Recherche par date
avril 2024
D L M M J V S
 123456
78910111213
14151617181920
21222324252627
282930  
Archives

Nous avons vu que les cataclysmes ne viennent pas de Dieu mais s’expliquent par l’influence qu’exercent les mauvais anges sur les lois naturelles. Nous avons également constaté que les humains, par leurs transgressions aux lois morales, provoquent le déchaînement aveugle des éléments naturels, particulièrement ceux associés au genre humain comme les guerres, les pestes, les maladies, les épidémies, etc. Par le péché, l’humanité participe aux causes du désordre de la création et se fait complice de son sabotage initialisé par Lucifer. En définitive, les souffrances de la création, à l’image des douleurs d’enfantement d’Ève, sont des effets du mal que constitue la révolte contre Dieu. Tant celle des hommes que celle des anges.

Une femme assise sur les détritus laissés par tsunami, version moderne de Job sur un tas de fumier ( photo CNS/Asahi Shimbun, Reuters).

Une femme assise sur les détritus laissés par tsunami, version moderne de Job sur un tas de fumier ( photo CNS/Asahi Shimbun, Reuters).

Cette réso­lu­tion som­mai­re du pro­blè­me du mal sou­lè­ve pour­tant des objec­tions. Entre ­autres, de ­savoir pour­quoi Dieu ­n’intervient pas pour empê­cher la propagation du mal avec son cor­tè­ge de consé­quen­ces mal­heu­reu­ses qui affec­tent bons et ­méchants. N’est-il pas le Tout-Puis­sant? En lais­sant le mal ­s’accomplir, ne s’en fait-il pas com­pli­ce d’une cer­tai­ne maniè­re? Un peu comme celui qui ver­rait un homme en tuer un autre et ne ­ferait rien pour empê­cher le meur­tre!

Évi­ter un plus grand mal

Si Dieu n’est pas ­l’auteur du mal, Il le per­met, pour­tant. Pour­quoi?

Pre­miè­re­ment, pour évi­ter le grand mal que cons­ti­tue­rait ­l’éradication des cons­cien­ces ­libres. Une inter­ven­tion de Sa part pour empê­cher ­l’ac­com­plissement du mal tor­pille­rait la liber­té dont Il a com­blé les anges et les hom­mes. Cette facul­té, qui se résu­me à choi­sir le Bien, est une com­po­san­te essen­tiel­le et incontour­na­ble de la cons­cien­ce ­d’exister.

C’est pour­quoi la liber­té est un pari que Dieu a pris avec sa créa­tion au ­risque de la voir chu­ter dans le péché ­d’orgueil. Ce qui n’a pas man­qué de se pro­dui­re, comme Il ­l’avait prévu dans l’éternité.

Mais sans la liber­té, Dieu ­n’aurait créé que des ­robots. Sans elle, aucu­ne créa­ture douée ­d’intelligence ne pour­rait accé­der à la connais­san­ce et à ­l’amour de Dieu. Or, voilà pré­ci­sé­ment la rai­son ­d’être de la créa­tion. Dieu a créé des êtres ­libres pour ­qu’ils puis­sent par­ve­nir au bon­heur en Le connais­sant et en L’aimant.

Inter­ve­nir pour empê­cher le mal équi­vau­drait donc à un plus grand mal que le mal lui-même. Car en détrui­sant la liber­té, le Créa­teur détrui­rait la rai­son d’être de la créa­tion. Sa création serait alors un échec.

Ce qui est tout à fait incom­pa­ti­ble avec la per­fec­tion de Dieu. Avec Sa Toute-Puis­san­ce aussi. Car où ­serait la mani­fes­ta­tion de la Toute-Puis­san­ce à reve­nir sur ce qu’Il a fait?

Or moi, pau­vre homme, je rends grâce au Sei­gneur parce qu’Il m’a donné le bien au-des­sus de tout bien —et rien de moins que ce qu’Il est Lui-même—, c’est-à-dire ­l’être. Je ­n’aurai pas assez de ­l’éternité pour L’en remer­cier et Le glo­ri­fier.

Cette louan­ge, cette ­action de grâce de tous ceux qui ­L’aiment ne vaut-elle pas ­d’exister? Incontes­ta­ble­ment, elle méri­te ­d’être, même au prix de la souf­fran­ce engen­drée par le mal dans la créa­tion.

­J’accepte donc, par amour pour Dieu, que la souf­fran­ce et la mort fas­sent par­tie de la condi­tion humai­ne. ­Qu’elles ­soient le lot de tous les hom­mes, les jus­tes comme les injus­tes! Ainsi, par mon accep­ta­tion, je jus­ti­fie Dieu aux yeux des ­méchants, si tant est que Dieu a ­besoin ­d’être jus­ti­fié dans Sa Volon­té créa­tri­ce.

Attein­dre un plus grand bien

Ce qui ­m’amène à la deuxiè­me rai­son. Dieu per­met le mal parce qu’Il est assez puis­sant pour le faire concou­rir à un plus grand bien. Il s’en sert pour faire croî­tre la connais­san­ce et ­l’amour dans la créa­tion.

Et c’est ici qu’Il démon­tre véri­ta­ble­ment sa Toute-Puis­san­ce. Car Il uti­li­se l’œuvre de des­truc­tion de Satan pour per­met­tre la conquê­te de som­mets insoup­çon­nés. En Son Pou­voir, la condi­tion mau­vai­se sert de trem­plin pour faire rebon­dir sa créa­tion à une alti­tu­de autre­ment inac­ces­si­ble.

­L’histoire de Job est une illus­tra­tion du retour­ne­ment de la situa­tion opéré par la Toute-Puis­san­ce de Dieu à la suite de ­l’introduction du mal dans Son pro­jet de créa­tion.

Job était un homme com­blé de biens et de bon­heur. ­Jusqu’au jour où Satan deman­de et ­obtient la per­mis­sion de ­l’éprouver.

Alors les mal­heurs pleu­vent sur sa ­famille et ses biens. Il perd tout. Son corps se cou­vre ­d’ulcères. Il se retro­uve nu sur un tas de ­fumier.

Ses amis ­l’accusent ­d’avoir péché pour avoir méri­té un tel sort. Ils le ­croient châ­tié par Dieu alors qu’il est en fait la vic­ti­me de Satan, le grand initia­teur de tout espè­ce de mal.

Mais Job conser­ve intac­te son espé­ran­ce. Et après ­l’épreuve de sa foi, il ­reçoit du Sei­gneur le cen­tu­ple des biens et béné­dic­tions dont il était com­blé aupa­ra­vant. Ses mal­heurs lui ont per­mis ­d’accéder à un ­niveau de bien-être supé­rieur au pre­mier.

Remar­quons que le bien dont Job est com­blé et le mal qu’il éprou­ve pro­vien­nent de deux sour­ces aux anti­po­des: Dieu et Satan. Il ­s’établit tou­te­fois un cer­tain dia­lo­gue entre les deux pro­ta­go­nis­tes mis en scène par ­l’au­teur.

La vic­toi­re du ­Christ

Cette col­la­bo­ra­tion pro­vi­soi­re, qui tour­ne au dés­avan­tage de Satan, peut être inter­pré­tée comme une confir­ma­tion du pou­voir de Dieu de faire concou­rir le mal à un plus grand bien. De plus, elle pré­fi­gu­re un évé­ne­ment déci­sif dans l’histoire de ­l’humanité. Il ­s’agit de ­l’avènement du ­Christ. Jésus n’a-t-il pas tri­om­phé du mal en pre­nant sur lui tout le mal de la terre pour ­ouvrir ­l’accès à «de nou­veaux cieux et une nou­vel­le terre» (2 Pi 3, 13) autre­ment plus par­faits que les ­actuels?

Ainsi, plu­tôt que de détrui­re Sa créa­tion emmu­rée sur elle-même dans la dés­obéis­san­ce, Dieu a fait par le ­Christ une «créa­tion nou­vel­le». Par-des­sus le dés­or­dre engen­dré par ­l’injustice de la pre­miè­re, Il a éta­bli une paix et une jus­ti­ce qui ­n’auront ni éclip­se ni ­déclin et sur les­quel­les Satan ­n’aura plus aucu­ne prise.

De sorte que la créa­tion tom­bée au pou­voir de ­l’injustice est main­te­nant dépas­sée. Même si le mal y pour­suit son œuvre des­truc­tri­ce, il ne ­l’emportera pas en défi­ni­ti­ve parce que ce monde est dés­or­mais ­désuet et pas­se­ra. Il se voue ­d’ailleurs lui-même, de par les consé­quen­ces qui décou­lent logi­que­ment de son insou­mis­sion, à ­l’auto des­truc­tion.

Cepen­dant que Dieu pour­suit son œuvre de «créa­tion nou­vel­le», selon ce qu’a pres­sen­ti le pro­phè­te Isaïe: «Voici que je vais créer des cieux nou­veaux et une terre nou­vel­le, on ne se sou­vien­dra plus du passé, il ne revien­dra plus à ­l’esprit» (Is 65, 17).

Cette terre nou­vel­le, c’est le Corps du ­Christ qui ­s’édifie actuel­le­ment, par ­l’adhésion des cons­cien­ces humai­nes au cours des siè­cles, ­jusqu’à ce qu’il par­vien­ne à sa «sa ­taille par­fai­te», selon ­l’expression de saint Paul. Le ­Christ est le Che­min vers le «monde nou­veau» que Dieu a créé pour ceux qui veu­lent Le ser­vir… en dépit et au-delà même du mal de la croix!

Et ­l’Écriture?

Il n’est pas néces­sai­re d’en rajou­ter, je pense, pour dis­cul­per Dieu des mal­heurs de la terre. En sorte que les ­incroyants qui ­L’accusent de des­po­tis­me soient confon­dus. En sorte aussi que les ­croyants qui se ­croient jus­ti­fiés de L’imaginer comme un Juge en colè­re sur le point ­d’écrabouiller Sa créa­tion conver­tis­sent leur ­regard à la ­vision de Son Amour infi­ni.

Il reste pour­tant à résou­dre une autre objec­tion qui sem­ble aller à ­l’encontre de cette ­vision des cho­ses. Elle est tirée de ­l’Écriture, celle-là.

Que res­te­ra-t-il en effet de nos rai­son­ne­ments ­lorsque nous les ­aurons confron­tés au fait que la Bible four­mille de ­récits de cata­clys­mes com­man­dés par Dieu pour châ­tier les ­humains? Le délu­ge, la des­truc­tion par le feu du ciel de Sodo­me et de cinq ­villes envi­ron­nan­tes, les ­plaies ­d’Égypte, les guer­res ­d’invasion de la Terre Pro­mi­se, les mas­sa­cres et géno­ci­des que Yahvé a ­contraint les Israé­li­tes de per­pé­trer en pas­sant au fil de ­l’épée hom­mes, fem­mes et ­enfants, la mena­ce ­d’anéantissement qu’Il a fait peser sur Nini­ve par le pro­phè­te Jonas, les dépor­ta­tions du peu­ple élu sont ­quelques exem­ples parmi tant ­d’autres inter­ven­tions des­truc­tri­ces attri­buées à Yahvé dans ­l’Ancien Tes­ta­ment. Com­ment conci­lier de tels faits avec ce qui a été soutenu ­jusqu’ici?

Paro­le de Dieu

Com­men­çons par rap­pe­ler que ­l’Écriture est Paro­le de Dieu. ­Qu’est-ce à dire?

Bien que le Bible soit une col­lec­tion de ­livres ­écrits à diver­ses ­époques par une pan­oplie ­d’auteurs de dif­fé­ren­tes ori­gi­nes, nous affir­mons que ­l’ensemble est Paro­le de Dieu. Nous ne dis­ons pas «les Paro­les» au plu­riel mais LA Paro­le au sin­gu­lier.

C’est que Dieu a parlé de main­tes maniè­res au tra­vers des siè­cles, mais Il n’a qu’une Paro­le. Son dis­cours est ­unique à ­l’image de Son Être.

Le lan­ga­ge de Dieu est trans­cen­dant. Sa Paro­le ­s’élabore au-delà des mots que les ­humains uti­li­sent pour tra­dui­re leur pen­sée. ­Lorsque Dieu parle à l’humanité, Ses mots à Lui ­s’étalent sur des siè­cles. Ils englo­bent des évé­ne­ments, font inter­ve­nir des peu­ples et met­tent en scène le dérou­le­ment de l’histoire.

Ainsi, ­chaque livre, ­chaque pas­sa­ge de la Bible se rap­por­te à un tout dont l’ensemble forme la Paro­le divi­ne. De sorte qu’il est impos­si­ble ­d’interpréter cor­rec­te­ment le sens d’un pas­sa­ge isolé sans ­l’éclairer par ­l’ensemble de l’Écriture.

Mais com­ment com­pren­dre le tout si l’on ne ­connaît pas ­d’abord les par­ties? Com­ment accé­der à la véri­té de tous les ­écrits si l’on n’a pas ­d’abord assi­mi­lé celle de ­chaque livre?

­L’attituderequi­se pour se bran­cher authen­ti­que­ment sur la Paro­le divi­ne, c’est la foi en ­l’amour de Dieu qui ­l’assure. Car toute ­l’Écriture est révé­la­tion à l’humanité de ­l’Amour de Dieu. Ce que saint Jean résu­me par une phra­se lapi­dai­re: «Dieu est amour».

Mais nous les ­humains, nous som­mes durs ­d’oreille. Nous ne com­pre­nons pas ce que Dieu veut nous dire. Des siè­cles de pré­pa­ra­tion de ­l’humanité ont été néces­sai­res pour que ces trois mots puis­sent être ­écrits.

Que de tâton­ne­ments, que de ­détours pour en arri­ver là! Pen­dant des siè­cles, que dis-je! pen­dant ­d’interminables millé­nai­res, nous avons erré dans le désert, ago­ni­sant de faim et de soif. Dieu nous a ­envoyé des mes­sa­gers pour nous indi­quer la Sour­ce qui peut étan­cher notre soif et la Nour­ri­ture qui peut ras­sa­sier notre faim.

Mais nous ne les avons pas écou­tés. Nous som­mes si ­sourds à Sa Paro­le qu’à la fin, Il a dû nous ­envoyer Son Fils, Son ­Unique. Et il a fal­lut que nous le met­tions à mort pour com­men­cer à com­pren­dre enfin la véri­ta­ble por­tée de Son dis­cours à ­l’humanité: «JE VOUS AIME!». (Lire la suite, quatrième article)

N. B. Cette série d’articles est tirée de Pour discerner l’action de l’Esprit, publié en 1998 aux Éditions Spirimédia.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *