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L’Œuvre internationale catholique de bienfaisance Aide à l’Église en Détresse (AED) va soutenir les réfugiés ayant fui les attaques du groupe terroriste islamiste Boko Haram  dans le nord du Nigeria. Répondant à une demande de Mgr Oliver Doeme, évêque du diocèse catholique romain de Maiduguri, dans le nord-est du Nigeria, l’AED vient d’approuver un programme d’aide de 64 000 $ pour aider le diocèse de Maiduguri à gérer la situation des réfugiés.

nigeriaLes bénéficiaires de cette aide seront les hommes, les femmes et les enfants, jeunes et vieux, qui ont trouvé refuge au Cameroun, dans les montagnes, à Maiduguri et Yola. Il y a 200 catéchistes et leurs familles, ainsi que les prêtres du diocèse qui se sont réfugiés à Yola qui bénéficieront également de cette aide.

Depuis 2009, le diocèse de Maiduguri est le diocèse le plus touché par les attaques de Boko Haram. Les trois États du nord-est du Nigeria, à savoir Yobe, Borno et Adamawa, sont au cœur des activités de Boko Haram et le diocèse catholique de Maiduguri recouvre plus des deux tiers de leur superficie. Depuis ce temps, beaucoup de structures appartenant à l’Église, à savoir des presbytères, écoles, hôpitaux, magasins, habitations de laïcs et centres d’affaires, ont été détruits, tandis que plus de 80 000 membres du diocèse ont fui leurs villages d’origine et trouvé refuge à différents endroits.

Une déconnexion totale

Jusqu’à présent, l’armée nigériane a échoué dans sa mission de protection de la population civile. Compte tenu de la supériorité technique de Boko Haram, de la maîtrise et de la résilience avec lesquelles ils se battent, les militaires sont incapables de faire face à leurs attaques et s’enfuient, demandant aux civils de faire de même. Le gouvernement semble incapable de protéger la vie de ses citoyens, et il y a une déconnexion totale entre ce qui est rapporté par les médias nigérians et la réalité du terrain.

L’invasion de nombreux villages et villes du nord-est du pays par Boko Haram n’ayant rencontré aucune résistance, des milliers de déplacés internes vivent désormais dans des grottes en montagne ou dans la forêt. D’autres personnes qui avaient réussi à échapper aux terroristes ont été recueillies par des amis ou des parents habitants à Maiduguri, Mubi et Yola. Des milliers de personnes ont pu fuir vers le Cameroun y vivant dans des conditions très difficiles en raison du manque de nourriture, de lieux d’hébergements et de médicaments.

Ces réfugiés ont un besoin urgent d’eau, de vivres, de vêtements, de lieux d’hébergement et de soins médicaux. S’adressant à l’AED, Mgr Oliver Doeme, évêque catholique de Maiduguri, déplore que le gouvernement nigérian ne leur fournisse pas le soutien nécessaire à leur survie : « Compte tenu de la situation politique dans le pays, les fonds destinés aux victimes du terrorisme parviennent très rarement aux populations réellement présentes sur le terrain. L’Église s’est efforcée d’offrir autant d’aide que possible. Le diocèse de Maiduguri a donné du matériel de secours à plus de 1 500 personnes déplacées, et s’est associé au diocèse de Yola pour assister ceux qui y avaient trouvé refuge. Dans un esprit d’œcuménisme, nous avons même aidé des réfugiés à Maiduguri qui étaient pour la plupart des chrétiens d’autres confessions ».

Esclaves et des prisonniers dans leur propre patrie

La réalité est toutefois que l’Église a été durement touchée par cette crise et ses finances sont très tendues, a indiqué Mgr Oliver Doeme. « Nous avons cruellement besoin d’une assistance extérieure pour aider à améliorer la terrible situation des réfugiés, surtout des enfants qui sont déscolarisés et vulnérables aux maladies, et dont l’avenir est incertain ». Selon Mgr Doeme, « des gens meurent tous les jours et dans la plupart des cas sans personne pour les enterrer décemment. De ce fait, on laisse pourrir leur corps et leurs maisons et propriétés sont pillées. Les populations sont devenues des esclaves et des prisonniers dans leur propre patrie. Il y a ici un gouvernement qui ne peut pas sauvegarder la vie de ses citoyens. Or, la vie humaine s’est tellement dépréciée qu’elle risque à tout moment d’être supprimée. Nous pensions que le sel était le produit le moins cher sur le marché, eh bien maintenant, la vie vaut encore moins, surtout dans le nord-est du Nigeria. »

Mgr Doeme a souligné que la terreur infligée par Boko Haram touchait les chrétiens ainsi que les musulmans. Mais il a ajouté qu’il y avait toujours une connotation religieuse à tout ce gâchis. « Nous pourrions fuir, nous pourrions garder le silence et être incapables de parler franchement et à haute voix face au plan d’islamisation du nord-est du Nigeria et un jour, de tout le Nigeria. Mais ce à quoi nous assistons dans l’Adamaoua, dans le nord-est du pays, est l’application et donc une claire confirmation de ce programme. Beaucoup de jeunes ont été enlevés et enrôlés de force dans Boko Haram et reçoivent actuellement une formation dans la base mobile de Limankara. Les femmes qui n’ont pas pu s’échapper ont été obligées de se convertir à l’islam et mariées de force à des terroristes ; certaines personnes âgées qui n’ont pas pu s’échapper ont été tuées. Les terroristes en ont laissé d’autres mourir de faim et de famine. C’est le destin de chaque village qui est tombé entre leurs mains. Les meurtres, destructions, pillages, mariages forcés, recrutements forcés ou conscriptions, conversions forcées à l’islam, les drapeaux noirs hissés et l’application de la charia ou l’instauration du califat sont les marques de leurs activités ».

Mgr Doeme n’est pas très optimiste quant à l’avenir. Selon lui, le fait que personne ne sait quand la zone sera débarrassée des membres de Boko Haram afin que le peuple puisse rentrer chez lui demeure un sujet de préoccupation majeure. « Il dépend de notre prière que cela arrive bientôt. Mais ce qui est sûr, c’est que personne ne sait quand cela se produira », conclut l’évêque.

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