Recherche par date
mars 2024
D L M M J V S
 12
3456789
10111213141516
17181920212223
24252627282930
31  
Archives
Catholique et protestant Nord-Irlandais, Michael McCauley et Sammy Larmour sont devenenus amis lors de la bataille de Dunkerque racontée dans le dernier film de Christopher Nolan.

Kévin Boucaud-Victoire

Dunkerque, le dernier film de Christopher Nolan qui narre la célèbre bataille qui a opposé Français et Anglais d’un côté et Allemands de l’autre en mai 1940, est pour certains plus que l’occasion de se remémorer un événement historique. Le site irlandais The Irish News raconte la naissance d’une amitié très profonde entre un catholique et un protestant, dans un pays où les deux communautés religieuses se sont déchirées. C’est Derek McCauley qui a contacté le média pour leur raconter l’histoire de son père, Michael McCauley, ou « Mack » pour ses amis.

Ann Ronan Picture Library / Photo12
Bataille de Dunkerque en 1940.Partager 37

Catholique originaire du quartier de Bogside à Derry, le Nord-Irlandais a 18 ans en 1914, quand éclate la Première Guerre mondiale. Il est alors enrôlé dans l’armée en tant que soldat, tandis que son frère cadet, Hubert, le suit, mais comme médecin.

Quinze ans plus tard, la Seconde Guerre mondiale éclate et les deux frères s’engagent à nouveau. Pourtant, entre temps, 26 des 32 comtés naturels qui forment l’Irlande ont pris leur indépendance. Si les six autres, qui constituent l’Irlande du Nord, sont restés au Royaume-Uni, la situation n’en est pas moins tendue.

« Ce qui se passait ici n’avait pas vraiment d’importance par rapport à ce qui se passait là-bas, c’était un combat très différent », explique Derek. En mai 1940, Mack se retrouve sur les plages de Dunkerque. Il évacue les blessés, tandis que l’armée allemande approche.

Parmi eux, se trouve un certain Sammy Larmour, soldat de confession protestante originaire du quartier de Fountain Estate à Derry. Les deux hommes combattent ensemble après l’évacuation de Dunkerque. Mack quitte cependant temporairement le front pour aller au chevet de Colm, son fils aîné, qui est atteint d’une leucémie, qui finit par le terrasser.

Un crucifix comme symbole d’une amitié

Après ce triste épisode, Mack retourne au front. À son retour chez lui, après la guerre, deux officiers de la police royale de l’Ulster, force en charge du maintien de l’ordre dans la province, dont le recrutement est essentiellement protestant, exige de voir son permis de résident officiel.

« La seule fois où je suis sorti d’Irlande du Nord était lorsque je servais dans l’armée de Terre. Je ne comprends pas pourquoi je devrais exiger un permis de séjour. Je suis citoyen de ce pays et je n’ai certainement pas l’intention de prendre un permis de séjour à moins que la loi ne m’oblige à le faire », aurait alors répondu l’ancien soldat, qui obtient gain de cause.

Mais l’épisode le plus marquant est celui de la visite de Sammy Larmour. Revenu à Derry un peu après, il se rend chez la famille McCauley. Il n’y trouve malheureusement pas Mack, qui travaille alors à la boulangerie locale. Il donne alors à la femme du catholique un présent à remettre à son ancien compagnon de guerre : un crucifix en forme de bénitier qu’il a trouvé parmi les décombres d’une petite ville française avant de rentrer.

Ce cadeau va alors symboliser leur amitié, qui restera forte par la suite et ce malgré le conflit armé qui éclate en 1966 et qui oppose républicains et nationalistes, principalement catholiques, et loyaliste et unionistes, généralement protestants.

À ce jour, le crucifix reste accroché à la porte d’entrée du domicile de Derek à Bogside. Une preuve pour le Nord-Irlandais que les conflits auraient pu être évités.

« Mon père avait toujours l’habitude de dire : “Si tous ces gens fanatiques d’ici venaient voir les choses que nous avons vues en Normandie, ils se rendraient compte qu’il y a plus qui nous rapproche que là-bas qui nous divise”. »

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *