Recherche par date
avril 2024
D L M M J V S
 123456
78910111213
14151617181920
21222324252627
282930  
Archives
Le médecin légiste Philippe Charlier s’est appuyé sur les techniques de reconstitution médico-légale pour redonner un visage à la pécheresse repentie.

Sylvain Dorient

C’est un visage fin de méditerranéenne, une dame entre deux âges, belle, avec des pommettes seyantes et de cheveux sombres. Cette Marie-Madeleine, telle qu’elle a été révélée par le professeur Philippe Charlier le 8 septembre, à l’occasion du septième congrès international de pathographie, correspond à l’image que la tradition a tirée des Évangiles. Pour réaliser cette reconstitution, il a dirigé une équipe d’une dizaine de chercheurs de l’université de Versailles.

ANNE-CHRISTINE POUJOULAT I AFP

Ils se sont fondés sur une relique vénérée en la basilique Sainte-Marie-Madeleine de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume (Var). Il s’agit du crâne supposé de la sainte, enchâssé dans un reliquaire. Selon une tradition, mise par écrit notamment par le chroniqueur italien Jacques de Voragine au XIIIe siècle, elle aurait fui les persécutions en Palestine pour parvenir jusqu’en Provence.

Elle aurait été accompagnée de plusieurs disciples, parmi lesquels Lazare, et prêché à Marseille, avant de se retirer pour vivre en ermite dans une grotte.

Une relique à la lumière de la science médico-légale

Le crâne n’a pas été sorti de son reliquaire, mais photographié 400 fois, afin que les chercheurs soient à même d’en faire une reconstitution en trois dimensions. Ils ont ensuite ajouté, à la surface de l’os, des épaisseurs de muscles, de tissus adipeux, autrement dit de la masse grasse, et de la peau correspondant à une anatomie standard.

« C’est comme si l’on faisait une reconstitution du visage d’un squelette X, retrouvé en forêt », explique le médecin légiste Philippe Charlier.

Ce n’est pas la première fois que Philippe Charlier applique la médecine légale aux grands noms de l’Histoire. Connu du grand public pour ses apparitions au côté de Stéphane Bern dans l’émission Secrets d’Histoire, il a réalisé un double numérique du crâne d’Henri IV, a analysé les restes de Richard Cœur de Lion, de Diane de Poitier…

Au terme d’une enquête sur les ossements d’Agnès Sorel, la maîtresse de Charles VII, il avait démontré qu’elle avait succombé à un empoisonnement au mercure. Une autre enquête, sur les restes présumés de Jeanne d’Arc, lui a permis d’établir qu’ils n’avaient rien à voir avec la Pucelle, mais plutôt avec une momie égyptienne !

Concernant la relique présumée de la disciple du Christ, qu’il a étudiée pendant un an, le médecin assure ne pas avoir de certitude : « Il est extrêmement difficile d’affirmer l’authenticité de la relique. Ce n’est pas comme pour d’autres figures historiques, par exemple du XVIIe siècle, dont on a des portraits, la descendance, etc. »

Mais une série de nouveaux examens, notamment des cheveux de la sainte, pourraient éclaircir cette question. Ils vont subir un test ADN et être confrontés à un examen au carbone 14, ce qui permettra de déterminer si leur datation et leur origine ethnique sont conformes aux Évangiles.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *