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Le temps de l’Avent regorge de textes apocalyptiques. Pour préparer la venue du Sauveur de l’humanité, la liturgie braque le phare sur l’eschatologie, soit le discours prophétique de la révélation chrétienne concernant le devenir du monde. Côté catastrophique!

L’apparente accélération du nombre des tornades et autres cataclysmes météorologiques serait-il un signe de la fin des temps?

Faut-il en être effrayé? Quand l’évangile du jour clame que des cataclysmes planétaires et cosmiques surviendront comme des signes avant-coureurs d’une fin imminente du monde, ne doit-on pas s’inquiéter des bouleversements climatiques appréhendés à notre époque avec leurs conséquences désastreuses sur l’environnement? Et lorsque Jésus avertit que «des faux prophètes surgiront nombreux et abuseront bien des gens» (Mt 24, 11), ne peut-on pas faire un rapprochement avec l’inextricable confusion collective engendrée par la «culture post-moderne»? Quand, de surcroît, notre Maître à penser prédit que «par suite de l’iniquité croissante, l’amour se refroidira chez le grand nombre» et «vous serez haïs de toutes les nations à cause de mon nom» (Mt 24, 9-12), là, ne devons-nous pas constater qu’il tombe en plein dans le mille de l’apostasie des sociétés athées montantes, actuellement ou éventuellement persécutrices des chrétiens?

Face à ces «signes» troublants des temps, que savent reconnaître ceux qui ont des yeux pour voir, faut-il sonner l’alarme? Benoît XVI, quant à lui, se fait surtout rassurant. «Les paroles de Jésus, a-t-il commenté lors de l’angélus du dimanche, 18 novembre 2007, invitent les disciples à ne pas avoir peur mais à affronter les difficultés, les incompréhensions et même les persécutions avec confiance, en persévérant dans la foi.»

Pas de panique, donc! Plutôt, de la prière! «L’Église vit depuis le début dans l’attente priante du retour du Seigneur, en scrutant les signes des temps et en mettant les fidèles en garde contre les messianismes récurrents, qui, de temps en temps, annoncent la fin du monde comme imminente».

Voilà qui est clair! La fin du monde, ce n’est pas pour demain. Ceux qui l’annoncent comme imminente sont assimilés au messianisme, une doctrine déviante qui a fait de bien tristes rejetons dans l’Histoire, depuis le régime nazi d’Hitler jusqu’à la secte suicidée de Jim Jones en passant par les régimes communistes athées.

D’ailleurs, y aura-t-il une fin du monde dans le sens où on l’entend le plus souvent, celui de la destruction de la création tout entière? Est-il croyable que Dieu en vienne un jour à détruire l’univers en raison du péché sur notre planète Terre? La fin du monde ne peut pas vouloir dire la fin de l’univers! Ce n’est pas le genre de Dieu de se rétracter en défaisant son œuvre.

Certains prophètes modernes, conscients de l’invraisemblance du concept traditionnel, parlent plutôt de la fin d’un monde (monde comme dans mondain). Soit, la fin de la civilisation parvenue à l’heure de la mondialisation. Voilà qui est à la fois plus proche et plus crédible.

Bien que cette civilisation mondiale, dans sa folie, s’estime toute-puissante et éternelle, elle devra un jour, et tant mieux si c’est bientôt, frapper son Waterloo. Ce jour-là, tous les enfants de Dieu auront de quoi se réjouir en raison de l’émergence d’un «monde nouveau» et non de quoi pleurer sur le sort réservé à l’impiété. «Car l’ancien monde s’en est allé… de pleur, de cri et de peine, il n’y en aura plus» (Ap 21, 4).

Quoi qu’il en soit, la suite du prêche de Benoît XVI fait clairement allusion à cette interprétation. «En réalité, l’histoire, qui comprend aussi des drames humains et des calamités naturelles, doit suivre son cours. En elle se développe un dessein de salut auquel le Christ a déjà conféré son achèvement par son incarnation, sa mort et sa résurrection. Ce mystère, l’Église continue à l’annoncer et à le mettre en œuvre par la prédication, la célébration des sacrements et le témoignage de la charité.»

Et le Saint-Père d’inviter frères et sœurs dans la foi, «à affronter les événements quotidiens» en se confiant à l’amour de la Providence. «Ne craignons pas pour l’avenir, même lorsqu’il peut nous sembler sombre, parce que le Dieu de Jésus Christ, qui a assumé l’histoire pour l’ouvrir à son accomplissement transcendant, en est l’Alpha et l’Oméga, le Principe et la Fin. Il nous garantit que dans tout acte d’amour, petit mais authentique, il y a tout le sens de l’univers, et que celui qui n’hésite pas à perdre sa vie pour Lui la retrouve en plénitude» (Mt 16, 25).

Foi et raison: des «amis»

On le constate, les spéculations apocalyptiques sur le retour (proche?) de Jésus ne semblent guère captiver Benoît XVI. Par contre, il se passionne toujours à propos du rapport entre foi et raison. On se souvient que c’était le thème du célèbre discours de Ratisbonne qui a mis le feu aux poudres islamiques.

Toujours est-il que le pape a récemment resservi son propos dans un contexte moins explosif, plus serein. À l’occasion d’une audience accordée à quelque 120 étudiants délégués de la Fédération universitaire catholique italienne (FUCI) le 9 novembre, il a évoqué la «possible amitié» entre l’intelligence et la foi «qui comporte l’effort incessant de conjuguer la maturation dans la foi avec la croissance dans l’étude et l’acquisition du savoir scientifique.

«Pourquoi penser, a-t-il demandé, que celui ou celle qui a la foi doive renoncer à la recherche libre de la vérité, et que qui cherche librement la vérité doive renoncer à la foi?»

L’érudit théologien devenu pape estime que la connaissance intellectuelle représente «une occasion providentielle pour avancer sur le chemin de la foi, parce que l’intelligence bien cultivée ouvre le cœur de l’homme à l’écoute de la voix de Dieu en montrant l’importance du discernement et de l’humilité».

Il ne se leurre pas toutefois sur les difficultés de la démarche du chrétien dans le contexte de la «course souvent effrénée» dans la société actuelle «au paraître et à l’avoir aux dépens de l’être».

«Aujourd’hui comme dans le passé, qui veut être disciple du Christ est appelé à aller à contre-courant, à ne pas se laisser attirer par les appels intéressés et persuasifs venant de différentes chaires ou l’on propage activement des attitudes marquées par l’arrogance et la violence, par l’abus de pouvoir et par la conquête du succès à tout prix.»

Article publié dans Le NIC, 9 décembre 2007

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