ne se réduit pas à des quantités de molécules, à des comportements d’atomes et ions ni au pouvoir de l’un ou l’autre organe du corps.

Et ce constat vaut particulièrement pour l’être humain. Même après la dispersion des éléments matériels de son corps après sa mort, la vie de Francis Crick continue à nous influencer. Si ses pensées nous sont aujourd’hui accessibles, ce n’est pas parce qu’elles sont actuellement produites par son ADN ou son cerveau mais bien parce que nous accédons, grâce à l’esprit qui vit dans nos corps, à la sphère invisible des connaissances abstraites – c’est-à-dire non matérielles – acquises par l’humanité.

L’incohérence matérialiste
Le principal défaut du matérialiste, c’est son illogisme philosophique et son inconséquence rationnelle. Car le dogme qu’il professe l’oblige à entrer en contradiction avec lui-même. Quand bien même il parviendrait à réduire à la matière tout ce qui lui est extérieur, il ne peut se réduire lui-même sans s’autodétruire en s’enlevant ce dont il nie l’existence : la substance vitale qui anime la matière dont son corps est fait. Spontanément, il vous dira qu’il possède un corps et non JE SUIS UN CORPS. Serait-ce par un indécrottable atavisme ? C’est à la condition que ce corps soit vivant, et non réduit à une accumulation accidentelle d’atomes et de molécules, qu’il peut se définir en tant qu’ÊTRE.

Il peut cependant soutenir mordicus que les idées des autres sont des produits de la matière. Mais comment peut-il parvenir à cette conclusion sinon en se soustrayant de ce qu’il observe pour former son opinion ? Une pensée abstraite, donc, qui peut certes être verbalisée ou couchée sur le papier en vue de la communication. Mais les ondes sonores et les livres des bibliothèques peuvent véhiculer n’importe quoi, incluant l’incohérence. Ils ne sont que des signes que l’intelligence de quelqu’un doit interpréter et non la pensée elle-même.

Le matérialiste peut prétendre tout connaître mais il ne se connaît pas lui-même. Il peut tout embrasser du regard sauf celui qui se tient derrière ses yeux. Ce petit quelque chose qui lui permet, par « la connaissance exacte », de planer au-dessus de la mêlée des ignorants, c’est une substance non-matérielle qui en est la clef : l’énergie vitale. Toute la question est de savoir ce que cette substance est en elle-même. D’où vient-elle ? Quelle est son origine ?

La source de la vie
Or, le matérialiste n’est pas l’auteur de sa propre vie. Aucun organisme, végétal, animal ou humain, n’est la cause de sa vie. La vie qui nous anime, ce n’est ni un choix ni un pouvoir que nous posséderions de nous-mêmes. Je vis parce que j’ai reçu la vie sans la moindre participation de ma part. Un cadeau gratuit… ou empoisonné, c’est selon ! Un don de qui ? De mes parents ? Bien sûr, je reconnais qu’ils m’ont transmis la vie mais ils n’en sont pas les auteurs. Tout comme moi, la vie leur avait aussi été transmise par leurs parents, qui l’avait aussi reçue de leurs parents et ainsi de suite jusqu’à Mathusalem… et bien au-delà !

Depuis le très catholique Louis Pasteur, nous savons que tout ce qui vit a reçu la vie d’un autre vivant. Durant les 4,5 milliards d’années d’existence planétaire, il n’y a jamais eu de génération spontanée d’espèces vivantes, depuis les micro-organismes jusqu’à l’humanité. Si bien que si nous remontons à rebours le chemin parcouru par la chaîne sans rupture de transmission de la vie, nous aboutirons forcément à une première cellule vivante.

Ici, on doit prendre conscience que cette infime cellule originelle, qui a vécu il y a quelque 3,5 milliards d’années, est la “mère” de l’incomparable biodiversité de la nature terrestre tout entière. C’est elle qui a démarré le grand jeu de la vie sur notre planète. Il y a eu un Big Bang pour enclencher la formation du monde physique. Il a eu aussi un Big Bang pour engendrer la vie planétaire… sauf que ce deuxième a été plus discret même s’il a produit dans son ordre propre des effets spectaculaires comparables au premier.

La question qu’il faut maintenant poser est de savoir si cette première cellule s’est donné à elle-même une telle fabuleuse fécondité. En d’autres mots, aurait-elle été la cause de l’impulsion vitale qui l’a animée et l’a rendue féconde ? Il serait tout autant absurde de le soutenir que de prétendre que le monde physique se serait donné à lui-même l’ordre de commencer à exister. Elle aussi a reçu la vie ! Puisque nous savons que le hasard n’existe pas, il ne reste que la possibilité qu’elle l’ait reçue d’un autre vivant. Un vivant invisible et indétectable comme la vie elle-même. Un vivant par excellence, donc, dont la vie est sa nature propre hors de toutes considérations d’espace et de temps. Un VIVANT qui se trouve ainsi à être l’Engendreur de tous les vivants.

Notes :

[1] cf. Wikipédia dans Principe anthropique.

[2] L’évolution de l’Alpha à l’Oméga, 6e entretien La matière et la vie, disponible sur ce site en format papier et numérique.

[3] Pour le développement de cet argument, voir le 7e entretien, intitulé La philosophie quantique, op. cit.

[4]  CRICK Francis, Life Itself: Its Origin and Nature.

[5] British Medical Bulletin (1965). In Maurice B. Strauss, Familiar Medical Quotations (1968), 653.

[6] Dans la préface de Of Molecules and Men (1966, 2004.

[7] CRICK Francis, Astonishing Hypothesis: The Scientific Search for the Soul.

[8] Idem.

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