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Sébastien de Courtois, Istanbul (Turquie)

Adaptation Robert Lalonde, AED Canada

Le pape François sera en Turquie du 28 au 30 novembre. Il se rendra d’abord à Ankara, la capitale, puis à Istanbul afin de rencontrer le patriarche Bartholomée. Cette dernière rencontre est le véritable objet de la visite papale, car elle est importante pour les Églises, même si les deux hommes se connaissent bien.

turquie-3Cette visite s’inscrit d’ailleurs dans une tradition entamée par Paul VI, en 1967, lors d’une rencontre avec Athénagoras, le patriarche de l’époque. Depuis, la tradition s’est ancrée pour chaque Saint-Père fraîchement élu de se rendre en Turquie, à l’invitation conjointe du patriarcat œcuménique et des autorités turques.

Après les rencontres protocolaires, à Ankara, avec le président Tayyip Erdogan et le ministre des Affaires religieuses, le pape ira s’incliner sur la tombe monumentale d’Atatük, le fondateur de la République en signe d’amitié. Le lendemain, à Istanbul, François se rendra à Sainte-Sophie – la grande église du monde orthodoxe illustrée ci-contre – en compagnie du patriarche. Accompagné par le mufti d’Istanbul Rahmi Yaran, le pape ira ensuite à pied dans la proche mosquée de Sultanahmet. Dans l’après-midi, il procèdera à une messe pour les catholiques de Turquie dans la cathédrale du Saint-Esprit à Harbiyé. Il participera le lendemain aux célébrations de la fête de Saint-André en compagnie du patriarche, dans la vénérable église Saint-Georges, dans l’ancien quartier grec du Phanar.

Une marche vers l’unité

« Le pape est très sensible à la recherche d’œcuménisme entre nos deux Églises sœurs. S’il vient à Constantinople, c’est pour encourager la marche vers l’unité. L’œcuménisme est un long parcours. Dans le monde actuel, il s’agit d’un symbole très fort pour montrer que les Églises se voient et se parlent… Les divisions appartiennent à l’histoire. Tous les ans, pour la fête de Saint-André, une délégation du Vatican est présente au Phanar », explique le frère Gwénolé Jeusset, franciscain de Santa-Maria-in-Draperis, l’une des églises du quartier de Beyoglu.

Le patriarche a déjà montré dans le passé son intérêt pour cette question : « Il ne s’agit pas uniquement de réitérer un engagement œcuménique fort pris il y a cinquante ans, mais d’intensifier les rencontres afin de franchir une nouvelle étape vers le rétablissement de la pleine communion entre nos deux Églises sœurs. Nous devons donner un signe visible que l’œcuménisme ne s’essouffle pas. » En octobre dernier, à Istanbul, il avait lui-même donné une conférence en italien – langue qu’il parle couramment comme le français et l’anglais – pour célébrer la sanctification de saint Jean XXIII, qui avait été nonce romain en Turquie.

Il est certain que le volet politique de cette visite renforce le patriarche dans ses positions en Turquie. Les raisons du combat sont nombreuses : la question des propriétés de l’Église – immeubles et terrains –, la réouverture de certaines églises au culte comme le monastère de Sumela près de Trabzon sur la mer Noire, ou celle plus importante, la réouverture du séminaire orthodoxe de l’île de Halki, fermé arbitrairement en 1971.

L’influence néfaste de l’État islamique

turquie-1Enfin, la situation des chrétiens au Proche-Orient, en Iraq, et en Syrie, après les drames de cet été ne manquera pas de faire partie des conversations entre les deux religieux. Lieu de passage des migrants, la Turquie est confrontée à la guerre se déroulant à ses portes et à l’influence néfaste de l’État islamique. La question des réfugiés aussi, puisque la Turquie abrite plus de deux millions de Syriens et beaucoup d’autres venus d’Irak et d’Afrique Noire. « Le dimanche matin, dans la cathédrale, ce sont quatre messes qui se suivent, chacune dans une langue différente. Les visages de ces malheureux sont ceux de l’Église universelle. Nous retrouvons à leur contact le sens premier de l’Évangile… » termine le frère Gwénolé.

Reste le sujet délicat pour la Turquie de l’évocation, ou pas, du génocide arménien auquel le pape François a montré sa grande sensibilité, ayant évoqué en juin dernier les persécutions devant le Catholicos arménien Aram Ier. À n’en pas douter, le pape sera accueilli avec joie par toutes les communautés chrétiennes de Turquie, mais aussi par un grand nombre de Turcs musulmans qui sont sensibles à son discours d’ouverture et de dialogue.

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