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 …des apparitions qui durent depuis plus de 30 ans*

Medjugorje. Petite localité de la Bosnie-Herzégovine, où on allègue que la Vierge Marie apparaît régulièrement à six jeunes personnes, depuis le 24 juin 1981. Époustouflant, non? Un personnage du Ciel, et pas le moindre, Marie, la mère de Jésus, viendrait sur terre tous les jours depuis plus de 30 ans pour échanger avec des jeunes gens?

Photo CNS/Paul Haring

Medjugorje. Sujet à controverse qui a, par conséquent, fait couler beaucoup d’encre, tant dans l’Église que dans la socié-té. D’un côté les “pour”, intarissables sur les merveilles qu’ils ont vécues, et de l’autre, les “contre”, fermement décidés à ne pas prêter foi à ces événements “merveilleux”: «des contes pour enfants. La foi, c’est autre chose», disent-ils. Et ils exprimeront parfois leur opposition de façon virulente, accusant les “voyants” et les Franciscains —qui dirigent la paroisse de Medjugorje— de supercherie, ce qui entraîne, bien sûr, des débats plutôt corsés.

Les faits allégués

Le 24 juin 1981 vers 18 heures, six jeunes de la paroisse de Medjugorje, Ivanka Ivankovic, Mirjana Dragicevic, Vicka Ivankovic, Ivan Dragicevic, Ivan Ivankovic et Milka Pavlovic, aperçoivent, sur la colline Crnica, quelques cent mètres au-dessus d’un endroit que les paroissiens appellent Podbrdo, une apparition blanche avec un enfant dans les bras. De la main, la forme leur fait signe d’approcher. Étonnés et apeurés, les enfants n’obéissent pas. Ils fuient plutôt.

Le lendemain à la même heure, le 25 juin 1981, quatre d’entre eux, Ivanka Ivankovic, Mirjana Dragicevic, Vicka Ivankovic et Ivan Dragicevic, se sentent très attirés vers le même endroit. Là où ils ont vu une forme qu’ils croient être Notre Dame. Ils en ont parlé entre eux. Marija Pavlovic et Jakov Colo les ont rejoints. Le groupe des voyants de Medjugorje est dès lors formé.

Ils ont prié avec la dame —qu’ils appellent Gospa (mot croate pour désigner la Vierge Marie)— et ont échangé avec elle. Depuis ce jour, ils disent avoir eu des apparitions quotidiennes, ensemble ou séparément. Milka Pavlovic et Ivan Ivankovic, qui étaient là la veille, n’ont plus jamais vu l’apparition.

Le message

Le troisième jour des apparitions, le 26 juin 1981, l’apparition a lancé aux enfants un appel à la paix avec les paroles suivantes: «Paix, paix, paix et seulement paix! La paix doit régner entre Dieu et les hommes, et entre les hommes.» Après plusieurs mois d’apparition quotidienne, les voyants sont en mesure de dire le but de la venue de l’apparition et de résumer le contenu des messages qu’elle leur donne à transmettre à leur paroisse et au monde. Il s’agit, disent-ils, principalement de cinq points: paix, foi, conversion, prière et jeûne.

La Gospa, affirment les enfants, demande que les paroissiens et les pèlerins deviennent d’abord des témoins des apparitions et des messages, pour ensuite, avec les voyants, rejoindre la Reine de la Paix (c’est l’appellation que se donne l’apparition) dans la réalisation de son plan: «la conversion du monde et de sa réconciliation avec Dieu», peut-on lire sur le site officiel de Medjugorje.

Selon le père Ljudevit Rupcic, ofm, l’un des premiers à écrire sur Medjugorje et sur l’essence des messages donnés, «on peut dire que les messages de la Sainte Vierge soulignent le fait que la paix est au-dessus de tout et que la foi, la conversion, la prière et le jeûne sont les moyens qui nous permettent de l’atteindre». (www.medjugorje.ws).

Conséquences des phénomènes

Ces événements attirent les gens de la paroisse, puis, des personnes d’ailleurs. Finalement, des gens du monde entier commencent à venir à Medjugorje et se rassemblent avec la paroisse pour prier. Avec l’arrivée de ces phénomènes à Medjugorje, viennent aussi les persécutions. Elles sévissent à l’égard des voyants, leurs parents, leurs familles, les paroissiens, les prêtres, et même les pèlerins.

Vicka Ivankovic, l’une des voyantes, prie pour une pèlerine En lui imposant les mains, selon une méthode utilisée par les premiers chrétiens et popularisée dans le cadre du Renouveau charismatique (CNS photo by Monte Mace).

Dans la Yougoslavie de l’époque (les années ’80) sous tutelle communiste et où règne en maître le matérialisme athée, les voyants sont emmenés  à la police  pour des interrogatoirese etdes examens psychiatriques. Tous les tests subis par les voyants ont prouvé qu’ils étaient en bonne santé, sains de corps et d’esprit. Même les tests subis au cours des années suivantes ont donné le même résultat.

Le père Jozo Zovko, franciscain et curé de la paroisse au moment des événements, a été mis aux arrêts un mois et demi après les premières apparitions. Cet homme, qui n’avait commis aucun crime, a été condamné à trois ans et demi de prison par un tribunal communiste.

Medjugorje, qui était une paroisse rurale des plus ordinaires, pauvre même, devient, à cause de ces événements extraordinaires, un lieu de rassemblement d’une multitude de pèlerins du monde entier —au cours des 20 premières années environ 20 millions—, et ainsi l’un des plus grands centres de prière dans le monde. Un centre comparable à ceux de Lourdes et de Fatima. De nombreux témoignages de pèlerins affirment qu’en ce lieu, ils ont trouvé la foi et une paix qu’ils n’auraient jamais cru possible en ce monde.

Des fruits?

Nombreux sont les groupes de prière fondés dans le monde entier par les pèlerins de Medjugorje en réponse à un désir explicite de Notre Dame. Il est difficile d’en connaître le nombre exact, mais il s’agit de milliers, selon le réputé mariologue français, René Laurentin (Cf. René Laurentin, «Eight years», 1989, Milford, Ohio, «The Riehle Fondation», page 56).

Plusieurs communautés et projets humanitaires ont également surgi directement inspirés par les événements et la spiritualité de Medjugorje: la Communauté Marie Reine de la Paix, la Communauté du Cénacle, L’Oasis de la Paix, Marie Mère de la Paix, Nuovi Orrizzonti (nouveaux horizons), Les Repas de Marie, pour ne nommer que celles-là. Chacune de ses communautés a sa vocation particulière. Pour l’une c’est l’éducation de la foi, pour l’autre, prendre soin des orphelins de la guerre, pour une troisième, ce sera la réhabilitation des drogués, une quatrième veillera à nourrir les affamés, et ainsi de suite.

Cependant, pour toutes ces communautés issues du “phénomène” Medjugorje, les moyens et les modes de vie se ressemblent et tirent leur inspiration de la vie paroissiale qui, elle, a mis en pratique les demandes de la Gospa: méditation quotidienne, lecture de la Bible, jeûne, pénitence, adoration du Saint-Sacrement, récitation quotidienne du chapelet et fréquentation régulière du sacrement de réconciliation.

Un groupe de pèlerins prient autour de la statue de Marie sur la Colline des apparitions à Medjugorje, Bosnie-Herzegovine (photo CNS/Paul Haring).

Pour ce qui est des conversions individuelles et guérisons spirituelles, elles se compteraient par milliers. Des Franciscains de la paroisse compilent les témoignages qu’ils reçoivent pour les remettre aux autorités concernées. Des vocations? Le père Danko Perutina, un franciscain de Medjugorje, collecte pour sa part les témoignages de ceux et celles (prêtres et religieuses) dont la vocation a été inspirée directement par l’événement Medjugorje. Le père Perutina a confié à «Catholic News service», le 28 février 2011, qu’il avait déjà accumulé plus de 500 témoignages de vocation. Des miracles? Au début des événements de Medjugorje, plusieurs phénomènes lumineux ont eu lieu dans la paroisse des apparitions. Le Dr Ljudevit Rupcic, ofm, le premier Croate à écrire sur Medjugorje, a été témoin d’une “danse du soleil”.

«Avec environ mille pèlerins, j’ai personnellement assisté à une danse du soleil inhabituelle. Cette manifestation a été tellement étrange et évidente que tout le monde, sans exception, l’a qualifiée de miracle. Personne n’est resté indifférent, j’en ai acquis la certitude en interrogeant les témoins oculaires. La joie, les larmes et les témoignages des personnes présentes le confirmaient. Leurs paroles indiquaient qu’ils considéraient cette manifestation comme une confirmation de l’authenticité des apparitions et un encouragement à y répondre en les accueillant». Le Dr Rupcic ajoute: «En ce qui concerne les phénomènes lumineux à Medjugorje, un professeur de Vienne (Autriche), expert dans ce domaine, m’a avoué les avoir étudiés sur place pendant une semaine. À la fin, il m’a dit: “La science n’a pas de réponse à ces phénomènes”».

Et les guérisons? Selon le père Rupcic. «Il est difficile de dire avec précision la quantité de ces événements miraculeux liés aux apparitions de Medjugorje. Il est néanmoins connu que plusieurs centaines ont été déclarés en présence de témoins. Quelques-uns ont été examinés à fond et analysés scientifiquement et théologiquement, et il n’y a pas de raisons sérieuses de douter de leur caractère surnaturel.»

Citons deux cas, parmi les mieux documentés et certifiés par les médecins qui traitaient ces malades, ceux de deux femmes guéries de la sclérose en plaques. L’une, Diana Basile, née le 5 octobre 1940 à Platizza, Cosenza en Italie, et l’autre, Rita Klaus, née le 25 janvier 1940 à Pittsburgh (USA). La première, l’Italienne, souffrait de sclérose en plaques depuis 12 ans. Elle a été guérie à Medjugorje, tout de suite après l’apparition quotidienne. C’était le 23 mai 1984. La deuxième, l’Américaine, souffrait également de sclérose en plaque, depuis 26 ans. Elle venait de lire le livre de René Laurentin, La Vierge Marie apparaît-elle à Medjugorje? Elle décida d’accueillir les messages de la Vierge et se mit à réciter le rosaire. Elle ressentit tout à coup une chaleur dans tout son corps et fut guérie.

Il y a aussi le cas du très connu chanteur irlandais David Parkes, qui souffrait de la maladie de Crohn, maladie inflammatoire chronique intestinale. Il avait subi dix opérations et la dernière avait duré 11 heures, après quoi les chirurgiens lui avaient déclaré qu’ils ne pouvaient plus rien faire pour lui. Qu’il n’en avait plus que pour quelque temps à vivre. Cet homme avait perdu la foi pendant ses 14 ans de maladie. Mais, en désespoir de cause et pour plaire à sa femme, il accepte d’aller à Medjugorje. Alors qu’il assiste à une bénédiction pour les malades, il tombe inconscient. Il s’éveille 20 minutes plus tard, guéri et rempli d’une paix qu’il n’a jamais connue. Il a décidé de consacrer sa vie à témoigner du grand pouvoir de guérison de Dieu. Il est aujourd’hui directeur des pèlerinages à Medjugorje pour ses compatriotes irlandais. Son cas est aussi documenté par les médecins.

Qu’en dit l’Église?

C’est à l’Ordinaire du lieu qu’il appartient au premier chef d’enquêter et d’intervenir quand surgissent des événements extraordinaires, comme des apparitions alléguées ou des révélations privées. Lorsqu’ont débuté les événements de Medjugorje, c’est Mgr Pavao Zanic qui est l’évêque du diocèse Mostar/Duvno, dont fait partie la paroisse de Medjugorje. Après avoir interrogé les enfants et avoir pris connaissance des réponses des enfants aux longs interrogatoires de la police (communiste) Mgr Zanic déclare: «Je suis profondément convaincu que pas un seul des enfants qui dit avoir vu la Sainte Vierge n’a été forcé à le faire. Si nous parlions uniquement d’un enfant, on pourrait avancer qu’il est obstiné mais même la police n’a pas réussi à ce qu’un seul des enfants ne renonce à ses déclarations. (…) Pas un prêtre, je le garantis, n’a poussé les enfants à quoi que ce soit. Je suis également convaincu que pas un seul ne ment. Les enfants ne disent que ce qui habite leurs cœurs. C’est une certitude: Les enfants ne mentent pas». (Sermon prononcé en la fête de St Jacques, saint patron de la paroisse de Medjugorje, le 25 juillet 1981).

L’église paroissiale St-Jacques de Medjugorje (photo Mariusz Musia/Wikimedia Commons).

C’est le père Jozo Zovko, Franciscain, qui est curé de la paroisse quand débutent les événements. Le père Zrinko Cuvalo, aussi Franciscain, travaille avec lui. Tous les deux sont bien décidés à ne pas s’intéresser aux apparitions. Mgr Zanic leur demande d’être plus positifs et d’y reconnaître l’œuvre de Dieu. Ils répondent qu’il n’y a pas lieu de se précipiter mais qu’il vaut mieux attendre pour voir l’évolution des faits. Mais devant l’attitude si favorable de l’évêque, ils décident d’accorder leur attention aux apparitions de Medjugorje.

Facteurs déviants pour l’objectivité

Par ailleurs, deux facteurs viennent perturber l’attitude positive de Mgr Zanic. D’une part, il existe un conflit de juridiction entre les prêtres diocésains et les franciscains. Et ce conflit, qui perdure depuis 100 ans, n’a sûrement pas facilité la vie de l’évêque: disputes de juridiction, tiraillements constants, etc.

D’autre part, les membres du gouvernement communiste yougoslave se sont mis à considérer les événements de Medjugorje d’un très mauvais œil. Le 4 juillet 1981, ils statuent qu’il s’agit là d’une contre-révolution et la police secrète convoque Mgr Zanic au siège du gouvernement pour examen. Ils y convoquent également le père Jozo Zovko.
À la suite de cela, Mgr Zanic est devenu silencieux sur les apparitions alors que le père Zovko, croyait de plus en plus aux origines surnaturelles des événements. C’est à ce moment que le père Zovko est arrêté par la police et condamné à trois ans et demi d’emprisonnement ferme (17 Août 1981).

Après une période de silence, Mgr Pavao Zanic commence à remettre en cause ce qui se passe à Medjugorje. Il édite même deux comptes-rendus défavorables destinés au monde entier. L’un en 1984; l’autre, en 1990. Le secrétaire d’État du Vatican, le cardinal Casaroli demande au président de la Conférence épiscopale yougoslave de convaincre Mgr Zanic de ne pas publier ses déclarations, qui, somme toute, sont personnelles. Rien n’y fait. Il les publie.

Comme les demandes arrivent de toutes parts, Mgr Zanic forme une Commission d’étude de 4 membres pour étudier les événements. Mais les choses piétinent. La Conférence des évêques yougoslave réclame alors que les choses soient prises en main d’une manière plus sérieuse. Ils demandent à Mgr Zanic de désigner une commission compétente qui pourrait vraiment faire la lumière sur les évènements.

En 1984, Mgr Zanic obtempère et fait passer les effectifs de la Commission de quatre à 14 membres. Mais plusieurs en haut-lieu disent que les dés sont pipés car une majorité des nouveaux membres désignés par l’évêque Zanic avaient déjà affiché leur position défavorable aux événements. Après deux séances la Commission recommande que Mgr Zanic ne se hâte pas pour rendre sa décision. La situation stagne jusqu’en 1987, alors que se produit un coup de théâtre: la Congrégation pour la doctrine de la foi dessaisit Mgr Zanic du dossier des événements de Medjugorje pour en donner la responsabilité à la Conférence épiscopale yougoslave.

Le 10 avril 1991, après trois ans d’étude, la Conférence épiscopale de Yougoslavie publie une Déclaration qui dit, entre autres: «Sur le fondement des recherches effectuées jusqu’à présent, on ne peut pas affirmer le caractère surnaturel de ces apparitions et révélations» (Déclaration de Zadar, 1991). On ne dit pas que la Vierge n’y apparaît pas mais que cela n’est pas encore affirmé. Comprenons ici que ces paroles sont en réalité une sorte de compromis (diplomatique) entre, d’un côté, la position négative de Mgr Zanic, ordinaire du lieu et de l’autre, les bons fruits que Medjugorje apporte.

Cependant, le texte comporte certaines ambiguïtés prêtant à confusion et à de multiples interprétations, Mgr Franco Perko, l’archevêque de Belgrade, juge bon d’apporter la précision suivante, sur la Déclaration de Zadar: «Il n’est pas vrai que d’après ce document il s’ensuit que rien de surnaturel ne se passe à Medjugorje. Les évêques ont écrit “non-constat de supernaturalitate”: le surnaturel n’est pas établi; et non pas “constat de non-supernaturalitate”: il est établi qu’il n’y a rien de surnaturel. Cela est très différent. La première formulation n’autorise pas une interprétation définitive. Elle est ouverte à des développements ultérieurs» (1991).

Devant l’importance du nombre de pèlerins que drainent les événements, les évêques veulent accorder une attention particulière à la doctrine qui y est enseignée et au culte qui y est célébré. Ils s’engagent à publier des directives liturgico-pastorales pour Medjugorje. Ce qu’ils devaient préparer le 26 juin 1991. Mais, ce même jour, débute la guerre des Balkans par l’attaque de la Slovénie.

Nouvel évêque, même attitude

En 1993, Mgr Ratko Peric succède à Mgr Pavao Zanic atteint par la limite d’âge. Il adopte la même ligne de pensée que son prédécesseur. Il n’a jamais visité Medjugorje, sauf pour des visites officielles, comme par exemple pour les confirmations. Il publie même un livre Le trône de la sagesse où sa position publique est clairement exposée. Il y soutient que les apparitions de la Vierge ne sont pas authentiques. Il résume sa position en 10 points et affirme que la Déclaration de Zadar NIE le caractère surnaturel des apparitions.

La paroisse de Medjugorje est située au sud de l’Herzégovine, dans l’actuel état de Bosnie-Herzégovine. L’Herzégovine se trouve entre deux régions: au nord, les montagnes, et au sud, la côte de la mer Adriatique. Le principal centre culturel et administratif est la ville de Mostar.

Plusieurs personnes, perplexes décident d’en référer au cardinal Franjo Kuharic, archevêque de Zagreb qui, à son tour, réagit: «L’Église ne se presse pas. Nous les évêques, après trois années d’études de la Commission, nous avons déclaré Medjugorje lieu de prière et sanctuaire marial. Cela signifie que NOUS NE SOMMES PAS OPPOSÉS à ce qu’on vienne en pèlerinage à Medjugorje pour y vénérer la Mère de Dieu, en conformité avec l’enseignement et la foi de toute l’Église.
 Pour ce qui est de la supernaturalité des apparitions, nous avons déclaré: “Jusqu’à présent nous ne pouvons l’affirmer. Nous remettons cela à une date ultérieure. l’Église n’est pas pressée.» (Déclaration imprimée dans Vecernijlist, août 1993; DN 13, p.41).

Comment expliquer la fermeture de ce nouvel évêque vis-à-vis les événements de Medjugorje? Certains avancent que le pouvoir communiste aurait exercé des pressions sur Mgr Peric, comme ils l’auraient fait pour Mgr Zanic. N’oublions pas que le communisme s’est effondré en 1995 en ex-Yougoslavie, c’est-à-dire deux ans après sa nomination comme évêque de Mostar/ Duvno.

Le Vatican s’en mêle

Malgré tous ces correctifs apportés par les évêques yougoslaves, la presse française en 1996 titre: Rome interdit les pèlerinages à Medjugorje. Cette fois, c’est directement du Saint-Siège que viendra la réaction, par Joaquin Navarro Valls, porte-parole du Vatican et directeur de la salle de presse. «Le Vatican n’a jamais dit aux catholiques “Vous ne pouvez pas aller à Medjugorje”. Aux évêques, il a dit, au contraire: vos paroisses et diocèses ne peuvent organiser des pèlerinages OFFICIELS. Mais on ne peut dire aux gens de ne pas y aller, tant qu’il n’est pas prouvé que les apparitions sont fausses: ce qui n’a jamais été déclaré. Donc chacun peut y aller s’il veut.» Et Navarro Valls d’ajouter: «Un catholique qui va en un tel lieu de bonne foi a droit a une assistance spirituelle. L’Église n’interdit donc pas aux prêtres d’accompagner les voyages à Medjugorje en Bosnie-Herzégovine organisés par des laïcs, comme elle ne leur interdit pas d’accompagner un groupe de catholiques qui iraient visiter la République Sud Africaine (…) Le problème est de ne pas organiser des pèlerinages officiels (évêques en tête) qui semblerait constituer une reconnaissance canonique des événements de Medjugorje encore en examen. Tout autre chose est d’organiser un pèlerinage accompagné par un prêtre, nécessaire pour les confessions. L’Église et le Vatican auraient-ils dit non à Medjugorje? Non!», répète Navarro Valls (Déclaration du 21 août 1996 à «Catholic News Service»).

Nouvelle commission d’enquête

Le 17 mars 2010, nouveau rebondissement. Le Saint-Siège annonce la mise en place d’une nouvelle Commission d’enquête sur les phénomènes de Medjugorje, en Bosnie Herzégovine. Une Commission placée sous la présidence du cardinal Camillo Ruini, auprès de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Avec la création de cette Commission, précise l’agence Zenit qui publie la nouvelle, «l’affaire passe de la juridiction de l’évêque local, aujourd’hui Mgr Ratko Peric, sous celle de la Congrégation romaine» pour la foi. Le 13 avril 2010, le Vatican publiait le nom des membres qui composent cette nouvelle Commission d’enquête sur Medjugorje et précisait que cette Commission «travaillera de façon réservée, en soumettant le résultat de son étude aux instances du dicastère».

En guise de conclusion

Les travaux de cette nouvelle Commission risquent d’être longs. Surtout que les apparitions continuent et, jusqu’ici, l’Église ne s’est pas prononcée sur l’authenticité de phénomènes surnaturels tant que ceux-ci ont perduré.
Or, à Medjugorje, l’on sait que la Vierge apparaîtrait encore tous les jours à trois des six voyants et une fois par année aux trois autres… Alors, il faut attendre!

En pareille situation, je crois qu’il est de mise de laisser le mot de la fin au cardinal Christoph Schönborn, archevêque de Vienne (Autriche) et membre de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Le cardinal Schönborn s’est rendu à Medjugorje pour une courte retraite privée (3 jours), le lundi 28 décembre 2009. Selon l’enseignement de l’Église, fait remarquer le cardinal Schönborn, «et cela est en accord avec ce qu’ont dit les évêques yougoslaves, c’est que les pèlerins qui viennent ici (à Medjugorje) doivent être accompagnés spirituellement. Cela signifie qu’il doit vraiment exister une pastorale des pèlerins et nombreux sont ceux qui y mettent beaucoup d’effort (…). Je pense donc que Medjugorje peut tranquillement suivre son chemin avec la certitude que l’Église, Mère et Éducatrice, surveillera sérieusement le chemin sur lequel nous cheminons. Je voudrais conseiller la patience. La Mère de Dieu a tellement de patience! Cela fait presque 29 ans (c’était en 2010) qu’elle nous montre sa proximité et son souci pour la paroisse de Medjugorje et pour tant de pèlerins. Nous pouvons rester patients avec sérénité, car si 29 ans c’est long, devant Dieu ce n’est pas si long. Je crois que la Gospa —Notre Dame en langue croate— mérite vraiment le nom qu’on lui donne: la Maîtresse. Elle sait ce qu’Elle fait. Elle vient directement du cœur de Dieu, ses buts et ses souhaits sont sûrement en accord avec ceux de la Sainte Trinité. Si Elle désire, peut-être durant toute une vie, exprimer sa proximité de cette manière (ndlr: par des apparitions), il doit y avoir une bonne raison à cela. Nous pouvons d’ores et déjà dire que durant ces 29 années, Medjugorje n’a pas faibli, n’est pas resté figé. Nous pourrions même affirmer, comme les frères franciscains l’ont dit (…), que même s’il n’y avait plus d’apparitions, les gens continueraient de venir pour expérimenter ici la proximité du Christ et de la Mère de Dieu de manière aussi puissante, de la même manière qu’à Lourdes où les apparitions ont cessé il y a 150 ans, mais où la présence de la Vierge Marie n’a jamais cessé» (sources: VIS – CNS – www.medju gorje.ws – www.medjugorje.hr – oasis1. over-blog.com).

* Article paru dans Le NIC, 5 juin 2011

2 réponses à L’événement Medjugorje

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